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Run, Phyllis, Run.

 

... Mais pourquoi court-elle ? Tous les matins, à six heures pile, Phyllis Marie Mervil part avec son chien. Des années que ça dure. Dans l'herbe rase du causse, elle enchaîne les foulées d'un pas régulier sans jamais perdre haleine. Phyllis a beau avoir la soixantaine, elle est dans une forme éblouissante. Mince, longiligne, la femme dépare dans la campagne matinale où la vie reprend son cours. Phyllis est noire, américaine, vit seule dans une ferme isolée et si elle passe parfois dans le petit village voisin, ses habitants ne connaissent d'elle depuis 10 ans que sa réserve et sa couleur de peau. Mais pour l'instant, Phyllis court dans la lumière du petit matin alors que les brumes se dissipent lentement, son vieux labrador à ses côtés. Une habitude quotidienne qui lui permet de réfléchir à son roman en cours, son évolution, ses personnages tout en gardant la forme. Phyllis est romancière et bien qu'américaine, elle parle et écrit le français à la perfection. Un polar par an sous deux pseudonymes, Mary Vilmer et Claude Thomas. Deux identités pour un même succès, exponentiel depuis son tout premier livre. Après son quatrième ouvrage, Phyllis décide de quitter Paris pour s'installer dans cette ferme perdue en pleine campagne à 800 kilomètres de la capitale. Et depuis, tous les matins, elle part courir. Mais ce matin, soudain, une déflagration. Un coup de feu dont l'écho se dissipe peu à peu. Puis un deuxième dont le son rebondit entre les vallons. Asphyxiée, choquée, Phyllis se relève. Pas son chien, dont la vie s'écoule déjà en un filet carmin entre les brins d'herbe.

 

Run, Phyllis, Run.

"Celle qui s'enfuyait" est le sixième roman de Philippe Lafitte après "Mille amertumes", "Un monde parfait", "Étranger au paradis", "Vies d'Andy" et "Belleville Shangaï Express". Et il est très réussi. Je ne dis pas ça par convenance ou parce que Philippe est un ami et ex-collègue mais parce qu'il écrit superbement bien, de mieux en mieux. Surtout pour un ex-directeur artistique, la plupart de ceux que j'ai connus avaient souvent du mal à aligner trois mots sans fautes d'orthographe. Pas Philippe. Dès les premières pages, "Celle qui s'enfuyait" m'a fait penser aux romans, à l'esprit noir de Jim Thompson, auteur que j'adore et dont je vous recommande le livre "1275 âmes" dont a été tiré le film "Coup de torchon". La plume de Philippe est trempée dans une encre noire, noire comme les romans, noire comme la peau de Phyllis, noire comme son histoire que nous ne vous narrerons pas plus que ça, non, n'insistez pas. À vous de découvrir la suite en achetant "Celle qui s'enfuyait" aux éditions Grasset. Et comme Philippe est un habitué de ce blog, vous pouvez aussi relire Les phrases du jour de Philippe Lafitte puisque j'avais eu la bonne idée de lui laisser les clés il y a quelques années.

Run, Phyllis, Run.

P.S : Merci de bien vouloir avoir la gentillesse de partager cet article sur Facebook si vous y êtes car je suis toujours bloqué par ce bigot de Mark Zuckerberg pour encore douze jours. Philippe vous remercie. Et moi aussi.

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