24 Novembre 2015
Cher Dan,
J'aurais tant aimé ne pas avoir à écrire ces quelques mots. Des mots, justement, il en manque tant après ton départ. Tu les a tous pris et tu n'as pas tort. Il sera difficile de mieux les utiliser que toi. En ce moment, tu sais, les mots sont futiles. Tu n'as pas dû savoir pour Paris, ville que tu appréciais, je crois. Et c'est tant mieux. Garde de notre cité de bons souvenirs même si tu avais choisi de ne plus profiter de nos bars et nos grands crus depuis si longtemps. Dieu avait remplacé le Mad Dog. Un fou pour un autre. Ta route, ton chemin.
Dan, merde, Dan. On aurait bien eu besoin de toi ici. De ton cynisme humaniste, de ta verve puissante, de tes verbes choisis. Tu es parti désormais. Puisque tu croyais en Dieu, je te souhaite de retrouver du monde là-haut. "Hank" Bukowski, ton ami. Et Hubert Selby Jr. Et papa, bien sûr, papa avec Rocco pas loin. Et Joyce qui te regarde avec les yeux de l'amour. Et Nick que tu avais gravé dans ta chair.
La dernière fois que j'ai pleuré en lisant un livre, c'est à toi que je le dois, Dan. Dans les dernières pages de "Dommages Collatéraux" où tu parles de la mort de Joyce, ta mamma. Tu m'as pris aux tripes, comme souvent, comme toujours, comme jamais. Tu as serré fort de ta poigne rugueuse issue de générations de bâtisseurs de murs dans les Abbruzes. Par là-bas dans la Botte à l'accent chantant. Ceux qui t'aiment savent à quel point ton écriture était physique, rude. Douce et piquante comme des poivrons à l'huile d'olive réhaussés d'une pointe d'ail.
"J'écris parce que c'est ce qui me sépare de la mort", disais-tu.
La dernière feuille de papier glissée dans la vieille Underwood restera blanche. Même pas un "FIN" car quelque part sur la planète, ici ou là, quelqu'un noircit une page avec force et fureur. Et c'est grâce à toi.