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Me'Shell ma belle


... sont évidemment deux mots qui vont très bien ensemble, tout le monde le sait depuis le temps qu'on nous serine avec la chanson de nos amis liverpudliens. Mais ce n'est pas de la Michelle des Beatles dont je veux vous parler. Une Michelle imaginaire d'ailleurs, contrairement à la Lucy in the Sky with Diamonds des même Beatles qui exista vraiment puis qu'elle passa de vie à trépas très récemment. La Me'Shell en question n'est pas française, pas même imaginaire mais citoyenne du monde puisqu'elle naquit à Berlin en Aout 68, vécut à Washington DC, oui comme les comics, avant de choisir New York comme terre d'attache. Son père était militaire de carrière et pas franchement rigolo mais bon, dans la Grande Muette, on n'est pas là pour la déconne non plus. Sa mère était une parfaite dévote avec bible, chapelet et crucifix de série. Bref, chez les Johnson, son vrai nom, c'était pas l'éclate tous les jours. Néanmoins, son père étant à la fois Lieutenant et saxophoniste de jazz, elle eut très tôt une éducation musicale qui lui ouvrit grand les esgourdes à de la musique de qualité qu'elle commença à pratiquer dans les clubs de jazz de Washington.




Alors que Me'Shell avait un nom très simple, Michelle Johnson, sorte de Germaine Pichon anglo-axon, elle décida que c'était vraiment beaucoup trop commun pour se lancer. Elle opta pour un nom imprononçable, Ndegeocello qu'il faut néanmoins tenter de prononcer Eindéguéotchello ou quelque chose comme ça. Et si je ne vous ai pas encore dit que "Ndegeocello" veut dire "libre comme un oiseau" en Swahili, désormais c'est fait. Je ne vous parle même pas, ah si zut, de son premier nom de scène encore plus complexe : Me'Shell Suhaila Bashir-Shakur qui veut peut-être bien dire "Passe moi les travers de porc Sel-Poivre" en Bengladeshi mais comme je n'ai aucune certitude, je préfère ne pas m'avancer plus que ça, c'est donc une totale supposition que j'assume pleinement. C'est pour ça que finalement, c'est bien plus simple de juste appeler la belle Me'Shell. Avec une apostrophe comme dans Pivot.




Me'Shell tout court n'est pas très connue du grand public. Il faut dire, hop c'est dit, qu'elle atteint rarement les sommets des hit-parades sauf une fois en 1994 avec
"Wild Nights" une reprise de Van Morisson, accompagné par John Cougar Mellencamp. Me'Shell préfère flatter le pavillon des puristes qui n'a rien à voir avec celui des cancéreux qui est à gauche puis deuxième à droite. Me'Shell est une sommité dans sa partie : la basse. Avant de se lancer dans une carrière solo, elle a travaillé pour des débutants comme les Rolling Stones et pour un paquet d'autres divas qui ont bon goût comme Herbie Hancock et Chaka Khan par exemple. Juste pour vous donner le niveau. C'est Madonna qui fut la première à lui donner sa chance au moment où elle voulait tout arrêter après s'être entendu dire par un abruti sans nom et surtout sans oreilles qu'elle "ne groovait pas, que ses paroles manquaient de quelque chose, qu'elle "sonnait" comme un homme et que de toutes façons, l'androgynie étant passée de mode, elle n'avait aucune chance". Ramenez-moi ce connard que je lui passe "Mozart", la comédie musicale, enfin, musicale c'est un bien grand mot en boucle pendant une semaine histoire de lui refaire les tympans.




Fort heureusement, Madonna se trouvait en septembre 93 au New Music Café de Manhattan et resta scotchée par son talent de bassiste, de chanteuse et de compositrice. Trois semaines plus tard, Me'Shell se retrouva toute tremblante chez la Material Girl, qui, tout en mangeant des gateaux de riz, écouta ses premières compositions et décida instantanément de produire son premier album "Plantation Lullabies" sur son nouveau label Maverick Records. Comme quoi, le gateau de riz ne rend pas sourd, à l'instar de la masturbation. Et boum, trois nominations aux Grammy Awards pour ce premier opus, savant mélange de rap, de funk, de rock et de ballades, le plébiscite de la plupart des meilleurs musiciens de la planète et un premier succès dont rêvent encore la majorité des élèves de la Star Ac'. Mais entre reconnaissance du milieu et célebrité mondiale, il y a un grand pas que Me'Shell n'avait pas forcément envie de franchir. Car Me'Shell, belle et rebelle, n'est pas à une contradiction près.




