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SAS À LINTAS (suite de suite)


Résumé des épisodes précédents :
Malko boit un Fucking Blue Curaçao avec Hans, le Démembré du Wurtemberg.
 

17. Benjamin.

Tout en sirotant à grand bruit son Fucking Blue Curaçao, Malko pensait à Lynda, il l'avait vraiment laissé tomber comme une vieille chaussette tricotée main tricotée cœur. Il n'avait jamais rencontré un tel volcan, il n'avait jamais croisé de regard si profond tout en profitant d'une gorge du même acabit. Il n'avait jamais croisé de rousse si rousse. Il adorait la voir se raser les jambes avec son bic jetable à deux lames, l'odeur qui se dégageait d'elle à ce moment-là était magique (car quand la rousse tond, la rousse pète NDLR). Il semblait qu'à côté d'elle, aucune autre femme n'existait. Le "chuiliu" que fit sa paille seule abandonnée au fond du verre le fit sursauter, il venait de descendre son cocktail d'un seul trait, les mains sous la table. Fréquenter Hans n'avait pas que du bon, il s'identifiait trop à lui... Mais il le connaissait trop bien et avant d'en commander un cinquième, il s'éclipsa prétextant devoir aller chercher une disquette secrète au cœur du Temple d'Angkor. Ce qu'il eu du mal à croire avant de se souvenir que c'est lui qui venait de lui ordonner d'y aller.


Il était fort ce Hans, mais moins que Malko qui se souvenait lors de sa dernière mission avoir accepté ce fameux cinquième verre et ensuite être descendu avec Hans pour l'aider à uriner. Ce mauvais souvenir lui rappela encore une fois la sulfureuse Lynda, qui ne fermait pas la porte avant de s'accroupir avec toute la grâce du monde sur ce trône en porcelaine. Il aimait la regarder dans cette position, la culotte sur les chevilles, la robe Versace remontée en ressort sur ses larges hanches de rousse, la toison au trois quart cachée par deux cuisses fermes pour une fois serrés. Elle se relevait toujours dans un dernier vent qui n'appartenait qu'à elle (certes elle en faisait profiter tout le monde, mais quand on aime, on ne compte pas). "Ha Lynda !" pensa Malko, "Et la dernière goutte ?" l'interrompit brusquement Hans. "C'est pas les moustachus qui vont me la secouer". Dans ses pensées Malko s'était laissé aller au fameux cinquième verre. Et ce qui devait arriver arriva, il était en train de secouer le monstrueux membre de l'Autrichien démembré. La scène était cocasse et faisait sourire une sorte d'ersatz de Freddy Mercury, qui d'un œil lubrique se cirait allègrement le pingouin tout en reluquant nos deux Européens exotiques. Et se cirer le pingouin avec l'œil, c'était pas donné à tout le monde.

Malko était fin saoul, il ricanait bêtement. En partant il tendit sa grosse main velue, celle là même qui avait servi à étrangler l'ignoble docteur Rosenberg'n'stein, en oubliant les moignons de Hans. Se sentant d'un coup stupide, il lui fit un petit bisou sur la joue, le laissant là dans cette pissotière poisseuse, les cinq membres sortis, "debout" dans le lavabo. Dehors, l'air était plus frais, cela lui fit du bien. Il ne devait plus penser qu'à une chose la disquette du G7... A cette heure-ci, il était au moins 23 heures du soir, Malko n'eut aucun mal à appeler un taxi pour l'emmener à l'aéroport (via son hôtel) en levant le bras, signe international d'appel des taxis. Hans aurait bien du mal à rentrer. Un taxi le prit, ainsi qu'un fou rire...

 

18. Nicolas.

Malko avala son rire, le déglutit bruyamment en faisant tressauter sa pomme d’Adam du haut vers le bas puis sortit les fesses les premières du taxi avant d’en refermer la portière. Le bras en l’air, il recula sur le trottoir. Il conserva un court instant cette position inconfortable pour glisser finalement sa main dans sa poche et patienter dix bonnes minutes dans la rue à observer la marche arrière des voitures, pousse-pousses et autres trottinettes de Bo-doï. Il regardait sa Seiko Quartz sans comprendre pourquoi la trotteuse tournait dans le sens inverse des aiguilles d’une montre quand son pied droit vint se placer savamment derrière le gauche, le gauche imitant tout de suite son alter ego et ainsi de suite.

