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Boulbi Stories #1

Ayant fait il y a peu l'acquisition de deux ouvrages anciens sur l'histoire de Boulogne-Billancourt et étant féru d'histoire pour comprendre les choses, je vous propose aujourd'hui un retour dans le passé sur cette ville. Si vous n'en avez rien à foutre, à demain. Si ça vous tente, c'est ci-dessous.

Carte de Paris et ses environs vers 1400.

Carte de Paris et ses environs vers 1400.

En 1134, Menuls-les-Saint-Cloud n'était qu'un tout petit village en bordure de la foret du Rouvray (notre Bois de Boulogne étendu jusqu'aux Tuileries) dans une plaine faisant face à Saint-Cloud. Un village constitué d'une communauté paysanne, serfs évidemment, fournissant au seigneur les prestations d'usage (file-moi ton blé, je te protègerai). La première référence historique de ce nom revient à Louis VI le Gros qui fit don à l'Abbé de Montmartre d'un "Village qui s'appelle Menuls, situé devant, près Saint-Cloud, avec ses vignes, ses prés et son bois". Il en restera le seigneur jusqu'à la Révolution. À l'époque, pas très joyeuse, la lèpre terrasse toute l'Europe. Un peu partout, on les éloigne en les chassant des villes et des villages pour éviter la contamination. Peu de temps après le don des Menus, un des évêques de Paris fonde une léproserie appelle La Maladerie ou La Maladrerie qui se trouvait entre l'actuelle avenue Jean-Baptiste Clément et la rue de Paris et à cheval sur la rue de Bellevue (qui s'appela longtemps rue de la Maladrerie).

Carte de 1740.

Carte de 1740.

Mais Boulogne doit avant tout son histoire à une union. En 1204, Philippe Auguste fait construire une enceinte autour de Paris et le château du Louvre, forteresse située à l'emplacement du Louvre actuel. Comme il ne guerroie pas tous les jours contre les vils Rosbifs, il rachète la forêt du Rouvray pour pouvoir chasser tranquille. Passons vite sur Louis VIII, Louis IX (Saint-Louis) et Philippe III, le Hardi pour arriver à Philippe IV, dit le Bel. En janvier 1308, le beau Philippe part clopin-clopant à Boulogne-sur-Mer pour célébrer le mariage de sa fille Isabelle (a les yeux bleus, bleus les yeux Isabelle a) avec le roi d'Angleterre Edouard II. Depuis des siècles, il existait dans cette ville un pélerinage fort célèbre mais à l'époque, pas d'autoroute, pas de sandwichs Daunat, pas de McDo tous les 10km donc la route était longue, très longue, très très longue à cheval. Pas loin d'une semaine. En rentrant, Philippe qui avait beau être Bel mais qui n'était pas con non plus se dit que ce serait bien d'avoir un pèlerinage pas loin. Il demande à son fidèle bras droit Gérard de la Croix de lui trouver un chemin propice à l'édification d'une église en l'honneur de Notre-Dame mais moins loin que l'autre, loin, là-bas et dans une Charte, il organise tout ça : "Philippe, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, signifions à tous, présents et à venir, proposant entre eux de faire bâtir pour la gloire de Dieu (blablabla) et l'honneur de la glorieuse Vierge (bla bla) quelque église dans la ville des Menuls proche Saint-Cloud et d'y ériger une confrèrie qu'ils puissent fonder ladite église dans la dite ville. Fait à Viviens-en-Brie, l'an du seigneur mil trois cent dix neuf, au mois de février".

Gravure d'Israël Silvestre. 1760.

Gravure d'Israël Silvestre. 1760.

Philippe le Bel mourra avant que son idée soit réalisée mais son fils, Philippe V, sensible aussi au fait de ne pas être obligé de se cuquer ce long voyage accède au souhait de son père. Le Roi demanda quand même l'autorisation au Pape de l'époque, Jean XXII, un Avignonnais, qui ordonna dans une bulle du 13 aout 1329 à l'évêque de Paris d'ériger les Menus en paroisse. La première pierre de l'église fut posée le 2 février 1320 (je me souviens, c'était un mardi, on bouffait du riz cantonnais et puis ils ont chargé... les flics) et Hugues de Besançon l'évêque de Paris vint de sa maison de Saint-Cloud pour bénir l'église sous le nom de Notre-Dame-de-Boulogne-La-Petite le 1er juillet 1330. Sur les cinq arpents de terre, outre l'église et le cimetière, on avait bâti un presbytère mais le reste du terrain demeura vide et fut appelé le Parchamp (pas parce qu'on y passe par les champs, contrairement à ce qu'on pourrait penser mais à cause du voisinage du cimetière - Per Campus, champ des pairs). Ce nouveau pèlerinage qui n'avait pourtant aucune justification (pas de miracle à se mettre sous la dent ni apparition ni relique ni tombeau de saint) arrangeait tout le monde par sa proximité et devint vite populaire grâce à un bon story-telling fait de miracles, d'indulgences et de rémissions de péchés divers et variés. Mais son succès fut aussi dû au fait que la guerre ayant repris, aller à Boulogne-sur-Mer était devenu bien trop dangereux alors bon, hop, à Boulogne-la-Petite.

Boulbi Stories #1
Boulbi Stories #1
Boulbi Stories #1

L'église devint célèbre et parmi les membres de la Confrérie ou les pèlerins de l'époque, tout le gratin se presse à Boulogne : le roi Jean le Bon au retour de sa captivité, Jeanne d'Arc, Bertrand du Guesclin, le Pape Sixte-Quint, des reines, des rois, des grands seigneurs et même, paraît-il, Jean d'Ormesson. Fort de cette popularité, le commerce fleurit, le village s'agrandit de maisons, d'auberges et "d'hostelleries" aux enseignes de Saint-Julien, de la Flèche d'Argent, de l'Écu de France. Bref, Boulogne-la-Petite, c'est The Place to Be et la population des Menus crût rapidement à plus de 1000 habitants.

Daguerréotype de 1859.

Daguerréotype de 1859.

Mais au fur et à mesure, le pèlerinage perdit peu à peu de sa popularité et tomba en déshérence. En 1600, ne subsistait plus que 300 habitants à Boulogne pour croître à nouveau pour d'autres raisons mais tout ceci fera l'objet d'un autre épisode de Boulbi Stories. Restaurée entre 1860 et 1863, l'église perd son porche de style Renaissance sur le côté, visible sur le daguerréotype ci-dessus et trouve sa forme actuelle, visible dans les images ci-dessous, datées entre 1906 et les années 50, à vue de chromie pour la dernière.

Boulbi Stories #1
Boulbi Stories #1
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Boulbi Stories #1
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Boulbi Stories #1
Boulbi Stories #1
Boulbi Stories #1

C'est tout pour aujourd'hui dans Boulbi Stories mais à un de ces jours pour un nouvel épisode sur les blanchisseurs qui firent la renommée de Boulogne et contribuèrent à son développement. Toutes ces informations sont issues de "Boulogne-Billancourt et son histoire" d'Émile Couratier et Albert Bezançon et de "Histoire de Boulogne-Billancourt" par le même Albert Bezançon avec Gérard Caillet.

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J
Mon cher Agnès,<br /> <br /> merci de cette intéressante histoire. Cependant tronquée ; en effet je ne vois rien sur Issy les Moulineaux
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P
Mouarh arh arh aaaaarh.
A
Merci Agnès pour ce blog très intéressant ! Alexandra Marandjian
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P
C'est très gentil mais je ne m'appelle pas Agnès.