Me'Shell est ouvertement lesbienne mais elle a un fils, Askia, de 21 ans. Me'Shell dit qu'elle a toujours été attirée par les hommes mais elle se sent fondamentalement plus en phase avec les femmes. Elle a d'ailleurs vécu et élevé son fils avec Rebecca Walker, écrivaine américaine. Me'Shell est aussi engagée dans de nombreuses causes telles que les droits des homosexuels, des femmes, des noirs, pardon, des afro-américains qu'elle est discrète dans sa vie privée, pardon, personnelle. Me'Shell a la foi mais elle dit très souvent des gros mots comme"biip", "biip" et "biip" à la télévibiip. Ses textes sont très poétiques mais également très durs, fortement engagés sur des sujets pas évidents. C'est pas du Lara Fabian, on vous dit. On pourrait croire que Me'Shell est bipolaire mais on vous a aussi dit qu'elle aimait les hommes et les femmes et pas les ours, donc non. Elle est juste bi et joue de la basse. Ce serait bien que vous soyez un peu plus attentifs, surtout vous là bas, au fond. En bref, Me'Shell est aussi complexe que l'est sa musique.




Car si on peut appréhender à la
première écoute sa musique comme de la bonne soul, du bon jazz ou du bon rap qui fait du bien, quand on gratte un peu on se rend compte de la densité, de la qualité et de la délicatesse géniale de ses compositions. Ecouter un album de Me'Shell, c'est une redécouverte à chaque fois tant on n'avait pas entendu cette petite ligne de xylophone cachée au fond du mix qui fait tout, ce ronflement de la basse qui met le feu ou ce petit break monstrueux que l'on n'avait pas entendu de prime abord mais qu'un vieil ami percussionniste têtu s'evertue à te faire comprendre à quel point c'est extraordinaire à grand renforts de "Mais écoute ça, woaaah" en remettant quatorze fois la même séquence musicale de trois secondes pour bien te faire comprendre que tu viens de vivre une expérience unique et que le génie qui s'escrime dans les baffles de ta chaine stéréo mérite une attention soutenue (oui, j'ai encore un chaine stéréo et j'écoute en entier en étant concentré de la première à la dernière seconde des disques, ces trucs ronds bientôt introuvables dont on n'a pas coupé les basses et les aigus pour que ça rentre dans un mp3 pourri, grrr, je déteste ça, j'ai rien dans mon ordi, je ne suis pas geek pour la museek).




Un album de Me'Shell, c'est un écheveau complexe avec plusieurs niveaux d'écoute. C'est une dentelle ouvragée pour oreilles bien dégagées. Un disque de Me'Shell, c'est une basse qui vous tient les testicules bien serrés dans le creux de la main (sauf pour les filles, trouvez autre chose), c'est du groove qui me ferait presque bien danser (non, je déconne), c'est une symphonie parfaitement achevée jusqu'à la dernière seconde du silence qui s'installe après le dernier morceau comme dans Mozart qu'on assassine. Si je devais vous en recommander un, je serai bien emmerdé mais comme je me suis lancé, j'en suis fort marri alors je vous conseille d'abord son premier album "Plantation Lullabies" de 1993, de vous mettre confortablement à équidistance de vos enceintes, de mettre le son à un volume non négligeable après avoir prévenu vos voisins de vos intentions et d'attaquer directement sur "I'm Diggin' You", la chanson numéro deux (la 1 étant juste une introduction). Ensuite, si ça vous plaît et vous avez intérêt sinon inutile de lire ce blog à l'avenir, je vous conseille de laisser couler ensuite cette galette de richesses sonores jusqu'à la dernière chanson "Two Lonely hearts" qui est pour moi une de mes préférées tellement ça me fait des trucs indicibles de la tête aux pieds et dans le dedans. Et après, vous pouvez acheter le deuxième, le troisième, le quatrième et ainsi de suite car l'autre avantage avec Me'Shell, c'est qu'aucun album ne se ressemble.  La qualité reste toujours au rendez-vous quelle que soit son humeur et sa musique. Pour retrouver plein d'autres titres de Me'Shell, bande de fainéants, allez sur Youtube ou Dailymotion et tapez son nom compliqué sans fautes d'orthographes et vous trouverez votre bonheur. Je ne vais pas tout vous mâcher, ho, hé, hein, bon. Les décibels de Me'Shell se méritent. Allez, au boulot. Et vite.




Un petit cours de slap pour les apprentis bassistes.














 Et pour en savoir plus sur elle, Me'Shell a un site officiel très nourri que je vous recommande sinon, je ne vous en parlerai même pas et qui se trouve non pas ici ni là, peut-être là, ah non, bon alors juste ici : link

 

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N
c 1 beau partage, merci
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