25 Juin 2015
... Jamais Chihuahuan n'avait tant été en émoi, sauf peut-être lors du passage de la troupe de la plantureuse Rosalynn Bachlow mais faut dire qu'elle était sacrément gourmande, la gourgandine une fois libérée de tous ses taffetas et autres froufrous accessoires. Petite bourgade calme à l'exception des règlements de compte dans la grande rue, des bagarres du lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche soir au saloon et des attaques régulières d'Indiens / Pistoleros / Desperados / Mercenaires Sudistes / Mexicains (rayez les mentions inutiles), Chihuahuan ne bruissait plus que de l'Affaire avec un grand A, comme dans plein de mots avec un A en début de phrase et les noms propres. Mais qui donc pouvait bien espionner les sherifs successifs de Chihuahuan ?
Il avait suffi que Manoel, le premier adjoint de Frankie Lowland, s'encanaille un peu pour que le pot au rose soit découvert. Dans sa frénésie, Manoel valse trop près et renverse le bitonio au milieu de la table qui était là depuis des lustres. Oui, celui-là même dont personne ne savait à quoi il servait, celui qui ressemblait à un cendrier avec une poivrière dedans mais en fait non, goddam, dirty old bastards, c'était un micro ! Un micro qui enregistrait toutes les conversations autour de cette table depuis des lustres puisqu'on vous a dit qu'il était là depuis des lustres et ce, malgré le fait que les micro-technologies n'avaient pas encore été inventées et qu'on en était toujours à l'époque du fil qui chante. C'est vous dire l'émoi. De vous à moi.
C'était un coup des Indiens. Ils sont forts ces indiens. D'ailleurs ne dit-on pas "Indien vaut mieux que deux tu l'auras" ? Alors. Quelque années auparavant, une tribu d'indiens massacra une jeune famille asiatique qui venait de s'installer dans l'Ouest pour ouvrir un restaurant de sushis en plein désert. Pas évident pour le poisson mais bon. Le grand chef laissa la vie sauve à leur étrange bébé aux yeux vraiment très bridés. Sa femme qui n'arrivait pas à lui donner de papoose l'adopta et le baptisa Soh-Nee, soit Petit Soleil Levant. Grandissant au sein de la tribu, Soh-Nee découvrit à son tour les secrets indiens et développa une étrange machine permettant d'écouter les tamtams partout dans la sierra en marchant en même temps. De ce jour, l'apache aux yeux bridés gagna un surnom qui jamais ne le quitta : "Walkman" Soh-Nee. C'est par la suite qu' il développa le micro, le transistor, la Betamax, le CD et le BlueRay parce qu'on se faisait vite chier l'hiver sous le tipi. Ci-dessous, une rare photo de Soh-Nee à Chihuahuan avec le nouveau cheval de Shark Ozzie.
Car n'oublions pas Shark et son mentor le grand Jack Shayrak. Eux aussi commençaient à s'inquiéter car ils en avaient raconté des conneries autour de ce bitonio alors qu'ils étaient aux affaires à Chihuahuan. Les pièces jaunes mystérieusement disparues chaque année pour une soit-disant bonne cause, les histoires avec Lily Ann Bettenshort, les affaires louches avec les Qatarees et le gang de Big Ma'Lyon... Si les Indiens connaissaient tout de leurs secrets, ils ne donnaient pas cher de leurs peaux. Et de la peau au scalp, on n'était pas loin. Bref, ça fouettait sévère à Chihuahuan, plus encore qu'un lendemain de Chili Day avec de la viande frelatée. Il y avait décidément quelque chose de pourri au royaume de Chihuahuan.