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Mercredi, tous Charlie

Extraits d'un article issu du journal Le Point (pour voir l'original, c'est par ici : lepoint.fr/culture/le-coran-n-interdit-pas-les-representations-de-mahomet)

 

Aucun passage du Coran n'interdit de dessiner des êtres vivants, y compris Mahomet, qui était un homme. En Iran, des images du Prophète circulent toujours.

 

Dans un palais d'Ispahan, la troisième ville d'Iran, figure sur un mur un portrait de Mahomet. Il faudrait plutôt parler d'une image figurative, son visage étant vide, entouré d'un turban vert. De nombreux êtres vivants l'entourent, ils sont tous souriants. Mais il s'agit bien du Prophète, que le visiteur n'a toutefois pas l'autorisation de photographier. Dans le bazar, à proximité de la mosquée du Roi et de celle du cheikh Lotfollah, plusieurs boutiques proposent des effigies d'Ali, cousin du Prophète, quatrième calife et premier imam de l'islam chiite, pour des prix allant de quelques dizaines à quelques centaines d'euros.

 

L'islam n'est-il pas opposé aux représentations divines et humaines ? Charlie Hebdo n'a-t-il pas été dénoncé, puis attaqué au cocktail Molotov, puis aux armes de guerre pour avoir caricaturé Mahomet ? Or, aucun passage du Coran n'interdit la représentation des êtres vivants. Mahomet, le prophète de la religion musulmane, était un homme, et non l'incarnation de Dieu comme Jésus selon la religion chrétienne. Un critique d'art égyptien a même affirmé que Mahomet avait à son domicile des dessins accrochés au mur.

En fait, ce n'est pas le Coran qui prône l'interdiction de représentation de Mahomet - comme d'ailleurs celle d'humains et d'animaux -, mais les hadiths - des recueils qui rassemblent les actes et les paroles attribués au Prophète. Mais s'il fallait les suivre à la lettre, il ne devrait y avoir ni statues, ni photographies, ni télévisions dans les pays musulmans. En fait, les hadiths tentaient d'abord de combattre l'idolâtrie, un péché dénoncé dans l'islam, comme d'ailleurs dans le judaïsme et le christianisme.

 

Les historiens de l'art retrouvent des représentations du Prophète jusqu'au XVIIIe siècle. Depuis, celles-ci deviennent de plus en plus rares, mais ne disparaissent pas totalement, comme le racontent les ethnologues Pierre Centlivres et Micheline Centlivres-Demont dans une étude publiée en 2005 intitulée "Une étrange rencontre. La photographie orientaliste de Lehnert et Landrock et l'image iranienne du prophète Mahomet". Ils découvrent à l'été 2004 à Téhéran un portrait de Mahomet jeune, en couleur, la tête enturbannée. L'affiche a été imprimée en Iran.

L'origine de ce portrait montrant un visage d'adolescent à la bouche entrouverte ? Rudolf Franz Lehnert (1878-1948), un photographe né en Bohème. Installé en Tunisie, puis au Caire, il produit des milliers de photographies et de cartes postales que les ethnologues qualifient d'"imagerie exotique". Étrangement, c'est une photographie prise en 1905 à Tunis qui va d'abord inspirer une carte postale vers 1920 en Allemagne, puis des images à Téhéran et à Qom beaucoup plus tard.

 

La légende de ces images ? "Portrait béni du Vénéré Mohammad à l'âge de 18 ans au cours d'un voyage de La Mecque à Damas alors qu'il accompagnait son oncle vénéré en expédition commerciale." Ces images auraient cessé d'être diffusées en Iran en 2008. Durant notre déplacement dans le pays, il n'a pas été possible d'en retrouver.

 

En revanche, aucune difficulté pour obtenir des portraits d'Ali et de ses deux fils Hassan et Hussein. Les premiers imams de l'islam chiite ornent certains lieux publics. Ils sont même vendus dans la rue un peu comme les images pieuses dans les lieux de pèlerinage catholiques. L'historienne d'art Silvia Naef racontait ce week-end dans la presse suisse que des "séries iraniennes ont filmé les personnages de l'histoire sainte de dos".

 

Bref, les théologiens chiites se montrent nettement plus flexibles que leurs homologues sunnites sur le sujet. La représentation humaine sous toutes ses formes, y compris celle du Prophète, n'est pas strictement interdite par le Coran. Il fallait le rappeler après l'assassinat des dessinateurs de Charlie Hebdo, soi-disant coupables, selon leurs assassins, d'avoir caricaturé Mahomet.

Mercredi, tous Charlie
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J
In : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dieu_le_P%C3%A8re<br /> <br /> L'interdiction des représentations de Dieu dans le judaïsme et l'iconoclasme<br /> Statues dans la cathédrale Saint Martin à Utrecht, attaquées durant l'iconoclasme de la Réforme au XVIe siècle26.<br /> Article détaillé : Iconoclasme.<br /> <br /> Le fondement de la non représentation de Dieu trouve sa justification dans la Bible, lors de l'Exode :<br /> <br /> « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punit l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fait miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements. »<br /> <br /> — Exode 20:4-6 27<br /> <br /> Cette interdiction conduit à la non représentation de la figure de Dieu chez les juifs. Chez les chrétiens les représentations de Dieu sous la forme d'icône fut l'objet d'une crise au sein du monde chrétien. Au cours des VIIIe et IXe siècles, cette interdiction conduisit à des destructions massives d’iconostases et la persécution de leurs adorateurs, les iconophiles ou iconodules.<br /> <br /> L'arrivée du protestantisme et principalement Jean Calvin a de nouveau contribué à refuser les images de Dieu en se fondant sur ce même passage de la Bible. L'iconoclasme caractérise ainsi une partie de la Réforme protestante.<br /> <br /> Car comme nous le savons (de Marseille), le Judaïsme, le Catholicisme (et filiales) et Islamisme (Et filiales) par ordre d'arrivé sur l'écran, ont la même divinité mais diffèrent par les porteurs de sa paroles (Ce qui vaut bien de se foutre sur la gueule sévèrement pour les siècles et les siècles, amène).
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