27 Septembre 2016
Comme s'il avait besoin de ça. Avec les nombreuses affaires qui lui collaient déjà au cul aussi sûrement qu'un reste d'étron mal essuyé (le papier toilette n'ayant pas encore été inventé à l'époque du Far West), Shark Ozzie voyait l'ombre d'un revenant fondre sur lui, tel un quasar attiré par la force d'un trou noir (qui eux non plus n'avaient pas encore été découverts mais on n'en est pas à un anachronisme près dans cette série). Pat Bush, l'ancienne éminence à la grise mine de Shark Ozzie, Pat Bush et son crâne aussi dégarni que les os blanchis au soleil d'un infortuné coyote, Pat était de retour à Chihuahuan. Et il avait des révélations à faire. Tel un bon Bush qui se respecte, Pat n'avait ni foi ni loi ni dieu ni maître et il venait une fois de plus de retourner sa veste. Une très jolie veste garnie de soie carmine irisée, empiècements en daim et velours côtelé irlandais achetée en promotion chez Nobles & Warton à Abilene, Texas. En plus de ladite veste, Pat n'était pas venu seul. Il avait sorti la sulfateuse. Et pas du petit modèle.
Pat Bush en savait plus sur Shark Ozzie que Carluna Belluni, Bryce Hurtafew et Klaus Gayhand réunis. C'est dire s'il connaissait le bonhomme qui rêvait à nouveau de porter l'inaccessible étoile. Car comme le disait si bien Jack Bwel, artiste bêlant itinérant assez populaire de l'époque, telle était sa quête à Shark Ozzie, suivre l'étoile, peu importe ses chances, peu importe le temps ou sa désespérance et puis lutter toujours, sans questions ni repos, se damner pour l'or d'un mot d'amour. Il ne savait s'il serait ce héros mais son cœur serait à nouveau tranquille et les villes s'éclabousseraient de bleu parce qu'un malheureux brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé, brûle encore, même trop, même mal pour atteindre à s'en écarteler, pour atteindre l'inaccessible étoile. Vous voyez le tableau. Enfin, la chanson. Chihuahuan aurait été entouré de moulins à vent, ce qui paraît hautement improbable mais bon, Shark les aurait combattus, même sur une vieille carne tant que la dite carne n'était pas trop haute pour qu'il puisse monter dessus. Mais les révélations de Pat Bush sur Shark Ozzie n'étaient pas du vent. Donc, pas de moulins à l'horizon sauf ce moulin à paroles qu'était Pat Bush que Shark Ozzie rêvait de faire définitivement taire. En lui coupant les ailes. Et les pieds. Et la tête. Alouette.
Bref, Shark était mal. Il aurait tout donné, même ses précieuses talonnettes de 12 pour voir Pat Bush transformé en steak haché à chili. Les révélations de Pat fleuraient encore moins bon que le passage d'un troupeau d'un millier de têtes en proie à une sévère diarrhée. Pat Bush révélait que Shark Ozzie pensait que Jack Shayrak était l'homme le plus corrompu qu'il ait rencontré, et Shark s'y connaissait pas mal sur le sujet, qu'il détestait Frankie Fillone qui l'avait pourtant épaulé de nombreuses années, qu'il partageait les mêmes valeurs que le père de Mareen Nepel qu'il avait aidé à de nombreuses reprises et qu'il avait volontairement laissé des émeutes de Mexicains se développer à Chihuahuan pour que ses adjoints frappent dans le tas et donnent le sentiment de faire régner l'ordre. Plus meurtrière qu'une Gatling bien réglée, la bouche à Bush envoyait des pruneaux calibre 45 à 1500 coups par minute. Shark Ozzie s'était mis à couvert mais il se sentait acculé comme Davy Crockett et Jim Bowie à Fort Alamo. Mais ceux qui le connaissaient un peu savaient depuis bien longtemps que Shark Ozzie était un bel acculé.
Pour retrouver tous les épisodes de La Vie est un Western avec Shark Ozzie, ses amis et ses ennemis, vous prenez le Grand Canyon, vous tournez à droite au niveau de la Fourche de l'Arbre Mort, vous laissez la Mine de l'Allemand Perdu sur votre gauche et vous poursuivez sans cheval ni eau pendant douze jours dans le désert du Mojave. Ou alors, vous cliquez ici : apreslapub/la vie est un western