29 Janvier 2013
... L'affaire Robert Boulin, c'est un des secrets les mieux gardés de la Ve République. À tel point que 35 ans après les faits, il existe toujours une version officielle, une autre officieuse et que chacun campe sur ses positions. À tel point que sa famille continue encore et toujours à demander la réouverture du dossier. Hier soir à 23h15 sur France 3, un document de Gilles Cayatte affirmait sans transiger d'un iota de la ligne officielle que le suicide est la seule option. Ce soir à 20h45 sur la même chaîne est diffusé un téléfilm, "Crime d'Etat" par Pierre Aknine, qui affirme le contraire et désigne clairement les coupables. Ou comment le service public refuse de se mouiller et en profite pour faire de l'audience. Dans ce téléfilm, François Berléand campe Robert Boulin et Philippe Torreton joue Henri Tournet, l'escroc qui a entraîné Boulin vers le scandale et la mort, quelle qu'elle soit.
L'histoire de Robert Boulin, c'est d'abord celle d'une époque. La guerre des droites (tiens, déjà ?) entre Giscard et Chirac. C'est aussi l'époque du SAC, le Service d'Action Civique (civique, quelle blague), la police parallèle chère à Charles Pasqua, un groupe aux dérives totalement mafieuses. C'est celle des gros contrats au Gabon (déjà ?), des avions renifleurs, des rétrocommissions qui retombent dans la poche des hommes en place (déjà ?) et dans celles de leur parti (déjà ?). Bref, l'histoire de Robert Boulin, c'est celle de la Françafrique, des dérives de la droite, de ses magouilles, de ses coups bas depuis 40 ans. C'est l'histoire d'un système qui a préféré broyer un homme, un ministre intègre et salué par tous plutôt que de perdre la poule aux œufs d'or. Un système qui perdure encore et toujours (rappelez-vous les paroles de Khadafi avant qu'il ne devienne rapidement un ennemi de la France alors qu'avant, il pouvait faire du camping à l'Elysée quand il le souhaitait).