1 Février 2020
Je suis né, je travaille et je vis à Boulogne-billancourt. Une ville que j'adore et que je connais par cœur. J'aime son histoire atypique (deux cœurs) et sa diversité (Boulogne et Billancourt). Malgré l'idée qu'on en a souvent, Boulogne-Billancourt n'est pas bourgeoise. Elle est ouvrière et bourgeoise, manuelle et intellectuelle. Une vraie particularité. Pour ceux qui aiment l'histoire (et les vieilles images) allez jeter un œil sur mon Tumblr consacré à Boulogne-Billancourt : Boulbil
L'histoire de Boulogne commence avec de l'eau pure, des puits (256 à la grande époque), des lavandières et des nobles qui déposent leur linge sur la route de Versailles. C'est comme ça que tout a démarré. C'est ainsi que les Menus Lès Saint-Cloud est devenu Boulogne la Petite en 1330 puis Boulogne sur Seine et enfin Boulogne-Billancourt.
Boulogne s'est développée, est devenue mondaine au XVIIIe avec de nombreux nobles se construisant de riches propriétés à la suite de l'installation de Monsieur, (frère de Louis XIV) au Château de Saint-Cloud. Monsieur, homosexuel absolu, était réputé pour ses fêtes incroyables. Du coup, tout le monde voulait une belle demeure pas loin parce qu'en carrosse, c'est pas très confortable donc autant être à côté. Le quartier des Princes, entre autre, est issu de cette époque où le bois de Boulogne était chasse gardée du Roi. Ici, la sublime Villa Persane en face de Roland Garros (détruite dans les années 20-30).
À Boulogne-Billancourt, on tient salon, les artistes fréquentent la Haute et les blanchisseurs lavent le linge sale de tout ce beau monde car on a beau être noble, ça n'empêche pas d'avoir le cul sale.
Au début du règne de Louis XVI en 1775, Boulogne La Petite compte près de 2000 habitants. On retrouve leurs professions dans les registres de la paroisse : quarante-six blanchisseurs, dix-neuf vignerons, quatre épiciers, trois jardiniers, deux marchands de vin, deux tailleurs d'habits, deux menuisiers et deux ouvriers de manufacture de porcelaine. On retrouve encore un pêcheur, un charcutier, un notaire, un huissier, un sergent des Gardes suisses et cinq journaliers. En 60 ans, la population de Boulogne double, entre autre pour une raison simple : quand Marie-Antoinette rachète le château de Saint-Cloud au cousin de Louis XVI le prince d'Orléans, elle décide de se faire percer à travers champs et vignes une route en 1786 pour y accéder facilement : la Route de la Reine. It's good to be the Queen.
C'est ce double cœur noble et roturier, ouvrier et bourgeois, créatif et manuel qui fait depuis toujours le charme de Boulogne-Billancourt, cette dualité qui n'existe dans aucune autre ville.
De cette dualité naîtra, excusez du peu, l'automobile, l'aviation, le cinéma à Boulogne-Billancourt. L'esprit et les mains, le talent et la force. Sans Billancourt, Boulogne n'est rien. Et inversement.
Du coup, hop, fusion entre les deux villes en 1926.
À Boulogne-Billancourt, on vit bien, la ville est propre (à peu près), sécurisée et très agréable. On a vraiment tout ce qu'il faut, sans les désagréments de Paris. Un cadre de vie idéal.
Le nouveau centre, Les Passages, est vraiment réussi (merci à l'ancien maire Jean-Pierre Fourcade) avec tout ce qu'il faut pour contenter tout le monde. Ok, il manque un Burger King mais ça viendra.
Boulogne-Billancourt est belle, grandit, évolue, se modernise tous les jours. Quand j'habitais en 86 à Marcel Sembat, il n'y avait que le OK Burger, le Perroquet Route de la Reine... et pas grand-chose d'autre.
En une dizaine d'années, Boulogne-Billancourt a vraiment changé. La population a perdu 20 ans de moyenne d'âge, il y a des restos partout, des boutiques branchaga, des grandes marques... bon, d'accord, le Rancho a fermé mais c'était pour le bien des estomacs de tous. Aïe aïe aïe aïe aïe aïe aïe, houuuuu (comme disait Préparation H).
Pourtant, si Boulogne-Billancourt change, ça ne se reflète pas à la tête de la ville où le modèle reste ancien... très ancien...
À Boulogne-Billancourt, le maire Pierre-Christophe Baguet ne célèbre pas de mariage homosexuel. Ça le dérange. Clause de conscience. Et ce, encore 7 ans après la loi Taubira. Incroyable.