 

Malko se dirigea alors à reculons vers la porte blindée du Fucking Blue Pélican, ce qui relève plus de la démence que d’une quelconque dimension héroïque attribuée par son auteur à son héros. Car, et il faut le reconnaître en toute honnêteté et en toute simplicité, on ne pénètre pas l’univers très mâle du Pélican en présentant un postérieur moulé dans un Smalto beige sans en subir les conséquences. Arrivé à un bon mètre de la porte, celle-ci s’ouvrit comme par enchantement. Malko entra en déplaçant de la main une mèche de cheveux soigneusement rangée derrière l’oreille puis descendit les escaliers quatre à quatre, ce qui, à reculons n’est pas une mince affaire à moins d’être diplômé de l’école du cirque. Et comme Malko ne l’était pas, il trébucha. - « Cirque du l’école fait j’avais seulement si », pensa-t-il. Malko désaoûlait progressivement en se dirigeant vers les toilettes hommes quand il trouva Hans, les moignons secs sur le lavabo. Il l’amena à l’urinoir, secoua l’engin du chef dans l’espoir d’attraper au vol la dernière goutte qui remontait vers l’appendice du cul-de-jatte. Il finit par y parvenir.

 

– « Goutte dernière la et !» ne l’interrompit pas brusquement Hans. – « Linda Ha ! » pensa Malko. Hans sentit soudainement le superflu de la boisson rejoindre sa vessie. Il ouvrit les yeux et gonfla ses poumons en avalant un soupir. Tous deux remontèrent et, assis face à face, soufflèrent bruyamment dans leur paille pour remplir leurs verres de Fucking Blue Curaçao tout en parlant un dialecte incompréhensible. Les verres pleins, Malko les amena au bar et les échangea contre quelques dôngs (qui comme chacun le sait n’est pas la monnaie cambodgienne, on arnaquait Malko, il ne s’en rendait pas compte). Subitement,     tout se figea, les moustaches ne frétillaient plus au souffle des bouches qui s’en approchaient, les moignons de Hans demeuraient étonnamment statiques et les Fucking White Malibu Pineapple restaient fucking blocked entre la glotte et l’œsophage de ceux qui en buvaient. (pas grand monde donc, c’est quand même une boisson de tapettes).

 

L’action reprit son cours normal, le monde se remit à tourner rond dans le sens des aiguilles d’une montre. Malko redonna ses dôngs au barman contre deux verres de Fucking Blue Curaçao. – « Je l’ai bien entubé » pensa Malko heureux de se débarrasser de ses dôngs. Il retourna à sa table. Au fond du bar, un œil noir l’observait et, comme il n’y avait pas prêté attention la première fois, il ne le remarqua pas non plus cette fois-ci qui n’était autre que la même fois, finalement, en définitive, quand on y pense bien. Un œil sombre et maléfique caressait sa silhouette, un œil qui semblait dire :

 

«  1976... New York... au bout des docks », un œil mauvais abreuvé de sang et de haine, un œil avec une pupille et une rétine, l’œil de Rocco la Racaille, l’œil de Rocco et son frère.... Malko appela un taxi et n’aurait pas été pris d’un tel fou rire s’il se savait suivi....

