3 Juin 2017
Aaaah Boulogne-Billancourt, ses règlements de compte, sa droite qui se déchire entre candidat officiel et officieux, tous avec les mêmes logos, tous se déclarant de la Majorité pour la France. Aaaah Boulogne-Billancourt, ses querelles partisanes, ses coups bas, ses coups tordus. C'est un vrai plaisir que cette campagne des législatives à Boulogne-Billancourt. Au fait, quand est-ce qu'on parle de la ville, de son futur, de son développement ? Une autre fois apparemment. Là n'est pas le sujet visiblement.
À Boulogne-Billancourt, il y a plus de 10 candidats mais seulement 2 en position de l'emporter. D'un côté, Thierry Solère, candidat officiellement investi par Les Républicains et l'UDI, plutôt Juppéiste, plutôt tempéré. De l'autre, Marie-Laure Godin, candidate de la "Majorité municipale", non investie mais qui se sert malgré tout des logos de ces deux formations. Car à Boulogne-Billancourt, le vote "d'appareil" est une spécialité locale et détermine souvent, presque toujours, les votes des habitants.
Mais tout ça on s'en fout finalement. Car ces élections à Boulogne-Billancourt, ce n'est pas de la politique, ce n'est pas la recherche d'un projet pour la ville. Rien de tout ça. Les élections à Boulogne-Billancourt, ce n'est plus depuis quelques années qu'une opposition entre le maire et le député qui se détestent cordialement depuis 2011 quand Thierry Solère, premier adjoint du maire, a osé refuser de voter le "nouveau projet" de Pierre-Christophe Baguet pour l'île Seguin. Un projet initial de 110 000 mètres carrés très "vert" sur lequel notre maire s'est fait élire, passé ensuite à ... 335 000 mètres carrés après son élection. Juste le triple en bétonnage avec des tours qui auraient défiguré cette vallée verte. Cinq tours de bureaux (comme s'il n'y avait pas déjà assez de bureaux vides partout à BB) qui auraient culminé à... 120 mètres de haut. Presque la moitié de la Tour Eiffel. Joie.
Ces élections à Boulogne-Billancourt nous proposent un vrai choix de société que notre élu(e) représentera. Voulons-nous pour Boulogne-Billancourt une orientation radicalement tournée vers le passé avec Marie-Laure Godin, soutenue par l'axe Manif pour Tous / Sens Commun, soi-disant pour défendre la famille, une droite extrême que les Français ont rejeté au premier tour de la présidentielle ? Ou voulons-nous une droite plus modérée, pondérée, plus ouverte vers l'avenir, qui comprend enfin que l'opposition stricto sensu en politique ne mène à rien, une droite qui veut que le pays avance plutôt qu'il ne soit bloqué par pure démagogie ?
Voulons-nous pour Boulogne-Billancourt soutenir la candidate d'une municipalité qui a tenté de faire passer à grands renforts de médias cette union forcée avec Issy-les-Moulineaux, ville dont le maire André Santini est (comme par hasard) le "papa" politique de Pierre-Christophe Baguet ? Voulons-nous ne pas avoir voix au chapitre dans cette décision historique pour la ville puisque Pierre-Christophe Baguet et son équipe (dont fait partie Marie-Laure Godin) refusent obstinément l'idée d'un référendum et se retranchent derrière les réunions de "concertation" ? Passionné par ma ville, je suis allé à plusieurs de ces réunions, enfin ces monologues où les Boulonnais avaient à peine le temps de poser quelques questions à la fin. J'ai tenté d'en poser une, une seule : "Quand on réfléchit à long terme, n'est-il pas inéluctable que Paris absorbe dans les 15/20 ans sa proche banlieue ? Dans ce cas, ne serait-il pas plus judicieux, s'il faut absolument fusionner pour des raisons économiques (qui restent très discutables), de le faire avec Paris ?" Rires, moqueries dans la salle. Non mais oh, ça va pas, on ne va pas s'associer à des "socialistes".
Et pourtant quand on y réfléchit, cette solution semble bien plus légitime, logique que ce petit arrangement (ou meutre) entre amis, non ? N'est-ce pas regarder l'avenir en face que de poser cette question ? Apparemment, non puisque la politique à Boulogne-Billancourt n'a rien à voir avec l'avenir de la ville, seulement avec l'avenir des mandats de tel ou tel. Ne regardons pas plus loin que 2020, vous avez raison. Ne cherchons pas à ouvrir Boulogne-Billancourt politiquement alors que chaque jour, la ville évolue, se modernise, se transforme, "s'aère" de son côté ville bourgeoise de province. Pour tout ça et malgré le fait qu'habituellement je vote à gauche, je voterai pour Thierry Solère qui n'est jamais allé à une Manif Pour Tous et qui a compris qu'il faut travailler avec ce gouvernement mixte (gauche, droite, société civile) plutôt que de s'y opposer frontalement et continuellement. Que vous soyez de gauche ou de droite, pensez juste à l'orientation que vous voulez donner à votre ville. Et votez en votre âme et conscience pour la ville. Pas pour un candidat. Pour la ville. Cette ville unique crée à partir de deux cœurs, l'un populaire, l'autre bourgeois, l'un artistique, l'autre ouvrier. C'est ce qui fait le charme, l'intérêt de cette ville qui risque de disparaître en catimini lors du conseil municipal de juillet quand plus personne ne sera là pour s'opposer à ce mariage forcé indigne. Une ville vendue pour un mandat de plus.