Mister Boycott

Nous sommes à quelques jours de l'ouverture de la Coupe du monde de football au Qatar. Une Coupe du monde décriée pour de très nombreuses raisons, la plupart très valables si tant est qu'on ait un peu de sensibilité pour la nature humaine. Mais chacun voit midi à sa porte. Pour ma part, j'ai décidé de boycotter cette Coupe du monde et c'est la première fois dans mon histoire d'amateur et de supporter de football. Récemment, j'ai boycotté les derniers Jeux Olympiques de la honte à Pékin avec ses pistes en neige artificielle autour de... rien. J'ai beau avoir été élevé dans la culture sportive, avec un papa qui a participé à quatre Jeux olympiques et qui a fait une majeure partie de sa carrière à L'Equipe, le sport n'excuse pas tout, le sport n'autorise pas tout, le sport ne justifie pas tout. Je vais donc boycotter cette Coupe du monde. Mais du coup, corne de carabistouille, d'où vient ce terme de boycott ? De ce monsieur ci-dessous. Charles Cunningham Boycott.

Après une carrière dans l'armée anglaise, Charles Cunningham Boycott se met au service de Lord Erne, riche propriétaire terrien britannique qui possède de vastes terres à l'ouest de l'Irlande, dans le comté de Mayo. Nous sommes en 1880 et l'année précédente, le climat n'a pas été des meilleurs, les récoltes sont donc mauvaises. Les paysans, exsangues, demandent à Lorn Erne, une baisse de leurs loyers sachant qu'ils tirent la langue comme jamais. -25%, proposent-ils à l'unisson, poussés par le leader indépendantiste Charles Parnell (le monsieur ci-dessous). Mais Lord Erne ne l'entend pas de cette oreille et ne propose qu'un petit 10% parce que, comprenez, le thé, les crumpets, la marmelade et les domestiques, ça coûte cher.

Mais voilà, les paysans n'en peuvent plus. Ils n'ont rien à bouffer et rien à perdre non plus, si ce n'est les récoltes toujours sur pied du Lord anglais qui commencent à pourrir dans les champs. Leur seule solution ? Boycotter Boycott. C'est une première. Dans le coin, plus un ouvrier n'accepte de travailler pour lui, plus personne ne lui vend de vivres et de provisions. Il faut tout faire venir de Dublin, fourrage, nourriture, mais les paysans veillent et rien ne passe. Charles Boycott a beau former une ligue pour lui venir en aide avec cinq cents volontaires armés et équipés pour rentrer les moissons qui pourrissaient sur pied, ils arrivent bien trop tard et l'ensemble de la récolte est perdue. C'est le premier cas de boycott connu et Charles laissera son nom à la postérité tout en entraînant sa ruine.