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Cinéma du mardi à Boulbi

Boulogne-Billancourt, ville de cinéma. Les studios de Billancourt, puis ceux de Boulogne, bien sûr. René Clair, Abel Gance, Gérard Philipe qui tourne aux Menus et au Parchamp dans Les belles de nuit, India Song de Marguerite Duras tourné au château Rothschild, longue est l’histoire de Boulogne et du 7e art. Mais ce qu’on sait moins, c’est que Boulogne-Billancourt fut aussi ville de cinémas. S’il ne reste plus actuellement que le Pathé Boulogne et l’Espace Landowski, Boulogne-Billancourt accueillit à une époque un nombre incroyable de salles de cinéma partout dans la ville. Rien que boulevard Jean Jaurès, il y eut Le Royal, Le Dôme, Le Variétés, le Capitole, le Paris, le Casino de Boulogne, le Sembat. Rien que ça. Petite revue d’effectif de ces lieux tous disparus. Hommage tout d'abord au plus grand, au plus beau des cinémas boulonnais : le Royal (ex Kursaal) au 131 bis Route de la Reine.

Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi

Toujours en activité jusqu'en 1985, le Royal proposait encore des films en soirée à 20h40 puis des matinées supplémentaires le mardi, samedi et dimanche. C'était à l'époque le dernier cinéma de Boulogne-Billancourt après avoir été l'un des premiers en 1911 (voir première image à droite). Construit par la famille Tenegal (qui possédaient aussi le Ciné-Tené, cinéma de 1922 à 1932 devenu plus tard boutique de l'Ours Martin), le Kursaal accueillait à la fois des spectacles de music-hall et des films. À la fin des années 20, son orchestre de dix musiciens était le plus réputé de la ville. Racheté par Pathé en 1935, il fut rénové par le célèbre architecte Bruyneel, auteur également du cinéma Marignan des Champs-Elysées. Vers la fin des années 50, le Kursaal changea de nom et devient le Royal avant de nouvelles transformations en 1961. Reste des souvenirs d'habitués glanés sur la toile de ci de là : "En face, le Royal avec la dame âgée qui vendait des jouets et des bonbons dans des bocaux au choix, la salle était pleine aussi avec les Disney et les de Funès... et le Parrain que j'avais vu avec ma mère..." ou encore : " C'est une page qui se tourne et qui me touche. Enfant j'y suis allé très souvent, le dimanche voir un film avec mes parents ou mieux assister à un spectacle de music hall, mes parents en raffolaient. J'y suis souvent allé le jeudi il y avait une séance après midi au prix de 1,00 NF (après 1960). Souvent des dessins animés des western des Charlot. Que de souvenirs en ce lieu." Et une belle programmation (voir ci-dessous).

Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
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Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi

Repris ensuite par une communauté religieuse, le Royal fut détruit en novembre 2011 pour laisser place à un énième programme immobilier.

Photos © JPD et Philippe Célérier
Photos © JPD et Philippe Célérier
Photos © JPD et Philippe Célérier
Photos © JPD et Philippe Célérier
Photos © JPD et Philippe Célérier
Photos © JPD et Philippe Célérier
Photos © JPD et Philippe Célérier
Photos © JPD et Philippe Célérier

Photos © JPD et Philippe Célérier

Quasiment en face du Royal existait un cinéma (et dancing) au 148, Route de la Reine, nommé l'Eden Dancing puis le Cinéma du Rond-Point Eden, visible à droite sur la première image et dont il ne subsiste aucun autre souvenir. Belle salle également de 650 places qui ne sont plus que bureaux rutilants et peut-être vides comme souvent dans cette ville.

Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi

Mais le gros des cinémas de la ville étaient dans le Hollywood Boulevard boulonnais de l'époque (sic), le boulevard Jean Jaurès jadis appelé boulevard de Strasbourg. Rien que dans ce boulevard, il y eut 7 cinémas en activité au même moment. Au n°6 du boulevard, près de l'église fut l'un des premiers, la Salle Pottier puis Casino de Boulogne, crée vers 1910 et fermé dans les années 30 dont il ne subsiste rien non plus (j'ai longtemps cherché) si ce n'est quelques paroles d'une chanson et une publicité pour la salle Pottier au coin de la rue des Tilleuls il y a fort, fort longtemps (voir dernière image ci-dessous).

