4 Mai 2017
... Je ne sais pas.
Ce matin, je ne sais pas.
Je lis tous les commentaires sur les réseaux sociaux qui disent à quelle point elle (je ne la nommerai pas) s'est plantée en beauté. Mais je ne sais toujours pas. La politique, c'est un peu comme le foot. Quand on soutient une équipe, on ne peut être partial et on ne voit pas le même match que le voisin qui, lui, a sa propre vision aussi chevillée au corps que nous, la nôtre. En politique comme au foot, soit on est Marseille, soit on est Paris, soit on est Pelé, soit on est Maradona. Pas les deux. Et si on est Pelé et que Maradona fait la plus belle action du monde, on ne peut voir les choses objectivement. Alors ce matin, je ne sais pas, je n'en sais pas plus.
Car nous tous et toutes, adeptes des réseaux, nous n'avions pas besoin de ce débat pour renforcer des convictions, que l'on soutienne Macron ou non, que l'on soit de gauche ou de droite. Mais ailleurs, c'est pareil. Au fond de la France, c'est pareil. Et je ne sais toujours pas si les arguments, bien que faibles pour nous, qu'elle a développé ne résonnent pas aux oreilles de l'agriculteur du Larzac, du chômeur de Béziers, du pilier de bar de Toulon, du Français moyen (sans aucun jugement) qui n'ont pas forcément toutes les cartes et les informations que nous avons. Non, ils ne liront pas l'article Désintox de Libé sur ses approximations d'hier. Oui, ils les prendront comme argent comptant, comme des vérités qui vont dans leur sens. Rappelons-nous Trump et ses inepties pendant la campagne américaine, ces poncifs si énormes qui nous faisaient hurler, nous, les privilégiés de l'information et du décodage. Rappelons-nous du résultat.
Je ne sais pas si aujourd'hui, en Charente, en Lozère, en Picardie, le débat a accouché d'une victime ou d'une championne. Je ne sais pas s'ils ont perçu la même chose que moi, que vous, que nous. Et même, j'en doute. Dans les grandes villes, nous voyons tout ça sous un prisme bien différent ; nous sommes surinformés, nous pensons détenir la vérité, nos convictions sont déjà bien ancrées. Comme de l'autre côté. Alors je ne sais pas si l'abstentionniste aura changé d'avis, je ne sais pas si le Frontiste se rend compte de l'ineptie de son programme, je ne sais toujours pas ce que tout ça donnera dimanche prochain.
La seule chose que je sais, c'est que bulletin après bulletin après bulletin, elle aura moins de chances d'atteindre son but. Ça, je le sais. Et tel le colibri, j'irai déposer ma petite contribution dans l'urne, en espérant que ce geste, le mien et celui de milliers d'autres, sera suffisant pour contrer le désastre économique, social, sociétal, national qui s'annonce si elle passe.
Votez.