 


19. P.A

Enfin sorti de la cinquième dimension, Malko lança au taxi : "Angkor !" avec son accent autrichien cette fois ci, parce que l'accent Pnompèhnien est un peu pompeux, sortant de la bouche d'un agent secret. Le taxi fila vers Angkor, mais sans Malko. Malko appela un deuxième taxi mais le taxi ne lui répondit pas. C'est fou ce que les taxis pouvaient être durs de la feuille à Pnom Pehn. Malko arrêta un troisième taxi, cette fois-ci à l'aide de son Smisséouésson, une copie de 9 mm Parabellum de chez Lüger, avec double arbre à came en tête et bout filtre. Instantanément, le taxi quitta ses roues, les laissant dix mètres derrière lui. Malko allait devoir en appeler un quatrième. Il décida donc de voler une voiture. Il quitta enfin Pnom Pehn à bord d'une Hyundai flambante de rouille presque neuve. Sur la route d'Angkor, il s'arrêta pour prendre un Bobun avec nems parce que depuis l'histoire du Goulasch, il n'avait pas eu grand chose à se mettre sous la dent. Enfin sustenté, Malko arriva devant le temple mais rata son double débrayage talon pointe et s'encastra dans un des piliers du temple, le pilier qui soutenait tout l'édifice. Le splendide temple classé aux monuments historiques du monde entier et même de l'univers, s'effondra petit à petit, lézardé par l'onde de choc de la Hyundai. Malko eut à peine le temps de s'extraire de la modeste Coréenne (ça n'était pas son habitude pourtant, de se retirer avant la grande explosion) et sauta tel un guépard sous acides sur l'échoppe d'une marchande de fruits et légumes qui passait là, comme ça, par hasard. Il atterrit entre deux kumquats et trois lychees mais atterrit en un seul morceau. C'était là l'essentiel. Mais le plus dur restait à faire. Il lui fallait maintenant retrouver le paillasson sous ces tonnes de débris et putain, ça allait être ‘achement dur...

 

 

20. Jérôme.

Soudain, un feuillage frémit et Malko faillit en froussonner (frissonner de frousse). Une gigantesque orchidée malodorante apparut entre deux racines aériennes ; quelques colibris, mal inspirés par l’idée d’aller la butiner, tombèrent comme des mouches (c’est pourquoi on les appelle aussi oiseaux-mouches) : c’était Elko avec sa composition florale à manche courte. «  Je savais que je trouverais là, espèce d’Autrichien !». Et ils se remirent à parler du bon vieux temps à grand coups de claques dans le dos, une séance de démonstration amicale qui faisait passer la confrontation Evander-Holyfield pour un aimable massage thaïlandais. Au bout d’un quart d’heure de labourage dorsal, Malko regarda Elko droit dans les cheveux : « Tu es allé chez le coiffeur ? ». « Oui », admit benoîtement le bloc de Poméranie, « Ca te plaît ? ". Elko arborait un brushing si rigide qu’on aurait dit un casque. Se les serait-il peint en bleus, on l’aurait pris pour un soldat de la Paix, ce qu’il était quelque part. «  Allons retirer ces pierres !» lança Malko en regardant sa Rolex, "la journée est vieille et la nuit va bientôt se faire jeune". « Ça va être dur » remarqua Elko qui n’avait pas compris la fin de la phrase. « Oui, ça va être dur », rétorqua Malko en se fustigeant intérieurement de n’avoir pu sortir un bon mot. Qu’importe, il n’y avait aucune fille baisable à l’horizon pour noter ce bref moment de manque d’à propos… « J’attendais mieux comme réplique, te connaissant, Malko ! » susurra alors une voix entre les feuillages suintants de rosée. C’était Lynda, la plantureuse Lynda, la sulfureuse Lynda, engoncée dans un vieux 501 coupé à l’extrême limite de son système pileux, à 40 cm au dessus des genoux. Comme le jean de Hans, d’ailleurs. Son T-shirt aussi était trois tailles en dessous. Mouillé comme un green anglais, il collait à ses seins mieux encore que ne le ferait un sac Leclerc à un gland d’éléphant (d’Afrique). Lynda avait, semble-t-il, suffisamment d’esprit pour ne pas en faire étalage et lança d’emblée une proposition on ne peut plus claire. « Une pipe à celui de vous deux qui aura enlevé le plus de pierre ! ».

