23 Février 2017
Bon, l'image de la poésie de la semaine dernière m'ayant valu 10 jours de bannissement sur Facebook (ainsi que quelques jours à certains de mes lecteurs qui l'avait partagé et j'en suis bien désolé pour vous), on va faire sobre aujourd'hui. Souhaitons que l'image du jour passe à travers les fourches caudines Zuckerbergiennes mais normalement, ça devrait aller puisqu'elle est téton free (le téton, cette arme dangereuse et mortelle).
L'AMOUR
Mais qu'as-tu ? Qu'avons-nous ?
Que nous arrive-t-il ?
Ah ! Notre amour est une corde dure
qui nous amarre et qui nous blesse
et qui, si nous cherchons
à sortir de notre blessure,
à nous détacher l'un de l'autre,
ajoute un nouveau nœud et nous condamne
à perdre notre sang et à brûler ensemble.
Qu'as-tu ? Je te regarde
et je ne trouve en toi rien d'autre que deux yeux
pareils à tous les yeux, une bouche
perdue entre mille bouches plus belles que j'ai embrassées,
un corps en tout semblable à ceux qui ont glissé
sous mon corps sans laisser trace de souvenir
Et comme tu allais vide à travers le monde
telle une jarre couleur de blé
n'ayant air ni son ni substance !
C'est en vain qu'en toi j'ai cherché
la profondeur pour mes deux bras
qui creusent sans fin, sous la terre :
sous ta peau, sous tes yeux
rien
sous les deux courbes fermes de tes seins
à peine
un courant d'ordre cristallin
qui ne sait pas pourquoi il court et chante.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
ah ! mon amour, pourquoi ?
Pablo Neruda in Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée (édition Gallimard Poésie).