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C'est jeudi, c'est poésie.

 

Je cherche un petit bois touffu,

Que vous portez, Aminthe,
Qui couvre, s’il n’est pas tondu
Un gentil labyrinthe.
Tous les mois, on voit quelques fleurs
Colorer le rivage ;
Laissez-moi verser quelques pleurs
Dans ce joli bocage.

 

– Allez, monsieur, portez vos pleurs

Sur un autre rivage ;
Vous pourriez bien gâter les fleurs
De mon joli bocage ;
Car, si vous pleuriez tout de bon,
Des pleurs comme les vôtres
Pourraient, dans une autre saison,
M’en faire verser d’autres.

C'est jeudi, c'est poésie.

– Quoi ! vous craignez l’évènement
De l’amoureux mystère ;
Vous ne savez donc pas comment
On agit à Cythère ;
L’amant, modérant sa raison,
Dans cette aimable guerre,
Sait bien arroser la gazon
Sans imbiber la terre.

 

– Je voudrais bien, mon cher amant,

Hasarder pour vous plaire ;
Mais dans ce fortuné moment
On ne se connait guère.
L’amour maîtrisant vos désirs,
Vous ne seriez plus maître
De retrancher de nos plaisirs
Ce qui vous donna l’être.

 

"Polissonnerie", Voltaire (et "Nu couché", encre sur papier de 1952 ou 53 de Nicolas de Staël parce qu'on ne se fout pas de vous au niveau de la qualité sur Après La Pub).

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