30 Novembre 2010
... Shark Ozzie n'avait pas autant ri depuis le jour où il avait été attaché au poteau de torture par les Arapahos afin d'être chatouillé à mort par leurs terribles fourmis rouges. Mais les insectes, l'ayant rapidement trouvé abject l'avaient délaissé pour se retourner contre leurs maîtres. Les indiens auraient dû le savoir, Shark était connu pour son mauvais goût. Pour preuve, cette montre-gousset en or d'origine suisse, verroterie ostentatoire qu'il montrait à tout le monde, en toute occasion. Mais la cause de l'hilarité du jour de Shark était bien humaine. Rebecca Sin était de retour en ville. La passionaria de la nullitude, la reine de la conneritude, l'impératrice de l'égocentrismitude était de retour à Chihuahuan. Et dans un grand moment de bravitude, elle annonça à la foule sa candidature.
Pourtant, l'échec qu'elle avait subi il y a trois ans lors de l'élection au poste aurait dû lui faire comprendre que personne ne la prenait au sérieux, que pas un peone ne mettrait un peso sur elle et que le Stetson lui allait beaucoup moins bien que le bibi Vichy. Rebecca n'en avait cure et se présentait à la place de Shark Ozzie, son propre cousin. Car oui, comme le disait parfois honteusement Shark : "Rebecca Sin, c'est ma cousine". À la mode de Bretagne certes mais c'est une longue histoire et on ne va pas faire toute la généalogie des Ozzie depuis 1666. Pimpante, apprêtée dans une toilette savamment étudiée pour l'occasion, Rebecca Sin déployait ses charmes pour tenter de convaincre l'assistance du bien fondé de sa candidature. Son programme : elle voulait l'étoile de Shark, les prérogatives de Shark, le fauteuil de Shark, le poste de Shark, bref, elle voulait être Sheriff à la place du Sheriff. Et elle n'en démordait pas, fière comme Art Haban, le boss du bar-tabac du coin.
De loin, El Diez K (voir les épisodes précédents ici : La vie est un Western ) observait la situation sous son sombrero, amer, traversant en cet instant un océan de vide (à la mémoire de ses frères dont les sanglots si longs faisaient couler l'acide). Lui aussi rêvait secrètement de l'étoile mais attendait pour se prononcer. Désormais à la tête de la Fuerza Mexicana International (FMI pour les intimes), il avait d'autres chats à fouetter. Tout El Diez K qu'il était, il avait parfois besoin de passer ses nerfs sur un infortuné félidé qui tâtait ainsi de son cuir tanné. Du coup, plus une chatte ne l'approchait à 500m tant sa réputation le précédait. Un vrai chat noir.
À suivre...
L'original, partout dans la presse avec les déclarations de Bécassine.