6 Avril 2017
Attention, le poème de la semaine pique un peu. Si vous êtes légèrement bigot(e), membre de Sens Commun ou du comité de défense de la position du missionnaire en pensant à Yvonne de Gaulle, le tout en deux minutes chrono douche comprise, ne lisez pas les lignes ci-dessous ou vous serez damné(e) au moins toute l'éternité.
La première nuit qu'on s'est envoyé en l'air
dans cet hôtel bruyant
de Milan
brusquement impatients de se baiser et de se bouffer
ça été pour moi
un délirant tremblement de terre
d'anniversaire
Largement ouverte sous ma langue
ta chatte et ton trou du cul avaient un délicieux goût
de propre
Dans le couloir
les foutues portes n'arrêtaient pas de claquer ni la
machine
à glaçons de gronder ni les gens de tchatcher devant
l'ascenseur
et le bazar posé sur la table de nuit s'est mis à valser
partout
Rien n'aurait pu nous arrêter
Pendant douze heures nos souffles ont
bruissé à l'unisson
Et quand je te murmurais des choses comme
"Retourne-toi" ou "ça fait pas mal ?" ou
"lèche-moi là" ou
"je peux te gicler dans la bouche ?"
tu répondais en italien avec tes yeux noirs
Méditerranée en feu
"Fais-le moi fais-le - fais tout ce que tu veux"
Je le savais
deux mille ans d'histoire de Rome et tous les morts
et les saints et les fous martyrisés venaient de
converger
pour moi
vers cette chambre
dans ton sourire
Et je me disais
putain de Christ tout-puissant
accorde-moi de mourir ici
au sein de ce sortilège
cette explosion de nous deux
ce brusque débarquement d'une perfection
imméritée
où les vacillants volcans du ciel et de la terre
vocifèrent en vomissant
tout ensemble
amour
et
mort
pou toi et moi
Et rien de ce que j'éprouverai encore
ne sera jamais... ne pourrait
surpasser ça
d'un
iota
ce toi et moi
Dan Fante - Pour Anna - in Bons baisers de la grosse barmaid
(édition Points ou 13e Note).
Et pour la première rencontre avec Anna, c'est par là : c-est-jeudi-c-est-poesie-1