12 Décembre 2016
... Alors que le soleil se couchait paisiblement sur Chihuahuan, à l'heure où chiens et loups se retrouvent au bar du saloon pour payer leur tournée de mezcal, alors que dans la prairie, les vaches et les ve... oui, bon, on a compris, c'est pile à ce moment là, soit pas du tout au moment du train de 3 heures 10 pour Yuma que Manny Macrone (prononcez Macroné) arriva en ville. Manny venait d'une famille italienne, les Macarone, qui jouissait au pays d'une certaine reconnaissance pour avoir inventé une nouvelle variété de pâtes, les macaronis. La particularité du macaroni est connue de tous, un peu de pâte, beaucoup de vide. Ou comment vendre du vent à prix d'or. Néanmoins, les macaronis conquirent l'Italie et les Macarone, en traversant l'Atlantique pour conquérir à leur tour le Nouveau-Monde perdirent leur O et ainsi naquirent les Macrone. Manny était le dernier de la lignée. Et il était en ville. Le Macrone en bourg, en quelque sorte. En tout cas, il saoulait déjà tout le monde dans le saloon avec un étrange papier qu'il distribuait à la cantonnade. "Ce programme, c'est le VÔTRE !!!", hurlait-il en donnant à chacun un exemplaire. "Mais maintenant, votre RESPONSABILITÉ, c'est d'aller partout à Chihuahuan, pour le PORTER et pour GAGNER ! Parce que c'est NOTRE projet ! Vive CHIIHUAHUAN !" Haletant et hystérique, il s'affala au bar et prit une double tequila cul-sec.
Manoel Waltz en habit de gala (sombrero du dimanche, chemise de la semaine dernière) ne voyait pas d'un très bon œil l'arrivée de Macrone. On peut même dire que Macrone lui cassait les pieds et ce, même s'il était encore à un bon mètre de lui. Manoel le remit à sa place vite fait en sortant un très honnête Colt 45 qu'il lui plaça dans le dos. La présence de cet object oblong derrière lui fit sursauter Macrone. "Oui, qu'est-ce que c'est, c'est pour quoi ?". Waltz le désarma, l'expulsa du saloon et l'escorta vers la gare où le train de 3 heures 10 pour Yuma venait juste d'arriver avec seulement 6 jours et 18 heures de retard. Un record.
Waltz poussa Macrone vers le quai. "Bon allez, le Macrone, les Ritals on n'a pas besoin de ça ici. On a déjà assez à faire avec les Indiens et les Mexicains, on va pas en plus se farcir des macaronis !". Déçu car il se disait que ça pouvait être une très bonne idée finalement, Macrone monta les marches du dernier wagon en pleurs. C'est comme ça. Il était souvent sensible de l'arrière-train. "Hé, Macrone !" lança finalement Waltz, " N'oublie jamais : é pericoloso sporgersi !". Manoel se gondola.
En regardant le paysage défiler et son rêve de programme s'envoler, Manny Macrone se jura que s'il revenait à Chihuahuan, il reviendrait bien équipé. Et qu'il ferait sa fête à Manoel le basané et puis aussi à Frankie Fillone et à tous les autres. Tout cela n'augurait rien de bon à Chihuahuan, si ce n'est de la poudre, du sang, de la chique et du mollard.