Du Flan dans la Prairie

... Après l'incroyable coup de tonnerre ayant vu Shark Ozzie mordre la poussière et Frankie Fillone abattre pour de bon Alan Jippey, nul ne pensait à Chihuahuan revivre une telle surprise avant longtemps. C'était sans compter sur Frankie Lowland qui annonça soudainement qu'il refusait de poursuivre comme shérif de Chihuahuan. He shot the sherif. Et tout seul, s'il vous plaît.

Frankie Lowland en avait soupé de la chaleur du désert, du chili pourri et du whisky frelaté. Il voulait retrouver les basses plaines de son enfance (d'où son nom). Et surtout, Frankie souhaitait les faire découvrir à Julee Gayeah, sa compagne qui en avait un peu marre d'attendre dans son bureau depuis 5 ans.

De son côté, Frankie Fillone jubilait depuis sa victoire et fourbissait ses armes en vue de la prochaine élection. Colt, Winchester, Remington, Hotchkiss, tout y passait. Il huilait et astiquait comme jamais il n'avait astiqué avant. Bon, après, c'était pas non plus le genre à astiquer toutes les cinq minutes, le Frankie. Jamais de boogie woogie avant la prière. Jamais. Et pas souvent non plus après.

Tout autour de lui, des comités de soutien fleurissaient. Les plus bigotes des bigotes se pâmaient devant Fillone, sa droiture, sa rigidité quasi cadavérique et son air austère de monastère du Finistère. Le plus grand groupe de ses admiratrices, les LMTP (pour Lunatic Mothers Tea Party) priait à chacune de ses apparitions, l'exhortant à chasser le vice de Chihuahuan. Elles n'avaient vraiment aucun sens commun car entre les hôtels borgnes, les saloons, les filles de mauvaise vie et la tequila à gogo, il y avait du boulot.

Mais la route dans Frankie Fillone n'allait pas être aisée pour autant. Face à lui désormais se tenait l'ancien adjoint de Frankie Lowland, le terrible Manoel Waltz, arrière-arrière-arrière-grand-père du célèbre acteur Christopher Waltz. Une vieille famille viennoise dont on n'a depuis plus de nouvelles, d'où la récurrente question : mais que deviennent, que deviennent les Waltz de Vienne ? Manoel avait la particularité de pouvoir tirer à gauche tout en regardant à droite. Un don qu'il employait souvent avec son Colt 49.3 et qui le rendait très dangereux.

Hormis Waltz, il se sussurait à Chihuahuan qu'un autre obstacle pourrait se dresser d'ici peu face à Frankie Fillone. Christy-Ann Tobiwa était, paraît-il, en ville. Mais elle restait encore dans la pénombre, attendant que son heure sonne trois fois, comme le train qui sifflait parfois pas loin.

Malgré sa petite taille, Christy-Ann Tobiwa était légendaire pour sa pugnacité, sa droiture et la précision de ses tirs avec sa Winchester calibre 12 avec des cartouches de 44-40. Allait-elle faire parler la poudre ? Réponse dans le prochain épisode de La Vie est un Western.