 

Vivent les braves blanchisseurs,

voilà des gens qu'ont du cœur,

ils en abattent de la besogne

à Boulogne.

 

Mais quand arrive le sam'di,

comme il faut s'distraire,

ils s'payent l'cinéma Pathé

à la Salle Pottier !

À la Salle Pottier !

 

Les femmes adorent leur mari,

les gosses sont toujours gentils

On n'en voit jamais qui grognent

À Boulogne !

 

Car dimanche en matinée,

ils savent qu'on doit les emmener

Voir le cinéma Pathé

​​​​​​​à la Salle Pottier !

À la salle Pottier !

 

L'dimanche soir, de Billancourt,

de Sèvres et du Point du Jour,

Le public vient sans vergogne

à Boulogne !

 

Pour voir l'cinéma Pathé

Et tous ces gens épatés

R'viennent le lundi par milliers

à la Salle Pottier !

À la salle Pottier !

 

Pour contempler, c'est roulant,

l'pioupiou et la bonn' d'enfant

Les aventures d'un ivrogne

à Boulogne !

Faut aller au cinéma

C'est pour pas cher qu'on voit ça,

On s'tord aussitôt qu'on y est

à la Salle Pottier !

À la Salle Pottier !

 

En été quand y'a pas d'air,

s'il fait trop froid en hiver

On fait la tête, on s'renfrogne

à Boulogne.

Mais comme c'est aménagé

aussi bien qu'à l'Élysée,

on a l'sourire, c'est forcé

à la Salle Pottier !

À la Salle Pottier !

Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi

Plus loin dans la même avenue, au niveau 46 bis juste au coin de la rue de Paris se tenait... Le Paris, ex-Paris Cinéma, belle salle de 738 places tout de même avec neuf représentations par semaine jusqu'au mitan des années 70. Devenue ensuite salle des ventes, elle est depuis peu un Bricolex bien connu des amateurs de vis, boulons et autres fournitures pour se faire mal aux doigts. Aucune image d'époque non plus mais en guise de consolation, sachez que vous pouvez vous offrir des housses modernes un peu plus loin au 120, rue de Paris, si vous tenez au cuir Connelly de votre Jaguar.

Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi

En laissant la Route de la Reine derrière nous, nous continuons boulevard Jean Jaurès jusqu'au 71 où se situait le Cinéma Palace puis Cinéma Jean Jaurès puis le Vauban avec ses honnêtes 350 places et neuf représentations hebdomadaires. Aucune image d'époque malheureusement avant sa fermeture en 1968.

Cinéma du mardi à Boulbi

Si vous êtes une ou un habitué du shopping à Boulogne-Billancourt, vous avez peut-être franchi les portes du C&A qui fut jadis le Capitole, le plus grand cinéma de Boulogne avec 1630 places. Renommé ensuite Pathé Cinéma et Pathé Cinéma Palace, le Capitole ouvrit en 1930 et fut un haut-lieu de la culture boulonnaise avec Edith Piaf et Yves Montand sur la scène en 1946, Jacques Brel un peu plus tard en 1959 et des jeux radiophoniques diffusés en direct sur Radio Luxembourg, comme le jeu "100 francs par seconde". My C&A is rich. Réaménagé en 1970 par l'architecte Vladimir Scop, le désormais Palace fermera définitivement ses portes en 1975. Une seule image subsiste de ce Capitole/Palace dont on peut apercevoir les volumes à partir de la Villa Louis Lumière. Un mastodonte pour qui la dernière séance fut en 1980 et sera ensuite lui aussi transformé en grande enseigne comme nombre d'anciens cinémas.

Cinéma du mardi à Boulbi
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Du Sembat, ex-Paris, ex-Casino de Billancourt au 206, boulevard Jean Jaurès ne reste rien si ce n'est quelques souvenirs de bagarres devant l'établissement par d'anciens cinéphiles boulonnais et un bon film, un peu de baston, c'est déjà une soirée réussie. Fermé en 1975.

Cinéma du mardi à Boulbi

Au coin du boulevard Jean Jaurès (vers le 245) et la rue du Point du Jour exista de 1922 à 1932 le Ciné-Tené avec selon les témoignages un très joli bar pour l'entracte. C'est bien de penser à l'entracte. Le bâtiment fut touché par les bombardements, endommageant les films, les photos et la salle. Le propriétaire transforma ensuite le lieu en magasin dédié au sport et et à la jeunesse quelques années avant qu'il ne devienne le magasin de jouets le plus renommé de Boulogne, l'Ours Martin.

