15 Mars 2021
Nous partîmes 500 et par un prompt renfort, nous nous vîmes 13000 en arrivant à l’enquête publique sur le grand stade de Boulogne-Billancourt. C'est la dernière entourloupe boulonnaise. Fort du renfort des adhérents de l’ACBB et des participants du semi-marathon (non-boulonnais compris), tous incités par un mail totalement illégal de leur Président général à défendre et à pétitionner pour le Palais Omnisport de Boulogne-Billancourt, dernière lubie d'un maire jamais avare de mauvaises idées. Un grand stade à 72 millions d’euros (projection optimiste) qui ne servira ni aux Boulonnais ni à l'ACBB car il sera pour l’e-sport (aha) et pour l’équipe de basket des Metropolitans Levallois.
POBB. Projet Obsessionnel Balkany-Baguet
Mitterrand a eu sa pyramide, Chirac son musée, Pierre-Christophe Baguet, à défaut de réussir quoi que ce soit depuis 13 ans sur l’Île Seguin veut son grand stade. Pour un club qui n’est même pas boulonnais. Cette équipe vendue à grands renforts de publications sur la page Facebook et le compte Twitter de la ville est bien une équipe de… Levallois. Qui, deux ans après son rachat joue toujours à Levallois. Mais que les Boulonnais payent depuis 2019. Pouf pouf, on reprend.
Il y a deux ans, Pierre-Christophe Baguet décide, sans concertation avec ses administrés, de racheter l’équipe professionnelle de basket de son ami, grand démocrate et fabuleux gestionnaire, Patrick Balkany. La somme ? Restée secrète mais elle se situe entre 2 et 3 millions d’euros. D’impôts boulonnais, ça ne vient pas de sa poche à lui, hein. Ça, c’est juste pour le rachat de ce club dont le fer de lance, Rudy Gobert a vite quitté le navire et dont l’affluence moyenne avant Covid était de 1800 spectateurs. D’où l’idée parfaitement logique de construire un stade de 5000 places.
D’ailleurs, les derniers stades modernes sont de tels succès financiers (U Arena, Jean Bouin, Grand Stade et autres) qu’ils dégagent tous d’énormes bénéfices. Ahem. Un fait vite vérifiable. Mais revenons aux Metropolitans qui jouent encore à la baballe à Levallois deux ans après leur rachat mais qui sont payés avec de l’argent boulonnais. Leur coût chaque année pour vous, moi, la ville ? 2,5 millions d’euros. Les Boulonnais ont déjà payé 7,5 millions de « coût d’entretien »… pour rien. Si, une lubie d’un maire, ex-éducateur sportif, ex-joueur de basket qui joue au Monopoly avec l’argent de ses administrés et de l’ACBB en pleine crise. Car 2,5 millions par an pour les Metropolitans Levallois, c’est une somme. Une belle somme. C’est même quasiment le budget annuel, 2,4 millions, de l’ACBB pour ses... 33 sections (football, rugby, basket, judo, aviron, cyclisme, hockey sur glace etc).
Sans les Metropolitans Levallois, l’ACBB pourrait donc avoir un budget doublé puisqu’il semble que cet argent existe. L’ACBB pourrait avoir des infrastructures rénovées, comme le COSEC qui en a tant besoin. L’ACBB pourrait avoir un budget en hausse pour les soutenir dans cette crise qui les touche, comme nous tous. Mais non, une équipe professionnelle de basket, c’est tellement mieux alors que le maire n’a eu de cesse de taper sur les sports pros depuis des années, Parc des Princes et Roland Garros en tête. Alors diantre, pourquoi ne pas construire un stade à 72 millions ? C'est quoi 72 millions ? Oh, juste 30 ans de budget pour l’ACBB…
Faisons un « truc de fou » selon l’expression du maire et construisons un stade de 5000 places pour une équipe qui n’a jamais dépassé 2000 spectateurs et faisons croire aux Boulonnais que ce stade sera pour les activités sportives de leurs enfants (c’est faux), pour l’ACBB (faux aussi) et que c’est une formidable opportunité pour tout le sport et la jeunesse boulonnaises (errrrrh, faux aussi).
Ce stade sera dédié aux Metropolitans Levallois et à l’e-sport. C’est TOUT.
Et ce stade sera un gouffre financier. Les estimations de 72 millions seront probablement dépassées comme dans la majorité de ces grands projets et surtout, contrairement à la U Arena, il n’accueillera pas de spectacles ou de concerts supplémentaires du fait de la proximité avec la Seine Musicale. Un autre magnifique projet mené de main de maître par Pierre-Christophe Baguet qui a réussi à vendre un hectare et demi du dernier terrain vierge de Boulogne-Billancourt pour… 1 euro au Conseil Général. Un vrai négociateur hors-pair, notre maire. Plus Buffet que Warren. Si possible sans masques ni distanciation.
Dans une action totalement illégale, ce même maire fait envoyer aux 13000 adhérents de l’ACBB une demande pour soutenir ce stade qui ne les servira pas. Et même mail aux participants du Semi-marathon de Boulogne même si nombre d’entre eux ne sont pas boulonnais mais c’est pas grave, ratissons large et essayons d’avoir un maximum de faux soutiens pour ce projet inique que LUI veut. Absolument.