 


21. Benjamin.

Ne faisant ni une ni deux, ni trois ni quatre, ni douze ni seize d’ailleurs, les deux austro sexuels se mirent au travail, emportés par ce désir de fondre dans la vorace Lynda. Une Lynda, saucissonnée dans son moule-foune. Sans dire un mot, cette brute de Elko prenait de l’avance, il était bâti comme trois Malko, une vraie armoire à glace - et à fleurs. Malko devait trouver une astuce pour faire diversion, quand soudain son œil droit se mit à briller d’une étincelle qui signifiait outre qu’il était vivant, que quelque chose se passait à l’intérieur de dedans lui. Une idée, lumineuse (d’où l’étincelle, CQFD, NDLR, EDF et PTT) venait de germer dans son esprit d’agent secret. Se souvenant d’une des phobies d’Elko pour les escargots de bourgognes, celui-ci se mit à hurler dans sa langue natale “ Achtung , und Bavière Band ” ce qui en français, et pour toi lecteur que le langage d’outre Rhin rebute, signifie : « Attention mon grand, tu es en train de te faire attaquer par une bande d’escargots qui, je le crois, en veulent à ton intégrité physique ». À ces mots, l’armoire tyrolienne, qui n’avait rien à envier à une armoire normande, fut prise de frissons. Cet avertissement atteignit son cerveau bien plus vite que n’importe quel « combien font 1236,98 multiplié par 73,50 ? ». Et, prenant ses jambes et tout le reste de son corps à son cou, il s’enfuit en cul-de-jattant… Malko put alors prendre son temps pour déplacer la pierre classée, il prenait des poses d’athlète turc, de lutteur grec, de gladiateur romain, pensant impressionner une Lynda ébouriffante.

Décidément, cette fille provoquait chez Malko des choses et des trucs… Il était prêt à tout pour elle, pour quelques secondes à peines de bonheur dans ses cheveux. Quand il eut fini de reconstruire le temple pierre après pierre, oubliant même jusqu’à l’existence de la disquette il s’approcha de Lynda en lui susurrant goulûment au creux de sa noreille, “ Je me ferais bien une petite rousse ” il pensait à une bière, elle ne pensait qu’à ça…

 

 


22. Nicolas.

À quelques mètres de là, bien installé dans le siège à billes de sa R12, une main velue sur le volant en cuir Momo, Rocco pompait sur sa Cleopatra super light sans filtre et emplissait machinalement ses poumons de nicotine égyptienne en observant ceux de Linda se coller au torse athlétique de Malko. Il recracha la fumée sur le Footix qui pendait du rétroviseur pour en accentuer le lancinant et grinçant mouvement pendulaire. Une question le taraudait, hantait son esprit, une question à laquelle il ne pouvait apporter de réponse précise. « À quoi pouvait bien ressembler le cri du Footix ? » se demandait-il inlassablement. Mais il était bien incapable de le dire, ses réflexions aussi pertinentes aient-elles pu être l’entraînant souvent sur des pistes qui ne méritaient même pas d’être explorées. Il décida de remettre ses investigations culturelles à plus tard, tira une dernière bouffée sur sa cigarette et retint sa respiration pour sentir les agents de saveur pharaonesque pénétrer les moindres pores de ses voies respiratoires. Il demeura le souffle bloqué pendant de longues minutes. La pâleur de son visage prit progressivement une teinte rougeaude. Ses yeux s’injectèrent de sang. Quelques volutes de fumée sortirent de ses oreilles. Isis et Osiris passèrent en marchant de profil. Il toussa. « Quel con » pensa-t-il, "j’ai failli mourir étouffé".

