Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

C'est jeudi, c'est Poésie

 

Fille de prince excellente

Combien est nette la plante

De tes pieds nets et polis

Dans ta chaussure jolis !

 

Quel est le joyau bien fait

De main d'un ouvrier parfait

Plein de riches entablures,

Tel est le tour façonné

De tes cuisses rond tourné

Avec tes belles jointures.

 

Comme est une tasse ronde

Faite d'ouvrage subtil,

Tel est ton petit nombril.

Et ton ventre proprement

Semble un morceau de froment

Duquel la plante est bordée

De beaux lis épanouissants

Et d'une odeur embaumée.

 

Tés tétins sur ton corsage,

Sont de la biche sauvage

Pareil aux petits gémeaux

Tant ils sont polis et beaux.

 

De ton col le bel entour

Est poli comme une tour

D'ivoire très admirable,

Et le doux trait de tes yeux

Tant bénis et gracieux

Est tant et plus délectable

 

O mon épouse m'amie,

Que tu es belle et jolie,

Telle qu'amour avec moi

Prend ses délices en toi.

 

Ton corsage bel et droit

Je puis bien en tout endroit

Comparer à l'excellence

De la palme, et tes tétons

À ces beaux petits boutons

Qu'a la grappe qui s'avance.​​​​​​​

C'est jeudi, c'est Poésie

Par quoi ému en moi-même

De tant de grâces suprêmes,

J'avais un grand plaisir

D'en jouir à mon plaisir.

 

Dont j'ai dit je monterai

Dans la palme, et serrerai

De mes mains ses branches belles

Et comme les ceps bien verts

Sont de bons raisons couverts

Telles que me soient tes mamelles.

 

Que ton nez me sente comme

L'odeur d'une mûre pomme,

Et ton palais comme vin

Formant en parler divin :

 

Lequel me surmonte tant

​​​​​​​Que l'esprit me transportant

Fais que du tout je m'oublie

Et bégayant longuement

Je parle comme en dormant

Par une lèvre endormie

 

O ami que je dise,

Je suis à toi et puis dire

Que sur moi est ton désir

Et ton amoureux plaisir.

 

Ami sortons de ce bruit

Allons aux champs et la nuit

Coucherons aux métairies,

Au matin nous lèverons

Et aux vignes nous irons

Voir si elles sont fleuries :

 

S'il y a fruit et encore

Si le grenadier décore

Sa verdoyante couleur

Du cramoisi de sa fleur.

 

Là je t'abandonnerai

Mes amours, et t'en donnerai

Une entière jouissance :

​​​​​​​Déjà les mandragores ont

Ouvert leurs fleurs qui nous font

Un vrai parfum d'excellence :

 

L'on voit aussi en nos portes

Des fruits doux en toutes sortes

Tant nouveaux que vieux par moi

​​​​​​​Bien contrecarrés pour toi.

 

Fille de prince par Marie Brabant (1540-1610) in Les Annonces de l'Esprit et de l'Âme fidèle (chapitre VII-1602)

​​​​​​​

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article