D'ailleurs le seul mariage homo célébré par un maire dans la grande salle de la mairie à Boulogne-Billancourt était... au cinéma dans ce beau navet : "Épouse-moi mon pote". Bien de la fiction, donc. Malheureusement.
Non seulement, il refuse de marier les couples homos mais Pierre-Christophe Baguet ne s'arrête pas là dans ses réflexions d'un autre âge. Accrochez-vous bien... il a signé une pétition demandant l'abrogation de loi Taubira. On est loin de la simple opposition de "conscience" quand on demande l'abrogation pure et simple du mariage pour tous. Ben voyons. Oui, nous sommes bien en 2020.
Ah oui, pour Pierre-Christophe Baguet, l'envie d'élever un enfant d'un couple homo est comparable à une envie de... glace au chocolat. Belle ouverture. Belle réflexion. Magnifique. À voir ci-dessous.
S'il était le seul... mais non : Marie-Laure Godin, Christine Bruneau, Isaure de Beauval, Béatrice Belliard, presque toute l'équipe municipale de Boulogne-Billancourt est là, marchant fièrement contre les droits d'autres Français. Qui sont parfois, rappelons-le, des Boulonnais. Joie.
Ah, oui, Béatrice Belliard, maire adjointe, a quand même été condamnée pour complicité de diffamation avec un autre élu de la ville en 2010, au bout de 2 ans de mandat. Joie. Bonheur. La démocratie made in Boulbi.
Enfin bon, on n'est pas à ça près à Boulogne-Billancourt avec une toute nouvelle maire adjointe aux Transports qui s'encastre nuitamment (et éthyliquement) dans le rond-point de Marcel Sembat quelque temps après son élection... et qui reste adjointe, hips, aux transports. Voir ici dans Le Parisien : Boulogne : ivre au volant, l'adjointe finit en cellule de dégrisement
Ou un maire récemment mis en examen pour avoir utilisé frauduleusement des papiers à en-tête du Ministère de l'Intérieur pour pousser son poulain Claude Guéant (voir plus loin). Vous saviez que votre maire était mis en examen depuis fin octobre 2019 ? Ah non, ce n'était pas dans le BBI. Bref, s'il n'y avait que ça à Boulogne-Billancourt. Mais...
Mais malgré les jolies médailles d'or sur la couverture de la Pravda, pardon, du BBI, la gestion de Boulogne-Billancourt n'est pas si rose, pardon, dorée à l'or fin, que ça.
À Boulogne-Billancourt, on continue à privilégier le tout bureaux alors que n'importe quel Boulonnais à pied peut constater les milliers de mètres carrés "à louer" professionnels sur les façades. Regardez, vous en verrez partout. Et puis c'est pas comme si on avait tout ce qu'il faut en espaces verts, en installations sportives et en logements sociaux (les amendes pour ce dernier point nous coûtent chaque année très très cher, BB étant très loin des minima demandés). Mais quand ça n'apporte pas de clients (lire : électeurs), ce n'est pas intéressant. Comme pour les places de crèches et tant d'autres choses.
Quand Pierre-Christophe Baguet se présente en 2008, il annonce une île verte pour Seguin avec 115 000 mètres carrés de construction. Super ! Une fois élu, le gredin passe son projet à 355 000 mètres carrés avec des bureaux, des bureaux et des bureaux. Normal.
Une autre des promesses de Pierre-Christophe Baguet datant de 2008 : l'enfouissement de l'avenue du Général Leclerc, l'une des plus polluantes de la ville. On attend toujours... et la place Marcel Sembat est un bordel incommensurable et un des points noirs en terme de pollution tous les soirs de l'année. "Construisons ensemble le Boulogne-Billancourt de demain" était son slogan de campagne en 2008. Dis, c'est quand demain, Pierre-Christophe ?
D'autres qui attendent aussi depuis 11 ans, ce sont nos policiers dans ce commissariat plus que vétuste. 11 ans après ? Toujours rien. Paroles, paroles, paroles comme chantait Dalida. Voir ce rapport édifiant sur l'état du commissariat de Boulogne-Billancourt (rien n'a bougé depuis) : Rapport sur le commissariat de Police de BB. Souhaitons à vos enfants de ne jamais être chopés ivres avec des potes pour finir en garde à vue dans ces locaux insalubres, indignes qui attendent depuis 11 ans qu'on s'occupe d'eux. Comme les policiers.