La méthode Baguet, éprouvée de nombreuses fois (île Seguin depuis sa promesse initiale de 110 000 mètres carrés « verts » dans son programme de 2008, choix de trois projets Nouvel et rien d’autre, fusion surprise en plein été avec Issy et son mentor André Santini), c’est de passer au chausse-pied en masquant au maximum les faits gênants et la vérité. Une fois de plus, c’est le cas à Boulogne-Billancourt.
Si le problème était seulement ce stade de 31m de haut, initialement prévu sur l’Île Seguin dans le programme du maire mais replacé à la va-vite (d’où la modification du PLU) dans un quartier déjà ultra-densifié avec des rues inadéquates pour laisser sortir 5000 personnes. Mais non. Bon, d’accord, ce stade masquera une bonne partie de l’année le soleil aux enfants de l’école à côté. Mais on s’en fout des enfants, non ?
Bon ok, les Boulonnais demandent majoritairement (après lecture des 450 premiers commentaires sur l’enquête publique) moins de densité, moins de constructions, des espaces verts, une seconde piscine (BB étant la seule ville de plus de 100 000 habitants avec une seule piscine, totalement saturée depuis longtemps), un skate-park (promesse de Baguet depuis dix ans) mais quel intérêt de les écouter ?
Comme cette sortie prévue de l’A13 rue de l’Abreuvoir qui va considérablement dégrader un quartier, rendre dangereux les abords d’écoles, du Parc Rothschild et du Musée Belmondo, amener des poids-lourds dans le plus vieux quartier de Boulogne, les Menus, dont les rues sont inadaptées.
Mais c’est pas grave, il faut modifier le PLU pour qu’entre autre, ce stade, le stade du maire, puisse s’élever.
Et puis s’il fallait écouter les Boulonnais, il faudrait des pistes cyclables, un air moins pollué, moins de scooters partout sur les trottoirs, des zones 30 ou piétonnes et même un maire qui célèbre toutes les unions, quelles qu’elles soient sans différencier ses propres concitoyens. Impensable.
S’il fallait écouter les Boulonnais, il faudrait arrêter de payer 6 millions d’euros de pénalité par an depuis 3 ans (18 millions, bordel !) pour ne pas faire assez de logements sociaux dans la ville.
S’il fallait écouter les Boulonnais, on ne pourrait pas bétonner l’Île Seguin de bureaux, en pleine crise du Covid alors qu’il reste des milliers et des milliers de mètres carrés ne trouvant pas preneur dans les nouveaux quartiers et que le travail change, que la situation change, que notre société change.
S’il fallait écouter les Boulonnais… mais franchement, où irait-on ?
Amusante cette folie dépensière d’un maire qui n’hésite pas à racheter des millions une équipe, qui est prêt à investir 72 millions pour un stade mais qui refuse de diffuser le conseil municipal en vidéo car, dit-il « ça coûte trop cher » tout en faisant des Facebook live pour trente péquins avec Stéphane le Diraison sur le Vendée Globe, sponsorisé chaque année par la ville à hauteur de 150 000 euros.
Étonnant d’avoir autant d’argent à mettre dans une équipe de Levallois alors que ces dix dernières années, le budget de l’ACBB, le plus grand club omnisport français, 33 champions olympiques et la fierté de notre ville depuis 1943, a régulièrement baissé et que ses installations auraient tant besoin de cette manne providentielle.
Étonnant comme le maire de Boulogne-Billancourt prend une fois de plus ses administrés pour des cons en biaisant les informations, en se servant du BBI (70 000 exemplaires) pour communiquer très partiellement sur ce projet ou en prenant en otage toutes les sections de l'ACBB (à qui il donne des subventions) pour les obliger à défendre un projet qui nuira à terme à leur propre club.
Mais d’un autre côté, il ne faut pas lui en vouloir. Ce sont les Boulonnais qui l’ont réélu sans rien connaître du personnage, de ses idées et de son programme (tiens d’ailleurs ce grand stade n’était-il pas sur l’île Seguin dans ses promesses aux municipales ?). Sauf qu’il semble que, pour une fois, les Boulonnais ont décidé de faire entendre leur voix, leur réprobation, leur avis sur un projet qu’ils ne partagent pas pour de multiples raisons. Les trois quarts des commentaires laissés jusqu’ici sur l’enquête de GPSO indiquent clairement leur opposition au projet, à cette équipe de Levallois, et très souvent en argumentant au contraire des commentaires laconiques laissés par l’armée de zombies Baguetistes le doigt sur la petite couture, le cerveau laissé dans du formol sur la table de nuit.
« Ne sacrifions pas une fois de plus le sport boulonnais » conclut Jean-Pierre Epars, Président général apparemment visionnaire de l’ACBB dans le mail adressé aux 13000 adhérents du club, les incitant illégalement à donner un avis positif et à signer la pétition pour ce grand stade qui ne servira pas leur propre club. Vous avez raison, Jean-Pierre. Ne sacrifions pas le sport boulonnais pour ce projet. Sacrifions l’ACBB, son meilleur représentant, sacrifions l’écologie, l’économie, la logique, le bon sens.
Boulogne-Billancourt mérite mieux que ce projet. Boulogne-Billancourt mérite mieux que ce stade. Boulogne-Billancourt mérite mieux que ce maire.
Les Boulonnaises et Boulonnais concernés par leur ville ont jusqu'au 31 mars pour déposer leurs observations sur l'enquête GPSO ici : Enquête GPSO POBB. Tout le monde devrait donner son avis. Faites-en sorte que vos amis le fassent en partageant au maximum ce lien.