9 Novembre 2022
Voilà, c’est fini (non, tais-toi Jean-Louis, c’est déjà assez difficile comme ça) et jamais je n’aurai pu imaginer qu’un jour, ce serait le cas. Après avoir supporté (de la seule bonne utilisation de ce verbe) le départ de Canal +, meilleur actionnaire de l’histoire du club, après avoir déploré l’arrivée successive de sacrés incapables à la suite (coucou Charles Bietry, Laurent Perpère, Sébastien Bazin), après avoir traversé l’ignoble guerre Boulogne-Auteuil qui se termina dans le sang, après le plan Leproux nécessaire sur le fond, mais si destructeur dans la forme et 10 ans après l’arrivée du richissime Qatar au fonds souverain inépuisable, après avoir vu le Parc se transformer en Disneyland pour touristes, me voici arrivé au bout de la piste, tel Mike Steve Blueberry, mais sans le cheval ni les cactus et les serpents à sonnette.
C'est un sentiment étrange et pénétrant, forcément, que celui-ci. Le PSG, mon PSG, ne me fait plus ni chaud ni froid, à peine tiède. Ce club que j'ai soutenu contre vents et marées, pour qui j'ai crié, vibré, applaudi, même par grand froid, même pour des matchs de merde, même en sachant qu'on le prendrait ce but à la con à la 85e, même pendant la crise de novembre, le coup de mou de mars, la joie ou le dépit de mai (remember Rotterdam), ce club qui est tant dans ma vie n'est soudain plus cette évidence, cette nécessité.
Quand l'amour se heurte à la réalité, ça fait mal, ça déchire mais peu à peu, la douleur a laissé place à une lassitude. Il y a quelque chose de pourri au royaume du PSG mais ni moi ni personne ne pouvons y remédier. Le Qatar, son soft-power qui pue la mort, les superstars plus grandes que le club, les errements successifs, la perte de sens, de valeurs, ça suffit.
J'aime le PSG depuis plus de 40 ans mais je l'aime moins que le football et ses valeurs universelles, celles d'un sport d'équipe où l'on n'est rien sans l'autre, où on ne peut rien réaliser sans l'autre. Cette perfection collective qu'en connaisseur de football, on voit naître dans un coin du terrain, se développer par petites touches, s'amplifier, se simplifier pour accoucher d'une évidences en forme de ballon au fond de filets : tous ensemble, on peut y arriver. Il n'y a rien de plus beau à part peut-être le sourire de Claudia Cardinale. Mais c'est un autre débat.
C'est un grondement qui tonne en moi depuis deux ou trois ans mais il ne peut plus tenir, il doit sortir. Le PSG version Qatar est une immense page de pub depuis dix ans. C'est tout. Pas du football. Pas de la passion. Pas de l'investissement (rappel : le fonds souverain du Qatar, c'est 320... milliards). C'est de la pub. De la pub pour un pays indigne et la plus indécente (malgré l'Argentine et la Russie) et la plus vérolée des coupes du monde de l'histoire du foot. Et mon club, notre club n'est que le volet RP de ça depuis dix ans.
Je ne suis plus de ce monde qui pense qu'on aurait pu gagner la finale de l'année dernière, qu'il y a un #CheminDuRoi alors que tout succès ne peut être que collectif, qu'il y a des GOATS plus GOATS que d'autres GOATS. I'm too old for that shit. Je ne veux plus cautionner un actionnaire arriéré, sexiste, homophobe, raciste, esclavagiste et financier du terrorisme. Je ne veux plus cautionner une page de pub pour la plus ignoble Coupe du monde de l'histoire. 6500 esclaves morts, des cadavres par centaines qui reviennent sans explications (lire l'article de SoFoot), des stades climatisés en plein désert, des vols (plus de 110 par jour) à l'heure d'un climat déjà détraqué, des influenceurs invités avec CB à leur nom, des spectateurs gratuits par charters pour remplir les stades, des joueurs et des personnalités espionnées, des dirigeants qui refusent des fonds d'indemnisation pour les victimes, qui annoncent par un de leur porte-parole que l'homosexualité est un "dommage mental". Je ne peux plus. Je ne dois plus, en tant qu'humain respectueux des droits des autres. Je ne veux plus. Et le PSG est le sommet de cet iceberg de détritus. Le PSG est la caution de ces immondices. Le PSG n'est plus un club. C'est un micro grand ouvert qui hurle, c'est une scène pleine de sang. C'est trop pour moi, malgré mon amour pour ce club.
Si jamais le PSG gagne la Champions League, je serai content pour eux mais ce n'est plus un "pour nous", pour moi. Jusqu'au départ du Qatar. Et allez Paris. Paris est magique. Et le deviendra, avec ou sans moi.