Revenons sur l'île Seguin. En 2012, Pierre-Christophe Baguet propose une consultation. Enfin... une consultation entre trois choix qui n'en sont pas. Jean Nouvel, Jean Nouvel ou Jean Nouvel. Et sans aucune possibilité de voter contre ou blanc. Voir ici : E-BB Consultation Île Seguin. Encore un magnifique exemple de démocratie locale et participative.
Au choix (hum) : le « projet 1 » à 310 000m² construits, comportant 4 (!!!) tours. Le « projet 2 » à 255 000m² construits, avec une tour. Le « projet 3 » à 232 000m² construits, sans tour. Bien loin des 115 000 mètres carrés promis dans sa campagne. Ou comment défigurer Boulogne-Billancourt et ce sublime bras de Seine encore préservé.
Et quand à peine 25% des électeurs boulonnais votent (17 547 sur presque 120 000 habitants), le maire considère que c'est un "grand succès pour la démocratie". Oui, la démocratie made in Hauts-de-Seine. En gros, c'est my Way... or the highway. Tu es d'accord, tu es mon ami, tu n'es pas d'accord, tu deviens un méchant contestataire.
Au final, c'est le projet à 255 000 mètres carrés qui est choisi, forcément par défaut. Celui de Jean Nouvel, bien sûr (avec le chèque qu'il a pris pour rien, il doit être ravi). Une tour, plus grande que celle de TF1 pour vous donner une idée et du béton, du béton, des bureaux et du béton. On est loin, très loin de l'île verte promise en 2008.
Il faut dire que sur l'île Seguin, Pierre-Christophe Baguet ne manque pas d'idées. Il est si bon commercial qu'il ne vend rien depuis 11 ans. Rien, sauf le terrain de la Seine Musicale... pour un euro. Quasiment quatre hectares du dernier terrain vierge en Île-de-France (une mine d'or) pour... un euro au Conseil Général des Hauts-de-Seine.
De l'autre côté de l'île, l'autre grand projet de Pierre-Christophe Baguet est le super campus de Vincent Bolloré avec des milliers de mètres carrés. Et comme le maire est un fabuleux commercial, Bolloré se retire au bout de deux ans de négociations, lassé des atermoiements de l'équipe municipale, laissant une petite facture à la ville de Boulogne-Billancourt. Oh, une toute petite facture : 70 MILLIONS À REMBOURSER parce que l'affaire ne s'est pas concrétisée. Bien joué, Pierre-Christophe.
Côté culture, c'est Waterloo morne plaine. La culture, c'est pas trop la marotte de Pierre-Christophe. En 2015, il ferme le Théâtre de l'Ouest parisien qui a vu Guillaume Gallienne et tant d'autres exploser et annonce (je cite) : "Nous avons des tas de propositions pour y relancer une activité théâtrale. Nous allons les étudier sur des bases économiques plus intéressantes pour la commune". C'était en 2015. Depuis ? Rien. Ah si, l'adjointe à la Culture a démissionné.
Autre grand moment : un jour de juillet, les Boulonnais découvrent en double-page dans Paris-Match que Boulogne et Issy vont fusionner six mois après. Pouf, comme ça. Ah bon ? Ok.
Pourquoi Issy, d'un coup, pourquoi pas par exemple Paris et Boulogne-Billancourt ? Ce serait plus logique territorialement parlant (Boulogne-Billancourt étant la seule banlieue liée uniquement à Paris) mais non, Paris est aux mains de l'horrible Gôôôche alors c'est pas possible. Plus logique oui mais pas possible.
Mais le fait qu'André Santini soit le mentor politique de Pierre-Christophe Baguet n'y est probablement pour rien du tout, hein... Les enfants, le bon Dieu, les canards sauvages, tout ça.
Et le fait que Nathalie Pitrou, la directrice de cabinet du maire de Boulogne soit aussi maire adjointe d'Issy (comment est-ce légal ?) n'y est probablement pour rien non plus...
À l'époque, on nous disait que la ville était au bord du gouffre, qu'il fallait absolument fusionner mais il restait quand même 300 000 euros de communication (rien que pour BB, 200 000 pour Issy) à mettre dans un site (vous l'avez vu ?), des flyers, des affiches, des opérations de RP etc....
Et tout ça, pour quoi ? Pour rien. Et heureusement que les Boulonnais se sont levés pour faire entendre leur voix. Merci à celles et ceux qui ont soutenu cette cause juste et refusé la fusion inique entre Issy-les-Moulineaux et Boulogne-Billancourt.
Au fait, petit détail presque insignifiant : le salaire d'un maire est indexé sur le nombre d'habitants. 120 000 à Boulogne + 70 000 à Issy et hop, c'est le jackpot pour Pierre-Christophe Baguet.
