28 Novembre 2022
Cher Baba,
Non, reprenons car tu ne m'es pas cher. Baba (voilà, c'est mieux, c'est plus simple). Non, reprenons encore ça c'est encore trop familier pour notre relation. Je ne suis pas un fanzouze, heureusement. Cyril (voilà, c'est bien), je ne me prononcerai pas sur ta carrière antérieure à CNews, les Morning Live et le reste. Tu étais jeune, pas large d'épaules mais tu avais l'excuse de tes vertes années et on a tous été très cons à une époque. Revenons donc à C8 depuis 2015 où Vincent Bolloré t'a fait un contrat en or réhaussé de platine et de diamants incrustés. 250 millions sur 5 ans. Pas mal. Depuis, tu t'es mis à la course aux échalotes, oups pardon, aux audiences.
La seule valeur de ta vie, c'est ça : l'audience. Et faire de l'audience, c'est bien plus simple qu'apporter de l'intelligence et des analyses à ceux derrière le poste. L'audience, c'est du clash, de l'antagonisme (tous tes chroniqueurs ont un rôle bien déterminé), de la mauvaise foi et l'ignorance de tout ce qui peut élever l'âme et l'esprit. Et ça, tu sais faire. C'est même ton fonds de commerce. Après chaque émission, tu abreuves Twitter de tes résultats d'audience. Mais pas une fois, tu ne t'es demandé si ces audiences servaient à quelque chose, à part à toi et ton patron xénophobe, conservateur et archaïque dans sa vision de la France. C'est d'ailleurs pour ça que l'extrême droite constitue plus de 50% des invités de tes différents programmes. J'ai regardé toutes tes émissions Face à Baba, censées être des émissions politiques. Je t'ai vu lancer une question puis te replonger dans tes fiches sans un seul instant analyser les réponses, avoir un esprit critique sur les propos tenus devant toi. Misère. J'ai eu la chance de connaître Jacques Chancel, Patrice Duhamel, Michel Polac, François-Henri de Virieu, Jean-Marie Colombani, Jean-Marie Cavada. C'était assez chiant comme émissions, pas de nouilles dans le slip mais à la fin, on en retirait, des idées, des envies et parfois même des convictions. Dans Face à Baba (rien que le titre, quel égocentrisme), c'est un peu comme au MacDo : ça te bourre bien sur le moment mais une demi-heure après, tu as faim à nouveau. Et le résultat final est toujours un étron.
Ta plus grande qualité, Cyril, ce sont les défauts des autres. Tu t'appuies sur les haines, l'ignorance, la bassesse, l'ostracisme car il faut bien se trouver des excuses ailleurs. Toi, fils d'immigré, toi qui a été naturalisé à 11 ans. Tu penses vulgariser alors que tu n'es que vulgaire. Si, au moins, tu étais un idiot utile, comme on te dénomme parfois. Mais tu n'es ni utile, ni idiot. Tu sais dans quoi tu mets les pieds, tu es aux ordres et comme disait un des mes amis "Si bouffer de la merde apportait quoi que ce soit, tu serais le premier avec les dents marrons". C'est d'ailleurs le cas. C'est ce que tu fais tous les soirs. Tu présentes une grosse merde, empaquetée dans un superbe papier chatoyant avec du bolduc autour, tu t'en badigeonnes, tu t'en délectes, tu t'en gaves.
Et tu sais parfaitement ce que tu fais puisque tu n'es pas idiot. C'est pire encore. Consciemment, tous les soirs ou presque, tu prends de l'huile que tu verses sur le feu. Sur tous les sujets. Je me souviens d'un "Pour ou contre l'avortement". Franchement ? En 2022 ? Après le combat titanesque de Simone Veil ? Dès qu'une affaire sort, tu invites les protagonistes le lendemain. Sans vergogne. C'est bon pour l'audience, ça. C'est bon pour continuer à mettre les Français dans des cases, celles que ton patron veut pouvoir maîtriser. Tu danses sur tes plus belles audiences, furent-elles basées sur l'horrible mort d'une jeune fille de douze ans. Tu insultes, tu menaces en direct un élu de la République qui, lui, au moins, a des convictions politiques, que tu les partages ou non (je ne pense pas que tu aies une quelconque conviction sur quoi que ce soit, à part la méthode pour faire de l'audience) et tu continues le lendemain. Ta nouvelle cible est Alain Chabat, son late Show mais disons-le clairement, c'est toi le Nul. Et tu n'es pas drôle. Du tout.
Chers fanzouzes, les idiots utiles de l'histoire, c'est vous. Vous qui passez votre temps devant TPMP, vous qui nourrissez le feu, vous qui êtes une pâte à modeler que Cyril Hanouna pétrit comme il veut. Oui, on peut tout dire à la télévision. Mais pour cela, il faut de la contradiction. C'est Rowan Atkinson, alias Mister Bean, qui disait dans un superbe discours (voir ci-dessous) que la liberté de parole, même si elle est insultante, même quand elle est violente était essentielle et que la seule solution pour combattre ces maux était... plus de liberté de parole encore.
Encore faut-il de la contradiction là où tu n'apportes rien. De rien. Le grand vide intersidéral. Car pour cela, il faudrait une compréhension du contexte, des enjeux mais toi, tu t'en fous puisque tu ne fais que lire tes fiches sans prêter attention à ceux en face de toi. Du moment que ça buzze, ça te va. Du moment que tes audiences montent en flèche, ça te va. Ta seule valeur, l'audience. Ta seule conviction, faire du fric sur le malheur. Ton seul intérêt, toi. Tu as un tel sentiment d'impunité que tu te prends pour un parrain de la Mafia. Tu en as l'attitude, les gestes, les intonations et les affidés prêts à tout dans ton sillage. Pas de contradiction, pas d'opposition et des porte-flingues partout autour de toi. Ta loyauté vis-à-vis de ton patron n'en est pas. C'est de la servilité. Et tu l'acceptes en échange d'un gros chèque tous les mois, en échange d'une belle maison dans les beaux quartiers, en échange d'un pouvoir que tu penses illimité mais qui, un jour, s'étiolera. Il y aura, probablement bientôt, un scandale de trop, une indécence de plus, si malsaine que ça s'arrêtera comme ça a commencé. Et tu apprendras ce jour là que sorti de la télé, tu n'es pas grand-chose. Ce jour là, la télé aura perdu des audiences mais aura gagné en dignité et en intelligence. Et je reprendrai deux fois des moules.