Fox the Fox

Sujet britannique de son état et grand supporter devant l'Éternel (s'il existe) de l'équipe de Leicester, John Micklethwait a déménagé l'année dernière à New York ayant obtenu le poste très convoité de rédacteur en chef de Bloomberg News. Depuis plus de 20 ans, John met un petit billet sur son équipe favorite, les Foxes de Leicester. 25 euros, pas grand-chose, juste de quoi rêver un peu chaque année à un hypothétique pactole. Mais cette année, avec le déménagement dans la grosse pomme, il a oublié. Il faut dire que les Foxes ont terminé tout juste 14e du dernier championnat, évitant dans les dernières minutes de tomber en division inférieure.

D'ailleurs, en début de saison, les bookmakers cotent la possibilité de Leicester de devenir champion à ... 5000 contre 1. Fondé en 1884, le club de Leicester a fait l'ascenceur entre première et deuxième division entre 1919 et 1957, a réussi à se maintenir au sommet de 1957 à 1978 puis a connu une nouvelle période d'instabilité jusqu'à retomber en troisième division à la fin de la saison 2008. L'année suivante, il gagne le championnat de troisième division, remonte donc en division supérieure où ils végètent entre la 5e et la 10e place pendant cinq ans avant de finir premier en 2013-2014. Enfin, ils rejoignent l'élite après un long purgatoire. C'est dire si on leur accorde peu de chance à l'orée de la saison 2015-2016. Et pourtant...

Au terme d'une saison exceptionnelle d'abnégation et de volonté, avec un groupe soudé et complémentaire à défaut d'être extrêmement talentueux, l'équipe de Leicester a pris le pouvoir à la 16e journée, a tenu, tenu, tenu et a été sacrée championne d'Angleterre hier soir devant les grosses machines telles que Manchester United, Manchester City, Tottenham, Liverpool et Arsenal. Comme quoi, tout est possible, ce qui laisse un motif d'espoir à Nadine Morano et Marine Le Pen de devenir présidente de la République et à Nicolas Sarkozy de le voir un jour derrière des barreaux pour l'ensemble de son œuvre. En attendant, John Micklethwait doit à la fois être très triste et très heureux mais quoi qu'il en soit, il a dû se réveiller ce matin avec une belle gueule de bois.