29 Juin 2017
Bon, je dois avoir vraiment la cote
vu que je suis de retour cette semaine à Paris
pour une interview télé puis une autre avec un mec
de Libé
En plus
cette nana qui m'envoie des e-mails brûlants depuis
un an
en me questionnant sur la poésie et mon père et
l'écriture
et ci et ça... m'appelle chez mon pote
et propose
qu'on prenne un verre
Je ne l'ai encore jamais vue
mais quand je débarque au bistrot
pas d'erreur possible
elle a vingt-neuf balais un jean moulant
des chaussures roses
à talons
et pas de soutif
ses mamelons pointent pointent pointent contre les
poches de son chemisier de soie noir
entrouvert
Là-dessus
on passe l'après-midi transpirer ensemble
à se jeter l'un sur l'autre comme deux clebs
insatiables
et à s'entredévorer les organes
Le soir
seul dans ma piaule
après avoir sorti mes sous de ma poche de pantalon
je calcule à la louche qu'en fin de mois
une fois rentré à L.A il me restera au maximum
75 ou 80 billets verts
plus un peu de mitraille
- sans parler des deux cent dollars croupissant
au fond de mon malheureux
compte courant
Et là
évidemment
faudra payer le loyer
et
tous les autres trucs
- et je me surprends à rêver d'un nouveau plan de
carrière
Pourquoi pas me remettre à vendre des bagnoles
ou intégrer le pool de télémarketing d'une boîte
de fournitures de bureau
à Hollywood ?
Histoire
de garder un toit au dessus de ma tête
Ah la gloire !
Tu parles d'une salope
Dan Fante, "Une cote d'enfer"
in "Bons baisers de la grosse barmaid" aux éditions Point Poésie.