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Un mercredi.

 

... Prendre la route, tracer tout droit, n'écouter que le bruit du moteur qui rugit, qui ralentit, ronronne et repart. Compter les lacets, les ornières, les bornes kilométriques, les villages sans vie, les stations-services fermées, oubliées, les zones industrielles qui les ont assassinées. Sentir le vent qui court à travers la fenêtre, voir les platanes s'effacer les uns après les autres comme des mirages et penser à Camus dans sa Facel Vega. Ne pas avoir de but si ce n'est de continuer. Continuer à rouler. Continuer à avancer. Encore. Et encore. Droit devant. Sans penser à quoi que ce soit, lobotomisé par l'asphalte usé, rythmé par lignes droites, pointillés et traces de freinages, gomme sacrifiée. Continuer. Un peu plus. Un peu plus loin. Tenter de laisser derrière soi les pensées sombres, les doutes, les craintes, les peurs, la haine, le dégoût, la peine. Oublier pour une heure, peut-être deux que la vie est parfois aussi injuste qu'elle est belle. Garder espoir en la nature humaine, malgré tout. Sourire d'un rayon de soleil, d'un veau tétant sa mère sur le bas-côté du champ d'un fermier qu'on ne rencontrera jamais. Faire une pause pour un besoin naturel. Et repartir pour voir s'il existe encore quelque chose après cette nouvelle colline, après ces arbres, au bout de cette route.

Nicolas de Staël. La Route. 1954.

Nicolas de Staël. La Route. 1954.

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