23 Mai 2018
... Alors qu'il était déjà sacrément dans le pétrin (les Accor Hôtels et les conseils d'administration n'ayant pas encore été inventés, il avait dû trouver un poste de petite main chez Paul, un ami boulanger dont le nom complet était Paul B. Smut), Shark Ozzie ne s'attendait pas à ce que son quotidien déjà difficile devienne un véritable enfer, hormis les chansons mièvres de Carlulla Belluni du matin au soir, l'incompétence de plus en plus notoire de Klaus Gayhand, son desperado onanisme d'origine germanique et la déliquescence générale de ses troupes dont le meilleur d'entre eux, Frankie Fillone qui n'avait toujours pas rendu l'argent. Honteux. Mais qu'aurait dit le Général Custer ? Et pourtant il fallait bien s'y résoudre, tout ceci n'était que roupie de sansonnet par rapport au nouveau péril qui l'attendait : ELLE était là.
Elle, ce n'était pas Calamity Jane ni Ma' Dalton ni Chihuahua Pearl mais un condensé du meilleur du pire des trois : intelligente, intransigeante, impitoyable, telle était Liz Lucette. Sa réputation la précédait (d'une bonne tête à la corde, en casaque verte, toque violette) et son surnom disait tout des turpitudes qu'elle faisait subir à ceux qu'elle tenait dans son viseur. "Hell" Liz Lucette était à Chihuahuan et Shark Ozzie savait qu'à un moment ou à un autre, ça allait défourailler sévère pour son matricule.
Car lorsque Liz Lucette était sur une piste, elle ne lâchait jamais. Son tableau de chasse faisait pâlir Buffalo Bill lui-même tant il était jonché de puissants à qui elle avait fait mordre la poussière. Pour la première fois de sa vie, Shark Ozzie s'adonna à la boisson et commanda un lait-fraise-tequila qui le laissa comme deux ronds de flan, soit un peu jaune et bien à plat. Tout ça parce qu'on lui reprochait quelques pécadilles avec le chef Indien Kah-Dafee, malheureusement décédé dans de tragiques circonstances totalement indépendantes de sa volonté hormis un posse envoyé par ses soins, et des relations tarifées avec Tak-Yee-Din, bras droit du chef sus-nommé (voir ici L'Homme des Valises Pleines). Lui, Shark Ozzie, un homme si intègre, lui le défenseur de la veuve, comme avec Lily Ann Bettenshort (voir Le Trésor de la Vieja Madre) et de l'opprimé (voir là Cactus Pat). Quelle indignation. Quelle honte.
Shark hurla dans le saloon qu'il se battrait jusqu'à son dernier souffle pour venger son honneur bafoué par tant de médisances que c'était vraiment pas gentil, gniiii. Mais inéluctablement, la justice s'approchait de lui et pas uniquement parce que le juge Roy Bean revenait de ses vacances à l'est du Pecos où la verdoyance des vallées tranchait assez nettement avec l'ouest où il n'y avait rien, à part Chihuahuan, Langtree et son célèbre Saloon-Tribunal où Roy attendait Shark Ozzie de pied ferme, une main sur une bière bien fraîche, l'autre sur la poitrine vaillante d'une callipyge mexicaine au sang chaud. Un jour ou l'autre, Shark, un jour ou l'autre, tu seras mien, oh oui, tu seras mien...
Tous les épisodes depuis 2009 ici : La Vie est un BangBang iiiiha Giddyap Western