Russ Meyer oscilla tout le long de sa carrière entre succès inespérés et échecs cuisants, les premiers permettant de
financer les second, en règle générale. Sa passion, que dis-je, son obsession pour les poitrines imposantes lui viendrait de la nounou qui le gardait petit car sa mère était seule,
délaissée par son ex-mari policier. Pour ses 14 ans, elle lui offre sa première caméra, une Univex 8mm, qui lui permet très vite de remporter des prix pour ses films amateurs. Mais le
jeune Russ est timide, il a du mal avec les filles et seule la lecture des BD d'Al Capp, les "Lil' Abner Stories", relatant les mésaventures d'un mari aussi musclé que stupide et de
sa splendide épouse fortement dotée, lui permet de s'évader d'une bien morne réalité. C'est beau. Très vite, Russ se met à fréquenter des shows "Burlesques", grande mode de l'époque,
où il apprend la vie et l'anatomie féminine par la même occasion. Faut pas gâcher. Sexe, humour et décalage, les valeurs de Russ se mettent doucement en place.
En 1942, ben, c'est la guerre. Russ a 20 ans, il est mobilisé. Et comme il sait se servir d'une caméra, il est incorporé à
l'unité des actualités hebdomadaires de l'armée. Rapidement, sa compagnie suit le Général Patton. Un mec bien vu qu'il avait un bull-terrier nommé Willie que voici.
Sauf que le Général, il est pas là pour jouer les touristes. Du coup, Russ non plus. Le 6 juin 1944, Patton débarque à Omaha
Beach. Et Russ Meyer filme tout le débarquement, entre les obus, les balles qui sifflent et les copains déchiquetés. Affecté ensuite à la 2eme DB du Général Leclerc, il entre en libérateur
dans Paris, toujours caméra au poing. Quelques jolies filles de Paris plus loin, il rejoint à nouveau Patton sur le front de l'est, se retrouve en plein bataille des Ardennes où ça
défouraille sévère et termine la ballade en photographiant les camps de concentration.
En 1945, il est démobilisé. Il retourne direct voir des shows burlesques car ça le titille et il arrive à rentrer dans une
maison de production de films industriels. Il s'emmerde mais il apprend le métier. Il rencontre une jeune femme, Eve. Elle devient son modèle puis son amante puis sa femme. En juin 55, la
Playmate du mois dans Playboy n'est autre qu'Eve Meyer, photographiée par son mari.
En 1959, il sort enfin son premier film "The Immoral Mr Teas", un film sans dialogues de 63 minutes, avec juste une voix de
narrateur. Mister Teas est un vendeur itinérant de brosses à dents et autres instruments d'hygiène bucco-dentaire. Et étonnamment, Mister Teas rencontre très souvent des femmes fort peu
vêtues, à croire qu'elles font la sieste toute la journée, et fort bien pourvues, à croire que ce serait fait exprès. Le film est un carton, il lui rapporte un million de dollars, soit 40
fois sa mise. Russ Meyer vient d'inventer un genre : le "Nudie". Les années suivantes, il poursuit dans la même veine avec "This is my Body", "Eve and the Handyman" avec sa femme, "Naked
Camera", "Erotica", "Wild gals of the Naked West", "Europe in the Raw", "Heavenly Bodies" et, j'adore le titre de celui-là, "Skycrapers and Brassières". Tout un programme mais pas vraiment
des chefs-d'œuvres dans l'ensemble. "Lorna", le film suivant, est un succès. Fanny Hill, celui d'après, un échec. Mais Russ poursuit sa quête. C'est en 1965, avec trois films dans l'année,
"Mudhoney", "MotorPsycho" et "Faster Pussycat Kill Kill" que le style Russ Meyer prend sa forme quasi définitive.
Raven de la Croix est l'ultime Russ Meyer girl. Mais n'oublions pas pour autant par ordre d'apparition :
Babette Bardot. Bien le bonjour badabe.
Tura Satana, Haji, pré Béatrice Dalle et Lori Williams, la blonde, des femmes que faut pas les faire chier quand elles sont en
bottines, en cuir et en Porsche. Ci-dessous, Shari Eubank, splendide parmi les splendides, Supervixen d'entre les Supervixen.
Erica Gavin, la Vixen originelle.
Uschi Digart qui a une manière bien à elle de faire les poussières.
Christy Hartburg. Heartbeat, heartbreak, heart failure. Sa scène ne dure que 5 minutes dans Megavixen mais elle est mémorable et
en plus, sa plastique irréprochable s'est retrouvée sur l'affiche, ce qui a grandement contribué à accroître sa notoriété. Bon, pas de regrets, elle est devenue républicaine ultra conservatrice
limite facho mais boudiou de boudiou à 25 ans, elle envoyait du bois (dont on se chauffe).
Edy Williams, qui deviendra par la suite Madame Meyer.
Lorna Maitland, actrice du film éponyme à son prénom donc, "Lorna".
Cynthia Myers. Gosh. C'est quand même mieux que Mike.
Le style Russ Meyer, c'est aussi des gueules comme Charles Napier, méchant d'entre les méchants, dont il a contribué à la carrière
en l'engageant pour Cherry, Harry and Raquel en 69 (année érotique, s'il en est).
Et n'oublions pas Kitten Natividad, la Chatte de la Nativité si c'est pas un programme ça, parmi les égéries de Russ Meyer. La
mini Mexicaine aux maxi roploplos, ex-danseuse de bar et charmeuse de barres, a beaucoup compté dans la vie du moustachu, bien qu'ils ne furent pas mariés contrairement à une vieille croyance
mais ça suffit maintenant, les vieilles croyances, alors.
Le style de Russ Meyer, c'est un doux dur et dingue mélange de pépées avantagées, de péquenauds arriérés, agrémenté de cadrages
insolites, de personnages plus grands que l'ordinaire, que je vous recommande de voir ne serait-ce qu'une fois dans votre vie, si l'occasion se présente. Russ Meyer est larger than life.
N'est-ce pas Madame ?
Allez, bon vendredi, bon week-end, bonne bourre et à la semaine prochaine. Et n'oubliez pas de liker ci-dessous, de partager, de
diffuser, de facebooker cette page sur votre profil ou même de vous abonner ou de cliquer sur "retour à l'accueil" pour voir plein d'autres choses moins poitrinaires mais tout aussi
intéressantes.