Ce projet de fusion tenté en en force, sans concertation ni même avis des habitants avant qu'il soient mis devant le fait accompli, c'est la plus grande traitrise possible pour celles ou ceux qui aiment Boulogne-Billancourt. Deux villes déjà doubles séparées par la Seine, aucune logique territoriale, aucune logique tout court si ce n'est un petit arrangement entre amis de 30 ans du même bord politique. Tu me laisses la mairie, je te laisse GPSO. Lamentable. Honteux. Indécent.
En bref à Boulogne-Billancourt, malgré ce qu'on essaye de vous faire croire à grands coups de médailles dorées dans le BBI, la ville va bien mais n'est pas si bien gérée. Ou pourrait l'être bien mieux. Bien plus intelligemment. Et surtout, plus ouvertement.
Boulogne-Billancourt, c'est encore ce vieux système féodal des Hauts-de-Seine qui perdure (voir les Pasqua, Ceccaldi-Reynaud et ses millions d'euros en lingots au Luxembourg et autres Balkany, grands amis de Pierre-Christophe Baguet) où toute opposition est muselée, où le débat n'a pas place. Il est temps que ça change. Et ça tombe bien les municipales arrivent. C'est le 15 et 22 mars, n'oubliez pas de vous inscrire sur les listes électorales.
Rappel : ce vieux système féodal a quand même failli nous parachuter façon Légion sur Kolwezi le délicieux Claude Guéant, ce grand serviteur dans la poche de la République, comme député. On sait ce qu'il en a été depuis. Procès pour deux prétendus tableaux hollandais du XVIIe siècle, culpabilité et peine de prison (rassurez-vous, moins de deux ans donc Chouchou ne les fera pas).
J'aurais pu vous parler des heures de la désastreuse gestion de cette équipe municipale, de ces 20 ou 30 rapports du CESEL à 7000 euros la page (!!!) pour un coût de plus d'un million d'euros en 2019 (!!!!), d'un élu condamné pour avoir monnayé la promesse d'un appartement social contre 5000 euros à une famille désargentée, des attributions des places de crèche toujours aussi... opaques, de ce maire qui dépense plusieurs millions pour racheter une équipe de basket de Levallois, les Metropolitans 92 alors qu'il baisse les subventions du plus grand club omnisport français de l'histoire, l'ACBB. J'aurais pu vous parler de sa volonté de faire construire un nouveau stade de 5000 places dans Boulogne-Billancourt pour plus de 60 millions et toujours sans avis de la population ni concertation dans un quartier déjà surchargé de voitures et d'immeubles. J'aurais pu vous parler de ce prêtre pédophile exfiltré du diocèse de Lyon (celui de Barbarin), condamné à six mois de prison pour abus sur un scout mais accueilli à bras ouverts à l'église de l'Immaculée Conception sans que personne n'ait été mis au courant. J'aurais pu vous parler de mobilité douce, de plan vélo (Boulogne ne possède qu'un kilomètre six de pistes cyclables contre 16 pour Issy) qu'on va vous vendre pendant les élections comme étant une priorité de la mairie alors qu'on a juste rajouté des pistes en sens interdit, j'aurais pu vous parler du skate-park dont on entend parler... depuis dix ans, j'aurais pu vous parler de cette magnifique exposition en 2019 sur les 700 ans de la ville alors qu'elle n'aura 700 ans qu'en... 2030. J'aurais pu vous parler de cette volonté de centrer cette expo à 95% sur l'église (clientélisme catholique oblige) alors qu'elle n'évoque presque rien de ce qui a fait l'histoire et la richesse de Boulogne-Billancourt : les blanchisseurs (un demi-panneau sur 40), rien sur le cinéma (les Studios de Boulogne, René Clair, Abel Gance), rien sur l'automobile (ni Renault, ni même une seule ligne sur l'Île Seguin), rien sur l'aviation (Santos-Dumont, Esnault-Pelterie, les frères Farman), rien sur les salons littéraires, les artistes, les architectes de renom, rien sur les années 30, Mallet-Stevens, Le Corbusier... mais non, l'église et juste l'église, c'est mieux. Comme si Paris faisait une grande expo sur son histoire... mais seulement sur Notre-Dame. J'aurais pu vous parler de tout ça mais ça aurait fait peut-être un peu trop pour un seul homme (et sa délicieuse équipe municipale).
Alors pour Boulogne-Billancourt aux municipales 2020, votez comme vous voulez, pour qui vous voulez... mais s'il vous plaît, votez. On a les représentants qu'on mérite, ne l'oubliez pas.
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