22 Janvier 2013
... Au panthéon de mes dessinateurs préférés, il y a bien sûr Jean Giraud aka Moëbius, Sergio Toppi, Hugo Pratt, Robert Crumb, Will Eisner, Enki Bilal, Comès, Pascal Rabaté, Alberto Breccia et toute la bande de Métal Hurlant et de Fluide Glacial. Mais il en est un autre qui a une place particulière dans la bibliothèque, moins au vu et au su de tous (et surtout de ma fille), Paolo Eleuteri Serpieri. À l'instar de Milo Manara et de son "Déclic" mondialement connu, Paolo Eleuteri Serpieri a gagné ses lettres de noblesse auprès du grand public par le biais de ses œuvres les plus brûlantes. Peut-être n'avez-vous jamais entendu parler de "Morbus Gravis", série de huit albums fantastico-érotico-futuriste avec son héroine principale, rhhaaaaaa, la sublime Druuna. C'est le personnage le plus connu de Paolo Eleuteri Serpieri mais il faut dire qu'elle a tout pour marquer les esprits. Serpieri s'est inspirée de Valérie Kapriski époque "L'année des méduses" pour son personnage. J'y rajouterai un peu de Lætitia Casta et de Salma Hayek pour faire l'affaire. Quoi qu'il en soit, Serpieri est un amoureux de la femme avec un grand F. Et ça se voit.
Serpieri s'est auto-croqué dans ce dessin.
Après des études d'art et d'architecture à l'Institut des Arts de Rome, P.E Serpieri (ça va, je vais pas mettre son prénom composé à chaque fois) démarre une carrière de peintre en 1966 avant de bifurquer définitivement vers la bande dessinée en 1975. Pour mon plus grand plaisir. Et peut-être le vôtre à la fin de cet article. Serpieri, italien comme son nom l'indique assez est un grand amateur de western. Et comme le pays est en pleine vague du western spaghetti, l'un dans l'autre comme disait le Baron à Nadine le soir de la nuit de noces, Serpieri sort "L"Histoire du Far-West" chez Larousse en 1980. Il poursuit ce travail historique dans une série intitulée "Le grand mythe du Far-West" dans le magazine italien Skorpio. Il œuvre encore pour Larousse en dessinant "Découvrir la Bible" dans un moment de faiblesse. Ou d'éclectisme, au choix. Avec ces travaux, Serpieri s'impose rapidement comme un des nouveaux maîtres du réalisme à l'italienne. Il faut dire que le garçon a un sacré coup de crayon.
Mais c'est en 1985 qu'il acquiert un succès national puis international avec Druuna, personnage féminin de la série Morbus Gravis, petit bout de femme perdu dans un monde post-apocalyptique peuplé de monstres très méchants avec des tentacules pleines de bubons, de mutants azimutés, d'hommes avec plein de fantasmes et d'elle dans des situations toujours très compliquées limite inextricables mais si possible, de dos. Toujours de dos. Car si Serpieri aime les femmes de partout, il les adore de dos. Et à croire que le dos de Druuna et de ses compagnes d'aventure a plu car depuis, Serpieri a vendu plus d'un million d'albums traduits en 20 langues (non, vous ne saurez pas lesquelles).
Bon, c'est du beau dos aussi. Du dos de qualité. Du dos 10/10.
C'est Saint-Pierre qui doit être content.
Mais de face, Druuna est pas mal aussi.
En bref, si vous ne connaissez pas encore Paolo Eleuteri Serpieri, faites une petite recherche d'images mais attention, éloignez les enfants car ça pique un peu les yeux et je n'ai mis ici que les plus chastes. Pour ceux qui souhaiteraient aller plus profond dans la découverte de Druuna, je recommande Druuna X et Druuna X2 avec les croquis de Serpieri avant censure (dans les années 80 en Italie, vous imaginez). Mais avant toute considération plastique, même très avantageuse, Serpieri est un fabuleux conteur d'histoire, découpant ses récits avec une force d'évocation incroyable, doté d'un trait unique et reconnaissable entre mille et la découverte de son œuvre érotique ou non vaut le détour. Si vous tombez sur "L'histoire du Far-West", "L'indienne blanche" ou "L'homme-médecine" entre autres, ruez-vous dessus. Et sur Druuna aussi si ça vous dit. Enfin, façon de parler bien sûr.