La gare Saint-Charles est en permanence parcourue, dans le cadre du plan "Vigigare", par des militaires armés de mitraillettes qui accompagnent des policiers dans leur patrouille.
Devant cet énième contrôle d’identité, j’éprouve comme un malaise : pourquoi si peu de bienveillance ? Faire quelque chose pour apporter un peu de douceur. J’adopte alors une posture
théâtrale et je lance, en pointant l’index vers les policiers, « Sarkozy je te vois, Sarkozy je te vois ».
Aussitôt, un immense éclat de rire s’empare des spectateurs. Je porte un costume, une cravate et une serviette en cuir. J’ai sans doute l’air ridicule, mais qu’importe, les rires ont fait
redescendre la tension. L’un des policiers se dirige vers moi : “Vos papiers, s’il vous plaît !”. Son collègue le rejoint quelques instants plus tard. Cependant, la sérénité courtoise
que j’affiche permet de détendre l’atmosphère entre les policiers et moi.
Les policiers m’invitent à les accompagner jusqu’au commissariat de la gare. Ils sont très gentils.
A ce moment-là, les choses prennent une tournure délicieusement administrative. Les deux agents procèdent aux vérifications d’usage. Les choses deviennent automatiques. Ils exécutent
machinalement ce qu’ils ont à faire : c’est la procédure.
De mon côté, je réponds tout aussi machinalement aux questions qui me sont posées. C’était respectueux, chacun dans son rôle. C’étaient des travailleurs comme moi, impuissants comme moi face
aux excès du sarkozysme.
Je leur ai présenté mes excuses pour la gêne technique occasionnée. Puis je suis sorti et j’ai oublié cette histoire. À l’intérieur de la gare, la vie avait repris son cours normal, avec
son brouhaha et les bruits des motrices.
De mieux en mieux... Après le "Casse-toi, pauv' con", après les amis à tous les postes de l'état, des médias, des tribunaux, n'oubliez pas désormais de faire très attention à vos doigts.
Oubliez "mes mains ont la parole", nous sommes passés à l'ère de "tes mains feraient mieux de fermer leur gueule sinon tu vas aller faire un tour à l'ombre". J'espère que la poilce du Net n'a
pas hacké la caméra de mon mac et qu'ils ne voient pas le geste que je fais de la main gauche pendant que je finis de taper allègrement mais énervé cet article avec les doigts de ma main
droite. Des fois que, dès demain, je mets du chatterton dessus quand je ne m'en sers pas. Prends ça, Nico.