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C'est jeudi, c'est poésie

D'abord il l'épie à travers les branches.

De loin, il la humine, en saligorons, en nalais.

Elle : une blonde rêveuse un peu vatte.

 

Ça le soursouille, ça le salave,

Ça le prend partout, en bas, en haut, en han, en hahan.

Il pâtemine. Il n'en peut plus.

 

Donc, il s'approche en subcul,

tl'arrape et, par violence et par terreur la renverse

sur les feuilles sales et froides de la forêt silencieuse.

 

Il la déjupe ; puis à l'aise il la troulache,

la ziliche, la bourbouse et l'arronvesse,

(lui gridote sa trilite, la dilèche).

Ivre d'immonde, fou de son corps doux,

il l'envanule et la malajecte.

C'est jeudi, c'est poésie

Ahanant éperdu à gouille et à gnouille

- gonilles et vogonilles -

il ranoule et l'embonchonne,

l'assalive, la bouzète, l'embrumanne et la goliphatte.

Enfin ! triomphant, il l'engrange !

Immense cuve d'un instant !

Forêt, femme, ciel animal des grands fonds !

Il bourbiote béatement.

 

Elle se redresse hagarde. Sale rêve et pis qu'un rêve !

"Mais plus de peur, voyons, il est parti maintenant le vagabond...

et léger comme une plume, Madame."

 

Henri Michaux, in revue Transition (1935).

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