Cinéma du mardi à Boulbi

Un peu plus loin sur l'autre trottoir, au n°250 du boulevard Jean Jaurès, le Celtique fut une autre salle très courue par les Boulonnais. 500 places, neuf représentations par semaine, le Celtique est présent dans les programmes de 1938 jusqu'en 1975 où il ferma ses portes. Restent des souvenir d'amateurs de cinéma de l'époque : " Le Celtique, c'était une très belle salle dans les années 60, la salle était vraiment pleine avec les projections des Disney, Ben Hur, Les dix commandements etc... Je me souviens des balcons, un vrai théâtre, plus bourgeois que le Rond-Point (autre cinéma Route de la Reine) où j'allais tous les jeudis voir des westerns italiens, Django et autres, Il était une fois dans l'ouest, fascinant à l'époque, ou des péplums magnifiques, les boites de pop-corn, le bruit du panier de l'ouvreuse...". Les volumes spécifiques des salles de cinéma ont aussi prédestiné le Celtique à devenir une grande surface, ici un G20 après sa fermeture en 1975.

Cinéma du mardi à Boulbi

Mais le boulevard Jean Jaurès, s'il concentrait nombre de cinémas était plutôt bien entouré et dans toute la ville, on pouvait trouver des salles de concert et salles de cinéma comme l'Alhambra au 18, rue du Dôme, crée en 1913 sous le nom de Palais du Dôme et qui perdura jusqu'en 1938. Si le lieu n'existe plus, la "Buvette de l'entracte" (3e image) qui accueillait les spectateurs de l'Alhambra existe toujours. Et leurs currys sont plutôt très bon d'ailleurs.

Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi

Rajoutons un des tout premiers cinémas boulonnais au coin de la rue Danjou et de l'avenue Édouard Vaillant, le Casino de Billancourt (nom repris ensuite par un autre cinéma de Jean Jaurès) dont il reste une image et un plan de 1910 nous indiquant que c'est le propriétaire du Casino de Boulogne, monsieur Pottier, qui voulait étendre son empire à Billancourt avec le même casino rue Danjou. Ce qu'il fit mais pas d'autres informations sur la vie, l'œuvre, la mort du Casino de Billancourt.

Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi
Cinéma du mardi à Boulbi

Dernier cinéma notable avec des informations fiables, le Mignon-Palace, puis Théâtre des Variétés puis Artistic Palace et enfin Artistic tout court, ouvert en 1913 au 3 et 5, rue de Solferino. 925 places (une grosse salle) et 9 représentations hebdomadaires. La première façade rococo sera remplacée en 1934 par celle qui subsista jusqu'à nous malgré un horrible démembrement à des fins bassement immobilières. L'Artistic fermera définitivement ses portes en 1975 avant que le bâtiment, sauf la façade, ne soit démoli en 2008.

Cinéma du mardi à Boulbi
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Restent encore le Maura dont on ne connaît pas l'adresse, le Casino Cinéma anciennement 161, route de Versailles (désormais avenue du Général Leclerc), le Vox Cinéma, Sente de la Pyramide et coin du 131, rue de Silly, le Cinéma de l'Est rue de l'Ouest, non, je déconne, rue de l'Est (le Franprix, ci-plus bas), le Familial, rue de l'Ancienne Mairie, le cinéma du Théâtre de l'Ouest parisien et le Gaumont Ouest place du Parvis au Pont-de-Sèvres ouvert de 80 à 89 que vous pouvez retrouver ici sur ce lien qui me fut très utile pour cet article Anciens cinémas Gaumont Ouest comme celui-ci aussi sallesdecinemas.blogspot.com pour ses nombreuses infos. Et dire que lors de l'expo sur les 700 ans de Boulogne-Billancourt (bien que ce soit pour de vrai en 2030 mais ce détail n'arrangeait pas trop la municipalité actuelle), il n'y eut pas une seule ligne sur Boulogne-Billancourt et le cinéma. Pas une. Désespérant. Vivement la dernière séance.

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Retrouvez tous les articles de ce blog sur Boulogne-Billancourt ici : Boulbi stories

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S
Il est insensé de pleurer des choses qui ne se sont pas produites - des espoirs non réalisés, des rêves brisés, des attentes déçues.
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