 

Sa bêtise ne pouvait rester impunie. Il devait expier sa faute, procéder à quelque auto flagellation. Il se sentait dans l’obligation morale de s’infliger un châtiment exemplaire. Il serra les dents et se rappela les préceptes de Maître Hö qu’il avait jadis côtoyé lors d’un stage d’apprentissage à la résistance physique au Tibet dans un monastère Shaolin: “ Tu ne souffriras pas quand le mégot incandescent s’écrasera sur ton bras ” (prononcé avec l’accent asiatique). Il s’exécuta mais sentit la douleur atteindre des sommets Tibétains. Sans doute avait-il été distrait par disciple Hï, le jeune moine sodomite avec qui il avait sympathisé quand Maître Hö exposait doctement sa théorie du mégot incandescent. Il se regarda alors dans le rétroviseur, juste histoire de vérifier s’il avait toujours son air méchant. À sa grande surprise, celui-ci avait disparu laissant la place à une expression de benêt bête et brutal. Pour remédier à la situation, il sortit son Panthère à cran de sûreté automatique, celui-la même qui lui avait servi à saigner Germaine Truchon, la gardienne de l’immeuble quand elle lui réclamait ses étrennes. Il approcha l’énorme lame en acier inoxydable de ses sourcils et les rasa.

 

Ça y est, il avait l’air méchant. Dans un sourire de satisfaction, il vérifia si la balle en argent qu’il réservait à Malko était bien en place dans le barillet de son Walter 736 en acier inoxydable. Tout était en ordre. Il sortit de la voiture et sentit un léger craquement sous ses pieds. Il jeta un coup d’œil furtif vers le sol et repéra un paillasson. « La présence d’un paillasson en cet endroit est fort incongru » pensa-t-il alors il s’y attarda et, dans le secret espoir de trouver une clef, il le souleva. Désolation, désillusion, pas de clef, mais une disquette Macintosh brisée en mille morceaux. « Quelle idée de cacher une disquette Macintosh sous un paillasson » sourit à part soi la Racaille. « Une disquette PC, j’veux bien mais là... ». "Il faudra me venger ”, la sempiternelle rengaine l’interrompit en traversant les tortueuses coursives des tympans de son cœur. De son œil noir, il fixa aussitôt Malko. Ce dernier, tout occupé à besogner Lynda n’avait toujours pas repéré la menace qui planait sur son existence d’agent secret d’origine autrichienne. Une menace prête à fondre sur lui tel le couperet impitoyable de l’épée de Damoclès.

 

Tout occupé à sa besogne donc, Malko adoptait les nobles attitudes qui avait fait sa réputation de bête assoiffée de luxure jusqu’aux sombres bordels de Biskra. La main à la Seiko, délicatement posée sur la hanche d’une Lynda offerte à 4 pattes et l’autre derrière sa nuque à lui, il ondulait les fesses dans un mouvement de va-et-vient croissant et trempait son croissant dans un mouvement de vient et va décroissant. Quand Malko honorait la femelle, on peut dire que Malko honorait la femelle. Toujours soucieux de ses performances, il n’hésitait jamais à gratifier l’accouplée de quelques remarques bien senties. Il savait que ses mots troublaient l’hypothalamus féminin plus encore qu’un chibre triomphant. Rocco avait de la chance car Malko était en verve aujourd’hui. «  Oh Lynda !» susurrait Malko.  « Tu es le fourreau, je suis le glaive ! ». «  C’est quoi un fourreau? » demandait Lynda.

« Nom masculin, gaine, étui » interrompit Rocco. Malko esquissa un regard en direction de l’opportun.  « Tu arrives à propos », glissa Malko dans un souffle court tant les contractions vaginales de Lynda lui faisait frétiller les cordes vocales. «  C’est pour ça qu’on m’appelle l’opportun » répondit Rocco avec audace. Les deux hommes se fixèrent méchamment. Gros plan sur les yeux sans sourcils de Rocco. Gros plan sur les yeux de Malko. Gros plan sur les yeux sans sourcils de Rocco. Gros plan sur les yeux de Malko. Malko sortit son harmonica et joua quelques notes morriconesques. Le vent se leva et souleva la poussière. Gros plan sur les yeux sans sourcils de Rocco. Gros plan sur les yeux de Malko. « Maintenant oui ! »hurla Lynda. Malko vida son chargeur sur Rocco et ses couilles dans Lynda (et non pas l’inverse).

