30 Avril 2010
… Oui d’accord, je n’ai été ni prolixe, ni efficace ces deux dernières semaines mais que voulez-vous, les vacances, la famille, une température quasi estivale, des lieux de villégiatures avec des connexions aventureuses et voilà le rien qui s’installe avec aisance. Mais comme le disait bien San Antonio : « il est bien plus facile de souffrir d’une absence que d’une présence ».
Un morceau de bois, une Knaki sur un feu, un ruisseau qui ruisselle, un peu de flûte, c’est important de ne pas passer à côté des choses simples. Ca fait du bien de se laver un peu la tête et de sortir de Paris, du net et des idées fumeuses que mon cerveau aime parfois développer. Certes, l’art c’est beau, c’est bien, c’est essentiel, certes, la pub, c’est pas souvent beau, c’est pas toujours bien et c’est rarement essentiel mais il est une chose que je n’ai que trop rarement développé sur ce blog et pourtant je vous saoule régulièrement avec : le pâté.
Alors du Pâté, ça va en envoyer sévère dans cet article. Pas du Hénaff sous vide ni de la mousse de canard Paul Prédault aseptisée, pas des rillettes Bordeaux Chesnel ou du Comtesse du Barry en conserve. Pas de canards qui n’ont jamais vu la lumière du jour, pas de lapins crétins, pas de cochons en batterie dans cet article. Je vais vous parler tout simplement du meilleur pâté du monde. Ou plutôt des meilleurs pâtés du monde. Et d’où viennent-ils, je vous le donne en mille ? De Poitou-Charente, évidemment. Des Deux-Sèvres et de Sauzé-Vaussais, précisément. Et de la Ferme Auberge du Puy d’Anché de la famille Ragot, indubitablement.
Pâté de foie de volaille au cognac, Paté de Porc Noir, Grillons de Porc Noir, Terrine de la ferme du Puy d’Anché, Pâté de foie de Porc Noir, les Ragot sont des magiciens. Tout ce qu’ils touchent, et pas que le porc, se transforme en or. Si dans le cochon, tout est bon, à la ferme du Puy d’Anché tout est simplement à tomber.
Les porcs noirs dominent sur la propriété mais il y a aussi des canards et des lapins pour les Rillettes, les Terrines, le Foie Gras aux Figues ou au Pain d’épice, le Lapin à l’ail vert ou au Pineau. Et je ne vous parle pas des pommes de terres sautées comme jamais vous n’en avez mangé, des mojhettes piattes, de la qualité de l’huile de noix qui va dans la salade encore fraîche du potager, de la farandole des fromages de chèvre, sec, mi-sec, doux, crémeux, gasp, et encore moins des tartes fines à se taper le cul par terre de la Mère-Grand Ragot qui sévit toujours et encore derrière ses fourneaux. Ah si, je vous en parle mais juste pour vous mettre un peu l’eau à la bouche alors.
Quand vous allez manger chez Sylvie et Didier, vous êtes invités chez un parent. Vous savez, ces dimanches familiaux où le soleil donne bonne humeur à tout le monde, où les verres se choquent pour donner le rythme de la journée, où le café se prend à l’heure du goûter et le Cognac juste avant l’heure du dîner. C’est comme ça chez eux. Il vous reçoivent dans le salon de leur maison, devant l’âtre d’une immense cheminée où rôtit parfois un cochonnet, vous offrent un pineau 25 ans d’âge pour bien démarrer et reviennent rapidement les bras chargés de bocaux de pâtés ouverts à l’instant. Et soudain, ce n’est pas le drame mais l’extase.
Oubliez les pâtés en tranche, massifs, gras et lourds au palais. Le pâté de foie de volaille au cognac des Ragot se délite, il est léger, aérien. Il se mange à la cuiller, fond sur la langue, titille les papilles qui n’en croient pas leurs yeux (oui, les papilles ont des yeux. Et alors ? la colline aussi). Les rillettes ne sont pas cachées sous une épaisse couche de gras blanc, elles explosent de saveur, pot-au-feu en pots de verre. Les terrines sont terribles avec de vrais morceaux de plaisir dedans qui vous rappellent combien sont importants les plaisirs simples de la vie. La famille Ragot distille des merveilles, possède une connaissance parfaite de leurs produits, de leur environnement, de ce qu’ils font et de ce qu’ils donnent qui vaut toutes les cuisines étoilées du monde. J’emmerde le moléculaire, la nouvelle cuisine jolie jolie mais qui fait grouik grouik dans le ventre tellement il n’y a rien dans l’assiette. Aller chez les Ragot, c’est l’assurance de se remplir la panse avec délice sous peine de se faire engueuler si vous ne finissez pas ce qu’il y a devant vous. Et même si ce n’est pas toujours facile vu les quantités, vous avez toujours envie d’essayer.
Tout ceci, évidemment, ce ne sont que des mots et il vous manque le fumet, le goût et les sensations. Mais comble de chance pour vous, amis lecteurs, vous pouvez commander ces délices directement sur internet si vous ne passez pas par les Deux-Sèvres dans un proche avenir pour profiter aussi de leurs chambres d’hôtes qui sont à la hauteur de leur table. Il y a même des Japonais qui viennent jusqu’à Sauzé-Vaussais et des palanquées d’Anglais qui poussent des « Oh, my God ! » et des « Unbelievable ! » de circonstance.
Faites-moi confiance, délestez vous de quelques euros et passez commande par Internet à la Ferme du Puy d’Anché. Invitez des amis chez vous et organisez une dégustation avec du bon pain et des cornichons. Tous ceux qui ont goûté les pâtés et les autres spécialités de la famille Ragot dans ma modeste demeure en demandent et en redemandent. Je me demande même parfois s’ils viennent pour l’amitié qui nous unit ou juste pour le pâté. Mais comme je n’offre ces délices qu’à mes amis, j’ai déjà la réponse.
Pour aller commander pâtés et autres joyeusetés, c’est ici sur le site de la Ferme : link
Et comme on peut être de la campagne mais branché quand même, la ferme a même un groupe sur Facebook que vous pouvez retrouver rien qu’ici : link
Il ne vous reste plus désormais qu’une chose à faire, goûter ce pâté pour enfin pouvoir clâmer que « Y sé beunaise » comme on dit eud’ par ici dans ce « bai pays » de Poitou-Charente.
Ci-dessus, du pâté de foie de volaille au cognac en préparation, tout juste sorti du feu.
Des pâtés en devenir.
La Ferme-Auberge.
Et le magicien. Didier, respect.