... Mais que fait donc Denise Donders Après la pub ? Après la Pub, quand elle ne s'occupe pas de son jardin, Denise
lit. Du Brautigan, du Kennedy et plein d'autres aussi. Ce qui lui donne des idées, comme de devenir éditeur ou éditrice, c'est selon. Pour ceux qui ne l'auraient pas côtoyé chez RSCG, Denise fut
LA grande prêtresse de la radio en France pendant une bonne vingtaine d'années, adulée par Séguela, adoubée unanimement par toute la profession au point de mériter le surnom de "Godard de la
Radio". Si je suis aussi pointilleux sur le placement de mes virgules, si je cherche des synonymes alambiqués plutôt que de mettre le premier mot bête qui me passe par la tête, si j'aime le
rythme dans une phrase pour qu'elle tombe à point nommé et qu'elle file comme Tornado au galop, c'est en grande partie grâce à elle. Quand je suis arrivé dans ma première agence, Denise m'a prise
sous son aile. Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais toujours pas.
Elle m'a fait aimer l'écriture, le son et m'a démontré que la radio pouvait être un média aussi intéressant que les autres. J'ai passé des heures et des heures dans son bureau enfumé, car on
avait encore le droit de fumer en agence à l'époque, à triturer mes textes radiophoniques pour qu'ils obtiennent enfin son feu vert. Elle m'a fait apprécier la nuance, le silence et même le
silence après la nuance. Ses colères homériques étaient retentissantes et sans elle, je n'aurai jamais cherché à mettre "homériques" à la place de du classique et un peu facile "légendaires" dans
cette phrase. Mais c'est un exemple. Dans la radio française, Denise faisait la pluie et le beau temps, était crainte et admirée de la majorité des ingénieurs du son, des réalisateurs et des
comédiens de la place de Paris. Denise était à la radio ce que Erik Vervroegen est au ghost couleur chair : un summum. Non, je déconne Erik, pas taper. Désormais, ce n'est plus à moi que Denise
fait les gros yeux avec ses toutes nouvelles lunettes orange très stylées, c'est à ma fille. Et en plus, elle arrive avec des macarons tous ronds, comme les billes de ses yeux qui brûlent
toujours du même feu. Un feu sacré. Comme son caractère.