28 Octobre 2015
Bien avant Diego Armando Maradona et ses narines poudrées, bien avant Paul Gascoigne et ses cuites carabinées et d'autres footballeurs de talent qui le perdirent dans leurs errances (non, Patrice Loko, range-moi ça tout de suite), il y eut George Best. Déjà, un nom qui claque. Ensuite, un talent. Un talent qui saute aux yeux même quand on n'aime pas le football. Regardez cette vidéo de ses plus beaux exploits et dites-moi franchement dans les yeux que cet homme n'est pas un Nijinski, que ses appuis ne sont pas dignes d'un Mohamed Ali, qu'il n'est pas beau comme une symphonie de Schubert.
George Best était un prodige autant qu'un esthète. Né en 1946 dans les quartiers ouvriers de Belfast, George n'a pas un début de vie facile entre une mère alcoolique à l'avant-dernier degré (le dernier sera pour lui) et un univers peu reluisant de guerre civile entre catholiques républicains et protestants unionistes. Mais fort heureusement, George a un talent qui ne restera pas caché longtemps. Avec la balle ronde, le gamin est un démon. Inarrêtable, insatiable, génial. Bob Bishop, recruteur de Manchester United est à Belfast pour "scouter" comme on dit dans le métier. Il tombe sur George et un de ses copains et envoie un télégramme en urgence à Matt Busby, le légendaire manager de Manchester United : "J'ai trouvé deux jeunes, un bon et un génie".
Ainsi débute la carrière de George Best. À chaque dribble, les défenseurs quittent leurs slips. À chaque accélération, George casse les reins comme d'autres des briques. En 1963, George débute comme professionnel à 17 ans et 4 mois et dès sa première action, il ridiculise le défenseur adverse en réussissant un grand pont.
Il devient champion d'Angleterre avec Manchester en 1965 et 1967 et gagne la Coupe d'Europe des clubs champions (l'ancêtre de la Champion's League) en 1968 en marquant le but de la finale. À 22 ans, il est Ballon d'Or. George est une popstar, on l'appelle même le Cinquième Beatle. Faut dire qu'en plus de son talent, le George a belle gueule et forcément, beaucoup de succès auprès de la gent féminine.
Mais George a aussi ses démons, issus de maman probablement et ce talent unique va se déliter sous l'effet de l'alcool ingurgité en quantités astronomiques. À côté de la consommation de George, on peut dire que Gérard Depardieu est sobre, c'est vous dire. Dès le départ de Matt Busby en 71, son père spirituel, George se perdra totalement dans l'acool. Il quittera l'équipe en plein milieu de championnat en 72 puis sera définitivement viré de Manchester United en 74 avant d'enchaîner les clubs mineurs pour finir de se brûler les ailes sans trop s'emmerder avec le football. D'ailleurs, George résumera parfaitement sa situation avant de mourir à 59 ans d'une infection pulmonaire : "J'ai dépensé énormément d'argent en alcool, en filles et en bagnoles. Le reste, je l'ai gaspillé. Cela a raccourci ma carrière, peut-être ma vie mais je mentirais si je disais que je regrettais tout ça." So long, George.