Kiss est né de la rencontre en 1970 de Gene Simmons, de son vrai nom Chaim Witz et de
Paul Stanley, de son vrai nom Stanley Harvey Eisen. Deux gamins juifs New Yorkais du Queens, de son vrai nom le Queens. Paul et Gene se découvrent une passion commune pour le son qui tache et
la capacité du son qui tache à leur ramener facilement des gonzesses bien foutues. Ils ont 21 et 24 ans et la sève de leur jeunesse bouillonne dans leurs artères encore fraîches. C'est trop
beau, on dirait du Musso.

L'époque est au glam rock qui pousse de partout avec les New York Dolls, The Planets et Alice
Cooper. Même Bowie et Peter Gabriel s'y mettent. Les deux petits gars, Paul et Gene, ne sont pas des buses mais leurs premiers groupes Rainbow et Wicked Lester ne démarrent pas vraiment.
Cantonnés aux bas-fonds du Lower East Side de Manhattan, ils arrivent bien à enregistrer un album "The Original Wicked Lester Sessions", trouvable par bouts sur le net, mais il n'est pas
distribué à part aux potes et aux connaissances. Le son du groupe oscille entre rock, folk rock et pop avec guitares, basse, claviers et percus, c'est un peu mou du
cul.
Paul et Gene décident alors de former un nouveau groupe avec une vision musicale axée sur un rock lourd plus progessif. Paul est guitariste et chanteur, Gene est bassiste, ils se cherchent donc
un guitariste Lead pour les solos qui tuent sa race et un batteur pour le poum tchak poum tagadoum. Ils repèrent dans Rolling Stone l'annonce d'un batteur : "Experienced rock and roll drummer
looking for original group doing soft and hard music". L'annonce est signée "Peter, Brooklyn". Ils l'engagent vite fait car Peter Crisscoula n'est pas manchot, ce qui est mieux pour un batteur
même si Rick Allen le batteur de Def Leppard s'en sort très bien aussi avec un seul bras. Ils passent ensuite une annonce dans le magazine new-yorkais The Village Voice : "Lead guitarist wanted
with flash and ability. Album out shortly. No time wasters". Un petit voyou des bas-fonds de New York arrive, une chaussure rouge et une orange aux pieds et une guitare en bandoulière. À la
seconde audition, ses solos inspirés, techniques et lyriques ont convaincu les trois autres membres du groupe et en plus, c'est pas le dernier pour la déconne ni pour faire passer la binouze.
Guitares, basse, batterie, binouze, tout le monde est là, on peut y aller.
Leur premier concert le 30 janvier 1973 au Popcorn Club dans le Queens est
un succès formidable : 3 personnes dans la salle pour apprécier leur nouveau rock lourd et nerveux, leurs maquillages dégoulinants et leurs tous nouveaux costumes de cuir noir achetés dans des
boutiques sadomaso du quartier. Mais les bases de Kiss sont là : quatre personnages survitaminés, des Comics sur pattes, grimés outrancièrement, quatre Super Hérocks. Le Rockabuki est né. À qui
? À Buki, je vous dis. Gene Simmons est le Démon, ailes de chauve-souris et platform boots de 20 centimètres, crachant du feu et du sang sur les premiers rangs. Paul Stanley est l'Enfant des
Étoiles, romantique et velu, Ace Frehley est l'Homme de l'Espace, Silver Surfer de l'accord ultime et Peter Criss est le Chat, feûlement de cymbales, roulement de velours et attaques sauvages
de grosse caisse.
C'est Paul Stanley qui propose le nom Kiss alors que Peter Criss évoque les souvenirs
d'un de ses anciens groupe, Lips. Ace Frehley dessine le logo dans un moment de sobriété avec ces deux S comme des éclairs mais où d'autres verront plus tard une référence nazie, l'insigne des
SS. La mère de Gene Simmons ayant survécu à l'Holocauste, cette interprétation est aussi fantaisiste que d'autres acronymes imaginés sur le nom de leur groupe : Knights In Satan's Service (les
Chevaliers au Service de Satan) repris dans l'excellent film Detroit Rock City ou Keep It Simply Stupid (pas besoin de traduire tellement c'est simplement stupide).
