9 Mars 2021
... En cette Journée internationale des droits des femmes, d'accord c'était hier mais ça devrait l'être aujourd'hui et demain aussi, j'aimerais évoquer une pionnière de la photographie puisqu'elle fut la première femme photographe pour Life en 1936 après avoir été la première photo-reporter occidentale dans l'URSS de 1930 et la première correspondante de guerre sur différents fronts et jusqu'à Buchenwald. Une baroudeuse, bourlingueuse qui n'avait pas froid aux yeux et pour faire de la photographie avec talent, c'est mieux.
Margaret Bourke-White, puisqu'il s'agit d'elle est née dans le Bronx le 14 juin 1904 d'un père d'origine polonaise et d'une mère irlandaise. C'est à l'Université de Columbia à New-York où elle étudie d'abord l'herpétologie (l'étude des amphibiens et des reptiles, pas des maladies honteuses) qu'elle commence à s'intéresser à la photographie. Engagée par la société Otis, elle fait ses armes sur la photographie architecturale et commerciale avant de voler de ses propres ailes en intégrant dès 1929 le magazine Fortune grâce auquel elle devient la première femme photographe autorisée à Moscou en 1930. Ses travaux commencent à se faire connaître et Margaret est débauchée par le magazine Life en 1936, faisant immédiatement la Une avec son reportage sur les travaux du barrage de Fort Peck, qui n'a rien à voir avec Gregory mais au cas où, on vérifie quand même.
La guerre ayant éclaté, elle se propose comme reporter de guerre, est acceptée (une première, encore) et photographie les conflits, les hommes, les doutes et les joies de l'Afrique du Nord à l'Italie et en Allemagne où elle va suivre le Général Patton (et Willie, son bull-terrier blanc) à travers un pays défait et remonter jusqu'au camp du Buchewald où elle va documenter l'horreur pour que jamais, elle ne s'efface des mémoires.
Poursuivant sa route, Margaret a également rencontré Gandhi (la photo avec le rouet, c'est elle), suivi la partition entre l'Inde et le Pakistan et a rempilé avec Life pendant la guerre de Corée, histoire de ne pas trop tourner en rond.
Femme exceptionnelle, photographe unique ayant ouvert la voie à d'autres, Margaret Bourke-White a compté comme Imogen Cunningham, Dorothea Lange, Berenice Abbott et d'autres encore. Et j'ai la chance, depuis quelques semaines, de posséder un tout petit bout de l'immense talent de Margaret Bourke-White avec un tirage Life de 1937 intitulé Sharecropper plowing a field with pair of horses, soit "Métayer labourant un champ sur duo de cheval" ou quelque chose comme ça. Tout ça par l'entremise d'amis fidèles et fallacieux qui ont décidé, malgré mes indications pourtant claires, de célébrer mon demi-siècle il y a quelques mois de cela en se cotisant pour faire un magnifique cadeau à l'amateur de photographie que je suis. Nonobstant la qualité de ce tirage gélatino-argentique de 1937 et sa place dans la mémoire de la Grande dépression américaine, c'est la pureté de sa composition et son évidente symbolique qui m'ont fait craquer dès que mes yeux (les deux) se sont posés dessus (car je ne suis pas Marty Feldman).
Alors comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, merci, merci, merci, merci au moins 50 fois aux amis fidèles qui se reconnaîtront : merci A & B et Magic M de La Garenne-Colombe, merci N & A de Saint-Maur, merci A & A de Levallois-Paris, merci S de Hong-Kong, merci P & J-L de Croth, merci C, merci V de Boulbi, merci A & C de Dublin, merci J & A de Cenac, merci M & D de Tamesluht, merci A & O de Saint-Cloud, merci C & D et P & M de Paris, merci D de Drancy, merci S de Toulouse, merci J & K et A-S d'Asnières, merci A de Bourg L'Abbé et merci C eud' chez moi pour avoir tout manigancé. Et si ça vous dit d'en savoir plus sur MBW, dégustez les petites vidéos ci-dessous.