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Le chasseur déprime

 

... Même au cœur du pire des charniers du Général Custer après dix bons jours d'incubation sous le soleil, même à l'arrière des cuisines les plus mal famées du plus paumé des trous à rats à l'ouest du Pécos, même dans les toilettes des saloons les plus glauques des villes-champignon de la conquête de l'ouest, ça ne sentait pas aussi mauvais que l'odeur qui rôdait autour de Klaus Gayhand en ce moment. Il était mal, Klaus. Le desperado onaniste d'origine germanique amateur de tableaux hollandais vendus par un avocat malais (n'allez pas demander ce que fait un Malais en plein western, aucune idée) venait d'entendre la sentence du juge Roy Bean tomber, irrévocable et implacable. Il allait au trou pour un an. Et inutile de vous dire (mais on va vous le dire quand même) que le trou de la prison de Chihuahuan n'avait rien de reluisant. Un vrai trou à rats, ce qui pour Klaus Gayhand et eu égard à l'ensemble de ses méfaits, se résumait à retrouver des membres de sa famille.

Le chasseur déprime

Tout ça pour un ridicule détournement de quelques milliers, bon, quelques dizaines de milliers, bon, quelques centaines de milliers de dollars dans la caisse de la ville. Une broutille comparée aux agissements passés de Jack Shayrack ou de Charlie "Gold Digger" Paskwa. Mais eux ne s'étaient pas fait pincer comme des pieds-tendres, la main dans le pot de confiture. Désespéré le desperado. À l'ombre, hombre.

Le chasseur déprime
Le chasseur déprime

Déjà qu'il s'était pris une première claque par le vil Teddy Solerr (voir ci dessus et dans  il-etait-une-fois-dans-la-banlieue-ouest et et-viva-la-collusion), ensuite cette histoire ridicule de tableaux de petit maître hollandais qu'on lui reprochait d'avoir acquis dans des conditions douteuses par le bais d'un avocat malais au dessus de tout soupçon. L'homme était respectable et Klaus Gayhand avait beau répéter "Honni soit qui Malais pense", ça ne convainquait personne. D'autres mettaient en doute son amour de l'art pictural alors qu'il était vraiment féru de peinture - d'ailleurs, à l'occasion ne sortait-il pas quelques aquarelles de sa besace pour prendre le temps de croquer la beauté indécente du grand spectacle de la nature ? - Non - mais c'est pas une raison, une fois il y avait songé le temps d'un soupir puis il était parti trucider une pelletée d'innocents contre quelques pesos comme tout desperado qui se respecte. Pour l'onanisme, c'était avant tout un choix personnel car on n'est jamais mieux servi que par soi-même quand personne d'autre ne veut.

Le chasseur déprime

Shark Ozzie était bien embêté pour son vieil ami mais lui aussi se faisait tout petit en ce moment, enfin tant que faire se peut. Il avait adopté une nouvelle stratégie de camouflage consistant à se cacher sous un immense sombrero qui le couvrait entièrement. Il passait des jours comme ça, à tenter de se faire oublier. Un stratagème qui marchait bien... pour l'instant. Mais Shark n'était pas serein et il sentait que le vent tournait pour lui. Et comme ça sentait vraiment mauvais pour Klaus Gayhand, Shark Ozzie se prit à son tour l'odeur de plein fouet. Désormais aussi imprégné qu'après une rencontre avec un putois en chaleur, Shark n'était plus en odeur de sainteté à Chihuahuan. Et comme les pensionnaires de la prison n'étaient pas des enfants de chœur, Shark préférait laisser ça à Klaus Gayhand. Il lui avait tant délégué dans le passé, autant continuer. Et puis, se dit Shark, "Ça le changera un peu des plaisirs solitaires". Shark rigola. C'était vraiment petit de sa part mais on n'était pas à ça près venant de lui.

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