24 Novembre 2016
Elle donnait des cours d'aérobic les lundis, mercredis et vendredis
je passais
j'en fumais une en la regardant
elle et les autres derrière la vitre
bondir - danser
se muscler
j'avais le même corps que Martha
la souplesse en moins
la sueur en plus
et quinze kilos de gras en trop
mais
on passait des heures au lit et je n'en avais jamais assez
une salope déjantée c'est ça qui m'excitait
elle collectionnait les PV pour excès de vitesse et trichait sur son
compte-chèques
devait de l'argent à tout le monde
foutrait la merde au cinéma et au restaurant elle hurlait aux gens de
se taire et l'instant d'après pleurait parce que le goût du gâteau à la carotte
la faisait craquer
Moi je vendais de l'informatique par téléphone pour soutenir son
train de vie
disquettes et outils bureautiques par douzaines
je buvais toute la nuit comme un chien baveux
je dépensais à tort et à travers et mes nerfs lâchaient sous la
pression
jusqu'à
ce lundi
où Martha la brune a fichu le camp - valises et tout
le mot disait : "je te rappelle, Danny-boy. Je vais habiter à Bakersfield
chez ma sœur et ses enfants", encore un mensonge, un
de plus
Ainsi finit l'histoire avec la fille la plus sexy que j'aie connue
jusqu'à ce qu'elle revienne
et foute ma vie en l'air pour toujours
"4 - 9 - 94", poème de Dan Fante, décédé il y a un an et un jour, tiré du recueil "De l'alcool dur et du génie". Feu 13e Note Éditions.