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Walker ni Texas ni Ranger



... De 1938 à 1941, Walker Evans (dont je vous ai déjà parlé ici :  Walker Evans et son Amérique à lui ) avait l'habitude pas fâcheuse du tout de se balader dans le métro de New-York, un Contax caché sous sa veste. Cet appareil était doté d'un câble souple qui courait le long de sa manche avec un déclencheur. Il pouvait ainsi photographier sans être vu. La plupart du temps, il travaillait de nuit avec une vitesse d'obturation lente, le diaphragme grand ouvert du fait du peu de lumière ambiante. Souvent, Evans déclenchait au jugé et toujours à l'insu des sujets. Voici une série de ses photographies, recadrée par ses soins en portraits et si l'image n'est pas droite, c'est que je n'ai pas de scanner. Donc j'ai photographié des pages de l'excellent livre "Walker Evans, la soif du regard" dont sont extraits la plupart des textes de cet article mais ce n'est pas facile de photographier et de faire se tenir droite une page qui ne demande qu'à se refermer à nouveau. Grr.






Cette réflexion sur le portrait en tant que genre, Walker Evans la désirait la plus pure possible. "Un portrait doit montrer le sujet tel qu'il est, sans préparation, de la même façon que dans mon style documentaire, je veux les choses telles qu'elles sont. Je voulais être capable d'affirmer pleinement que quatre-vingt-deux personnes sont venues, sans en avoir conscience, se placer devant un appareil enregistreur fixe et impersonnel, durant un laps de temps donné, et que tous ces individus inscrits dans la fenêtre du film ont été photographiés sans qu'entre en jeu, au moment du déclic, la moindre intervention humaine". Ce travail fit l'objet d'un livre en 1966 sous le titre biblique "Many are called", titre trouvé par James Agee, grand romancier américain qui gagna le Prix Pulitzer en 1958, c'est pas de la merde quand même. Agee et Evans avaient collaboré en 1936 lors d'un reportage sur les Blancs pauvres de l'Alabama. Pendant six semaines, Agee et Evans côtoyèrent trois familles de métayers misérables. Le texte que propose Agee à son commanditaire, dès son retour à New-York, est refusé. Il deviendra finalement un livre parfaitement inclassable, cri d'indignation et de colère en faveur de ces victimes de la Grande Dépression, publié en 1940 sous le titre  
Louons maintenant les grands hommes auquel Walker Evans collabora également avec une trentaine d'images. Un peu de culture supplémentaire ne nuisant pas, j'en remets donc une couche.





Au début des années 40, l'idée d'"enregistrement pur" était si éloignée des préoccupations de la photographie américaine qu'Evans attendit plus de 20 ans pour montrer ces images. Par peur également des possibles poursuites judiciaires qu'entraînerait la publication de ces portraits, sans autorisations des modèles.






La fascination qu'éprouve Evans pour l'objet banal se retrouve ici dans la banalité des visages anonymes. Et comme j'aime Walker Evans et qu'en plus, j'ai pris le métro récemment pour divers trajets dans Paris, j'ai joué le Walker Evans à ma manière. Mon appareil étant vraiment trop gros pour le cacher sous une veste (en et plus, il faisait très chaud, ça aurait fait louche), je l'avais juste posé sur mon genou, en tentant de cadrer mes sujets sans qu'ils ne s'en rendent compte. Si d'ailleurs, vous atterrissez sur ce blog et que vous vous reconnaissez sur ces photos, chose assez improbable mais bon, ou si l'une de ces images gène qui que ce soit, je la retirerai immédiatement sur simple demande (en trois exemplaires à la Préfecture des Hauts de Seine, le cachet de la Poste faisant foi).


























Pour voir le reste de la série et d'autres photos, le plus simple, c'est Flickr et c'est ici : 
link
C'est tout mais c'est déjà bien pour un samedi.
 
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