 

 23. Benjamin

La première balle siffla aux oreilles de Malko qui n’eut pas le temps de réagir, c’était une des siennes, il faut dire qu’à sa décharge, la détente de son 357 Magnum était très sensible. Un peu plus, il ressemblait à Van Gogh, ce qui pour un agent secret, posait quelques petits problèmes. En général, c’était surtout le méchant dont on se moquait à cause d’une tare physique quelconque, et ça la foutait mal, lui le tombeur mono-lobique, les surnoms venaient vite dans le métier. De plus, esthétiquement et pratiquement parlant, Lynda ne pourrait plus lui sucer le lobe de l’oreille jusqu’à ce que celui ci ressemble au gros orteil… Et c’est la raison qui le mit le plus en pétard. Il venait d’échapper à la mort de près (tout seul par sa faute) et il ne l’entendait pas de cette oreille. D’un geste de judoka aguerri, (merci maître Hö) il fit un croche patte à Lynda afin de la protéger, puis s’en fit un à lui même dans le même but.

 

Une fois à l’abri, il tira son second coup de feu en direction de Rocco, l’immondice était donc sur ses traces depuis la page 3 du présent ouvrage. Dire qu’il ne s’en était pas aperçu, pourtant, il le savait, les menaces de mort étaient quotidiennes. Un jour, il découvrit un scorpion dans une de ses chaussettes Calvin Klein, le jour suivant une mygale dans son tube de gel coiffant “ fixation extra forte ”. Chaque fois le même message en lettres de sang sur sa porte d’hôtel : Do not disturb. Il ne savait pas ce que cela voulait dire, mais il savait que c’était un mauvais présage. La troisième de ses balles toucha en plein cœur la pierre derrière laquelle se cachait Rocco. Les quatrième, cinquième et sixième projectiles partirent tous dans des directions qui, à quelques dizaines de mètres près, étaient la même. Rocco et son projectile unique attendirent le moment propice.

 

Entendant au bout de quelques instants des clic, clic, clic, clic, suivis de « Darling, auriez vous quelques recharges en sus ? », la Darling en question ne comprit qu’un seul des mots de l’agent parfois trop secret pour sa capacité intellectuelle. Elle lui répondit par un clin d’œil entendu. Le coup de Rocco partit, il se leva d’un bond au ralenti, le bras tendu, le visage déformé par la haine, se répétant inlassablement cette rengaine vengeresse, « Il faudra me venger ». Au ralenti toujours, la balle d’argent fendit l’air… Les six yeux fixés sur ce petit suppositoire assassin. Rocco bavait d’impatience, Lynda, nymphomane monomaniaque, bavait elle aussi, Malko avait la bouche sèche. Un petit schtoung vint briser ce qui aurait vite pu se transformer en monotonie monotone. Le temps reprit son cours normal, Rocco, l’air moins léger que dans le ralenti se précipita vers son bolide diabolique (une 12 pour mémoire). Se retournant une dernière fois vers celui qu’il appelait intimement depuis 76 « Ducon », il lui lança avec hargne : « Je t’aurai Malko, je t’aurai et ce jour-là, je danserais sur ta tombe en buvant de la bière et c’est dommage, parce que tu ne seras pas là pour profiter du spectacle. Ha ha ha ha ha ha ha. »

 

En riant et conduisant, il percuta ce qu’il pensait être un cerisier en fleur du japon. L’arbre en question n’était autre qu’Elko, le compliment de l’arbre était le premier qu’on lui faisait, mais aussi le dernier, une 12, ça ne laisse aucune chance. La voiture s’enfuit vers le soleil couchant en laissant derrière elle un nuage de poussière digne d’un des plus beaux pets de Lynda sur une plage de sable fin, la pétomane érotomane comme se surprit à la surnommer Malko en se retournant vers elle. Lynda était adossée à un arbre, comme dans un poème de Rimbaud, plus belle que jamais, le visage impassible, un simple trou sur le côté laissant écouler le reste de vie de la belle. « Je suis seul maintenant » se dit l’Autrichien perspicace. « Et la disquette est niquée ».


La suite...demain.

 
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