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C'est jeudi, c'est poésie

L'homme et la mer

 

Homme libre, toujours tu chériras la mer !

La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme

Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

 

 

Charles Baudelaire

C'est jeudi, c'est poésie

David Caspar Friedrich "Monk by the Sea", 1809.

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G
... Je vais vous raconter une anecdote que Ramakrishna aimait à dire.<br /> <br /> C’était un jour de grande fête au bord de la mer, sur la plage. Des milliers de personnes étaient rassemblées et, soudain, elles sont toutes devenues absorbées par une question : la mer est-elle mesurable ; y a-t-il un fond ; est-il possible de la sonder ?<br /> <br /> Par hasard, un homme entièrement fait de sel était également présent. Il dit : &quot; Vous ne faites rien d’autre que discuter ; je vais plonger dans l’océan et je saurais, car comment peut-on savoir si on ne va pas en lui ? &quot;<br /> <br /> Alors, l’homme de sel plongea dans l’océan. Les heures passèrent, les jours passèrent, puis des mois passèrent, et les gens commençaient à rentrer chez eux. Ils avaient attendu assez longtemps, et l’homme de sel ne revenait pas.<br /> <br /> L’homme de sel, au moment où il est entré dans l’océan, a commencé à fondre, et au moment où il a atteint le fond, il n’existait plus. Il connaissait la réponse — mais il ne pouvait plus revenir. Et ceux qui ne la connaissait pas, ils en débattaient des heures entières. Ils étaient peut-être arrivés à quelques conclusions, parce que le mental aime arriver à des conclusions.<br /> <br /> Une fois arrivé à une conclusion, le mental se sent à l’aise — c’est pourquoi tant de philosophies existent. Toutes les philosophies existent pour répondre à un besoin : le mental questionne et ne peut pas rester avec la question — il est mal à l’aise. Rester avec la question est gênant. Une réponse est nécessaire — même si elle est fausse, elle suffit ; le mental est calmé.<br /> <br /> Plonger dans la mer est dangereux. Et n’oubliez pas, Ramakrishna dit vrai : nous sommes tous des hommes de sel face à l’océan — l’océan de la vie et de la mort. Nous sommes des hommes de sel, nous allons fondre en lui, parce que nous en sommes issus. Nous sommes faits par lui, de lui. Nous allons fondre !<br /> <br /> Le mental est toujours peur d’aller dans l’océan ; il est fait de sel, il est destiné à se dissoudre. Il a peur, il reste sur le rivage, discutant de différentes choses, débattant, argumentant, créant toutes sortes de théories : toutes fausses — parce qu’elles sont fondées sur la peur. Un homme courageux plonge ; il refuse d’accepter une réponse qui n’est pas connue par lui-même.<br /> <br /> Nous sommes poltrons, c’est pourquoi nous acceptons la réponse de quelqu’un d’autre : Mahavira, Bouddha, le Christ — nous acceptons leurs réponses. Leurs réponses ne peuvent pas être nos réponses. La connaissance d’une autre personne ne peut être la vôtre — ils sont peut-être arrivés à la connaissance, mais leur connaissance est juste de l’information pour vous.<br /> <br /> Vous devrez connaître par vous-même. Ce sera votre connaissance uniquement lorsque cela viendra de vous. Sinon, cela ne vous donnera pas des ailes. Au contraire, cela sera accroché à votre cou comme des pierres, vous deviendrez esclave. Vous ne pourrez pas parvenir à la libération, vous ne serez pas libéré par cela.<br /> <br /> Osho<br /> And the flowers showered, chap 5
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P
Très beau. Merci.