7 Mars 2013
... Si le silence est généralement d'or, celui de Comès était fait du plus bel ébène et d'un ivoire rare. Didier Comès, de son vrai nom belgo-germano-français Dieter Herman, est parti hier sur la pointe des pieds, sans un bruit, comme à son habitude. Quand j'étais petit, ma maman recevait l'excellent magazine "À Suivre". Dès que j'y ai découvert le trait si particulier de Comès en 1979, j'ai adoré. Elevé à Hugo Pratt, ayant suivi Corto Maltese partout à travers le monde de Bahia jusqu'à la mer Salée, ça ne pouvait que me plaire. Mais là où l'expression de Pratt était ultra-moderne dans le trait mais classique dans sa mise en forme, Comès lui faisait sauter les pages. Il inventait une nouvelle forme de récit, plus libre, plus contemplative, plus axée sur le lecteur à qui il laissait une part d'imagination dans chacun de ses dessins. Une de mes premières émotions intense de bande dessinée. Merci maman. Et surtout, merci Comès.
Si vous n'avez lu ni Silence, ni La Belette ni les autres bande dessinées de Comès, ruez-vous. Ca vaut le coup.