En Mars 73, Kiss enregistre une cassette démo 5 titres avec le producteur Eddie
Kramer qui a produit entre autres un petit gars nommé Jimi Hendrix. Mais c'est Bill Aucoin et pourtant il n'a rien fait, qui après les avoir vus plusieurs fois sur scène au cours de l'été, va
réellement leur mettre les platforms boots à l'étrier. Bill Aucoin est un ancien de la télé et en producteur avisé, il est persuadé du talent des quatre fêlés qui sentent fort sous leur cuirs
moites après le show. Il leur propose de devenir leur manager. Les quatre fantastiques acceptent à la condition Mir Express qu'il leur fasse signer un contrat dans une maison de disques dans
les 15 jours. Aucoin, pas bonnet d'âne, se met en contact avec Neil Bogart, ancien chanteur pop et producteur de Buddah Records, qui vient de créer son nouveau label, Casablanca Records. Ca
tombe bien, Neil est à la recherche de nouveaux talents et ça fait tilt dans ses esgourdes quand il écoute la démo. Fin 73, le groupe enregistre son premier album intitulé "Kiss", joue en
première partie de Blue Oyster Cult à New York mais malgré une énorme campagne de pub, peine à entrer dans le Top 100 américain.
Malgré tout, les concerts se succèdent et Kiss commence à se faire un nom avec leur
rock épileptique, leurs shows pyrotechniques et leurs costumes excentriques. Une cohorte de fans se met à les suivre, prémices de la Kiss Army. En 74, le groupe retourne en studio pour leur
deuxième album "Hotter than Hell"qui sort en Novembre. Le son s'alourdit, se durcit, s'assombrit. Le groupe parcourt les Etats-Unis et impose ses shows énormes avec crachats de sang, jets de
feu, cassage de guitare obligatoire, explosions à gogo comme dans un John Woo mais sans colombes, et pluies de confettis. Les fans grossissent, grossissent, pas seulement à cause de Mc Do,
Pizza Hut et Taco Bell's. Mais au niveau des ventes, ça patauge encore dans le Chili.
Troisième album, début 75. "Dressed to Kill". Quelques hits passant
sur les radios de New York mais rien de folichon non plus. Neil Bogart est au bord de la faillite avec Casablanca. Alors Bill Aucoin, sale gosse, joue son va-tout et non, le va-tout n'est pas
un instrument à vent néo-zélandais. Il décide de financer une série de concerts dans les plus grandes arènes du pays pour enregistrer un album Live. Car Bill voit bien que si les ventes d'album
sont faméliques, il y a quand même de plus en plus de monde qui suit ses protégés. Il est pas con, Aucoin. Il vide son Codevi et finance la tournée.
À l'été 75, Kiss joue au Cobo Hall de Détroit devant plus de 12 000
personnes. En Septembre, l'album "Alive !" sort. L'album de la dernière chance. Très vite, les ventes grimpent comme la température dans le caleçon de Rocco Siffredi devant une chèvre de l'Est.
L'album entre directement à la 9eme position dans le classement américain puis devient Disque d'Or, Disque de Platine et Double Platine. Neuf fois Disque de Platine à ce jour soit Disque de
Platine, Disque de Platine, Disque de Platine, Disque de Platine, Disque de Platine, Disque de Platine, Disque de Platine, Disque de Platine et Disque de
Platine. Soyons précis.
La Kiss Army est en marche dans le monde entier. S'ensuivent d'excellents albums
comme "Destroyer" en 1976 produit par Bob Ezrin, le must des producteurs de l'époque, qui s'était occupé de Pink Floyd, Lou Reed et Peter Gabriel. Ace Frehley qui titille gravement la
bibine et autres frivolités nocturnes absorbables, s'embrouille quand il vient, ce qui est rare, avec Ezrin au point d'être remplacé sur certaines chansons. Ce n'est que le début.
"Rock and Roll Over", l'album suivant enregistré la même année avec Eddie Kramer, autre top producteur, est un retour aux sources du son Kiss. S'enfermant dans un théâtre du New Jersey, le
Nanuet Theatre, ils tentent de capter à nouveau leur énergie sur scène. La partie des guitares acoustiques est enregistrée dans le guichet de vente des tickets et le reste dans la grande salle.
On est rock and roll ou on ne l'est pas.