24 Mai 2012
... Depuis le retrait de Shark Ozzie dans la réserve des Marakshee, le calme était revenu à Chihuahuan. Mais sous 50° à l'ombre, les esprits s'échauffaient vite. Ainsi, Klaus Gayhand, le desperado onaniste d'origine germanique (voir ici Et Viva la Collusion !) était de retour en ville pour aider son ami PC Baghate, maire de Bologna, une petite bourgade dans les faubourgs de Chihuahuan qui allait devenir célèbre pour sa sauce faite de viande, d'oignons, d'ail, de basilic, de laurier, d'origan et de sauce tomate. PC Baghate voulait désigner Klaus Gayhand comme Deputy-Sheriff de Bologna alors qu'au vu de sa sulfureuse réputation de desperado et surtout d'onaniste, personne ne souhaitait vraiment lui serrer la main. Surtout pas Teddie Solerr, régional de l'étape qui voyait là une excellente occasion de se faire mousser. Et comme il n'avait pas pris de bain depuis deux ans, ça tombait bien.
Dès l'instant où Klaus Gayhand aperçut Teddy Solerr, les mouches s'arrêtèrent de voler, les crotales détalèrent, les coyotes se turent, les Bolognais se calfeutrèrent et comme par magie, le son lancinant d'un harmonica se fit entendre car tout de même, on est dans un western. Face à face, les deux adversaires se toisèrent avec dédain. Et leurs deux yeux chacun.
Harmonica.
Harmonica (suite).
Harmonica (fin).
Teddy Solerr dégaîna le premier. "Alors comme ça, tu veux être Deputy-Sheriff de Bologna mais tu ne connais même pas El Rancho, le meilleur du pire des restaurants de la ville ! Moi, j'y ai une carte de fidélité. On m'appelle Señor Teddy là-bas et j'y mange des chips ! Oui, des chips ! Et avec du guacamole.", lança-t-il avant un rire sardonique du meilleur effet. Pour Klaus Gayhand, le coup était rude. C'est vrai, il n'avait jamais goûté les immondes spécialités d'El Rancho. Un point pour Teddy. Il répliqua aussitôt : " Sauf que moi, j'habite Bologna. Et depuis 5 ans, même que, alors. Je peux le prouver. Et toi ?". Pris à froid, Teddy Solerr chancela. Klaus avait touché un point sensible. Bien qu'il s'en défende, Teddy n'habitait plus Bologna depuis Belle Lurette, une accorte danseuse qu'il avait rencontré au K, un des saloons de la ville. Depuis, il s'était installé chez elle un peu plus loin dans les Eevelyn Mountains.
Il était fourbe le Klaus Gayhand. Toujours une carte dans sa manche et en général, c'était un as. La carte, pas Klaus car lui était plus un naze qu'un as. "On verra bien ce que diront les Bolognais et les Bolognaises", rétorqua Teddy Solerr, "Moi, je suis Bolognais, je voterai Bolognais. Et ils sont tous derrière moi". Klaus Gayhand le prit pour argent comptant, se pencha sur le côté et ne vit pas grand monde derrière Teddy. "Moi, c'est Shark Ozzie qui m'envoie alors dégage. Si tu votes Bolognais, vote pas niais. Vote pour moi. Aha." Un argument massue, un vrai programme de campagne.
"Rendez-vous en juin", répliqua Teddy Solerr, "tu sais où me trouver, je serai à El Rancho pour tester la nouvelle formule à 2 dollars 80 avec nachos et tequila à gogo". Toutes dents devant, regard bleu métal comme un ciel d'été au dessus de Berchtesgaden, charmante petite bourgade des Alpes Bavaroises d'où il était originaire, Klaus Gayhand enclencha la démultipliée : "C'est moi la nouvelle formule ! Je suis une Formule 1 !". Les grand prix d'automobile n'existant pas encore à l'époque, personne ne comprit. Rangeant de rage son Luger, Klaus Gayhand regarda Teddy Solerr s'éloigner, saluant quelques Bolognais qui pointaient à nouveau le bout de leur nez après l'orage. La partie n'allait pas être facile pour Klaus. Un duel au soleil, au sommet, au couteau, au finish, un mano à mano, un tête à tête, un corps-à-corps, que le début d'accord, d'accord. En son for intérieur, Klaus Rudolph Heinrich Gayhand von Effenfreund III, son nom complet, se remémora l'ancestrale devise familiale : "Das ist Schön. Das ist Gut. Das ist Boch". C'est Beau. C'est Bon. C'est Boche.