5 Mars 2018
... Éternel bourlingueur jusqu'aux coins les plus reculés de la planète (si tant est qu'une sphère puisse avoir des coins), Stephan Gladieu est de retour. Et il est content. On peut donc en déduire que Stephan Gladieu n'est pas Rambo II et c'est déjà une bonne nouvelle. Hormis le fait que Stephan est un ami, il est avant tout un photographe de très grand talent avec une sensibilité humaine exceptionnelle et c'est pour ça, entre autres, que je l'avais exposé à la galerie SHAG. Stephan revient avec une sublime série sur les descendants des Hereros, ethnie namibienne qui n'a rien à voir avec le Daniel barbu à l'accent chantant qui jouait au rrrrugueby. Le destin des Hereros est bien plus funeste qu'un drop de dernière minute.
Les Hereros subirent ce qui est considéré comme le premier génocide du XXe siècle, perpétré par les gentils colons allemands de l'époque. Mais vous comprenez, Dieu dans sa grande miséricorde mérite bien quelques coups de canif dans les tables de loi et puis c'est pas grave, ce n'était que des sauvages et puis merde, il faut bien les évangéliser ces abrutis et en profiter pour piquer toutes leurs terres. Entre 1904 et 1911, les Allemands éradiquèrent 80% de la population Herero et Namas (une autre tribu cousine qui faisait chier aussi les gentils colons) et les 20% restants terminèrent dans des camps de concentration où on les tatoua de force (tiens, ça a donné des idées à d'autres plus tard) et où on les laissa mourir à petit feu. C'est dire si, pour ce peuple quasi décimé, le travail de mémoire est essentiel pour son identité et son avenir. C'est cette force, cette abnégation, ce combat que Stephan a su capter en représentant la fierté d'un peuple, de ses traditions et sa volonté farouche de continuer à exister au quotidien.
L'exposition de Stephan démarre ce jeudi 8 mars à la School Gallery d'Olivier Castaing, sise au 322, rue Saint-Martin à Paris dans le 3e arrondissement avec un vernissage de 18h à 22h. Pour en savoir plus ou en voir plus, allez sur le site de la School Gallery.