6 Juin 2018
... Tout le monde connaît Bernard Buffet. Tout le monde a vu au moins une fois un de ses clowns tristes, une de ses vues de Paris hachurée de ces traits noirs qui ont fait son style. Pourtant, Buffet reste encore persona non grata en France, victime du combat entre figuration et abstraction où, avec l'essor des Delaunay, Appel, Jorn, Deyrolle, de Staël, Mathieu, il prit un coup de vieux tout en étant dans la fleur de l'âge. Buffet, c'est l'histoire d'un génie, porté aux nues à 30 ans, premier amour de Pierre Berger. À 19 ans, le Musée d'Art Moderne de la ville de Paris lui achète une première œuvre, la "Nature morte au poulet". Mais à l'époque où Saint-Germain des Prés s'éveille après guerre, Buffet, lui, est représenté par la galerie Maurice Garnier, avenue Matignon. Premier schisme. À 30 ans, il a sa première rétrospective, s'offre une Rolls Royce. Là commence son chemin de croix. Trop bourgeois pour les uns, trop populaire pour les autres, Buffet ne retrouvera jamais le même succès, sauf au Japon où il est déifié (mais bon, Alain Delon aussi). En bref, si vous n'avez de Bernard Buffet que l'image froide, clinique de ses tableaux les plus sombres, vous devriez vous jeter sur ce superbe reportage sur sa vie, sa carrière sur Arte. Allez, vous avez bien 52 minutes à perdre. Ou à gagner.