... Au fin fond du fond de la terrible réserve indienne de Strawsburg, la plus éloignée du comté, la tribu des Arapahos
était parquée dans de vieilles grottes troglodytes à flanc de montagne. Au bout du bout de cette montagne, il y avait une grotte quasi inaccessible que tout le monde connaissait. Et au fin fond
de cette derniere grotte habitait, seule avec un bébé, une squaw. D'où le nom de la grotte : "La Grotte de La Squaw." Logique. La propriétaire, Œil-de-Biche-Mais-Haleine-de-Crotale, de son nom
indien Rashee-Ta-Tahtee,se morfondait sévère à la réserve pour ne pas dire qu'elle se faisait gravement
chier car ce serait grossier et on m'a toujours dit "Sois poli si t'es pas joli" alors au moins, je suis poli.
Rashee-Ta ne supportait plus de cette vie lointaine, morne, lancinante où le seul cuir qu'elle tannait était celui de sonfainéantpostérieur quand elle daignait encore s'asseoir au Conseil pour donner son
avis de temps en temps. En cachette, elle envoyait des messages à ses squawpines en faisant des petits nuages de fumée pour tuer le temps. Elle, tout ce qu'elle voulait, c'était retourner vite
fait à Chihuahuan à la première occasion et postuler pour être danseuse de Saloon. Son rêve ultime. Rashee-Ta était la meilleure danseuse de la tribu mais curieusement, dès qu'elle entamait la
Danse de la Pluie, des diamants tombaient du ciel comme par enchantement. Dès lors, Rashee-Ta s'étaitmiseà apprécier ces babioles futiles et se disait qu'à la ville, elle pourrait les
revendre pour dévaliser les magasins et s'acheter des robes comme celles des femmes de cowboys et puis elle montrerait ses jambes sur scène dans un French Cancan torride car elle avait toujours
voulu être une artiste pour pouvoir dire pourquoi elle existe et pouvoir faire son numéro, à Chihuahan, à Rotterdam ou à Rio. En gros. Une mégalo squaw. Une capricieuse. Une petite bateleuse.
Décidée, elle envoya un nouvel sms, un Stratus, un Mulus, un Stratus, à sa copine Ta-Ka-Kakté, Celle-qui-Parle-plus-Vite-que-son-Ombre-qui-Parle-déjà-Vite-Pourtant.
"Pouvoir... Plus... Pas possible... Stop... Marre Réserve... Strawsburg...Stop...Bientôt... Massacre...Stop...Moi... Changer... Le monde... Marcher... Danser... Chanter... Que voix se
confondent...Stop.... Mais Obligée Rester...Stop...Révolte gronde... Fraternité...
Humanité...Chemins liberté...Stop... Emmerderacines profondes... Eternité sans... Cartier... Ladurée... Poiray...Stop...Me manquer... Faire chier
...Faire chier ... Faire chier ...Stop."
Depuis que les indiens s'étaient intéressés au télégraphe, ils avaient gardé cette habitude de rajouter "Stop" même dans leurs messages en nuages. Vraiment, tout se perdait. Il y avait quelque
chose de pourri dans le Comté de Chihuahuan. À commencer par Rashee-Ta.
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Ah bon quoi ? Désolé, je n'ai pas compris ton commentaire...<br />
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F
Francesca
15/12/2009 19:12
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Dites donc, Môssieur-Gillet-frère-aîné, les gens qui vivent avec vous, ils arrivent à manger leur potage, à se doucher ou à lire quand vous êtes là ?<br />
Ou bien ils vivent pliés de rire toute la (sainte)journée ?<br />
Parce que moi, je craaaque...<br />
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