... 3 heures que je me retourne dans mon lit. 3 heures que j'essaie d'éviter les idées noires, les idées blanches, les
idées de n'importe quelle couleur je ne suis pas sectaire, je m'en fous, je voudrais juste que mon cerveau s'arrête de tourner. Ca y'est, il est 5 heures, Paris se lève et je n'ai toujours pas
sommeil. Tiens, ça ferait une bonne chanson ça. Que faire ? Je regarde dans la rue, pas âme qui vive. Remarquez c'est normal, à cette heure même les éboueurs dorment encore. Moi, non. Impossible.
Alors je lis. Du Fante, bien sûr. Pas du John, du Dan. Son nouveau recueil de poèmes "Bons baisers de la Grosse Barmaid". Très bien. Et comme dans toute histoire de Fante qui se respecte, voici
qu'arrive un bull-terrier. Ou plutôt une bull-terrière qui ne comprend pas bien ce que je viens faire dans le salon mais qui se dit que ce serait peut-être une bonne occasion de câlin impromptu
et inopiné et ça ne se refuse pas au beau milieu de la nuit. Tiens d'ailleurs, qu'a-t-il toujours de beau ce milieu de nuit ? Il n'est ni plus ni moins beau qu'un début ou qu'une fin de nuit.
Mais on dit toujours "au beau milieu de la nuit", comme si ce milieu avait une qualité esthétique bien supérieure à l'entame ou à la fin de cette période. Mais non, le milieu est en tout point
égal aux autres moments de la nuit. Et puis à désormais 5 h12, on ne peut plus dire que ce soit tout à fait le milieu de la nuit, beau ou pas. Et puis aussi, la beauté, finalement c'est trop
subjectif. C'est Gainsbourg qui disait : "La laideur a ceci de supérieur à la beauté qu'elle ne disparaît pas avec le temps". Je suis sûr qu'il l'a volé à Chopin aussi, le sagouin. Mais on
pardonne tout à l'homme à la tête de chou, surtout sa laideur toute relative, d'autant plus qu'elle lui inspira de si sublimes envolées qu'il faudrait avoir de la merde dans les yeux et les
oreilles pour ne pas les apprécier.
"Quand on me dit que je suis moche,
Je me marre doucement, pour pas te reveiller,
Tu es ma petite Marylin, moi je suis ton Miller,
Hein, non pas Arthur, plutôt Henry spécialiste de hardcore.
La beauté cachée des laids des laids,
Se voit sans délai, délai.
La beauté cachée des laids des laids,
Se voit sans délai, délai.
Même musique même reggae pour mon chien,
Que tout le monde trouvait si bien,
Pauvre toutou c'est moi qui boit c'est lui qui est mort,
D'une cirrhose, peut être était ce par osmose,
Tellement qu'il buvait mes paroles.
La beauté cachée des laids des laids,
Se voit sans délai, délai.
La beauté cachée des laids des laids,
Se voit sans délai, délai.
Enfin faut faire avec ce qu'on a,
La sale gueule mais on y peut rien,
D'ailleurs, nous les affreux,
Je suis sur que Dieu nous accorde,
Un peu de sa miséricorde car,
La beauté cachée des laids des laids,
Se voit sans délai, délai.
La beauté cachée des laids des laids,
Se voit sans délai, délai, et oui."
Tiens, le moteur d'une voiture. 5 heures 21, je ne suis plus seul au monde. J'ai trouvé mon Vendredi bien que nous soyons dimanche. Mais qui peut bien prendre sa voiture à une telle heure ?
Certainement pas quelqu'un qui travaille, j'habite dans un quartier bourgeois et personne ne va à Rungis dans le coin, du moins à ma connaissance. J'opterai plutôt pour l'amant trop sage de la
femme volage d'un mari en voyage qui rentre justement ce matin au lever du jour. De jour, d'ailleurs, toujours point. Rien. La nuit est encore engoncée dans son manteau sombre. En tout cas,
depuis, plus un bruit. Il est 5 h 27 quand même, maintenant. Je m'allume une cigarette. J'avais évité jusqu'ici mais là, je craque. Et puis, sait-on jamais, ça va peut-être me détendre. Je tape
sur le clavier à pas de loup pour faire le moins de bruit possible. La famille dort et je m'en voudrais de leur faire participer à mon jamboree nocturne. 5 heures 33. Pas le moindre soupçon de
l'ébauche du début du commencement d'un baîllement. Que dalle. En tendant l'oreille, j'arrive bien à capter les piaillements de quelques oiseaux matinaux mais sinon, le silence est d'or. Eh,
dors. Ben non, toujours pas. 5 h 37. "Arrête de regarder ta montre Abel, l'impatience, ça ralentit les aiguilles" dit Boujenah sur Nova dans un jingle que j'adore. 5 h 45. Le jour se fait
toujours attendre et son copain le sommeil aussi. Alors je poursuis. Peut-être vais-je tenter d'écrire jusqu'à l'épuisement et vous comprendrez que j'ai enfin atteint mon but quand ce texte
terminera par z idkjkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkk kkkkkkkkkkkkkkkkkk ou quelque chose comme ça. 5 h 48. je commence à avoir une crampe. Rien de libidineux, c'est ma bull-terrière qui commence à
peser. Je suis assis en tailleur sur mon splendide fauteuil design rouge Ikea, Ekta sur mes jambes, la truffe calée à l'intérieur du sweat-shirt emprunté à ma femme pour ne pas trop me les peler
dans le salon. J'ai beau être insomniaque, je ne suis pas débile. Excusez-moi trente secondes. (...) Voilà. j'ai déposé Ekta sur son coussin du bout des bras car j'essaie en ce moment même de
recouvrer l'usage de mes jambes ankylosées et si j'avais tenté de me lever, je me serai vautré dans un bordel monstre qui aurait réveillé toute la maison aussi sec. Soulagé de ce poids, je
repasse lentement de L'Homme de Fer à Kwai Chang Cain. 5 h 57, ah oui, quand même. Tiens, relisons un peu. 6 h 07. Un mec passe à vélo à toute vitesse. Vro vro vro vro. Bon, je vais mettre
quelques photos. Pourquoi pas. Je fais toujours ce que je veux ici, c'est mon blog.
















6 h 30. J'ai faim. je n'aurai pas dû mettre cette image de salade thaïlandaise au bœuf et à la citronnelle que j'avais mitonné avec amour et un bon livre de recettes asiatiques pour Noël.
Maintenant, je suis insomniaque et j'ai les dents du fond qui baignent. C'est malin. Sinon, vous ça va ? Votre nuit se passe bien ? Pas trop chaud, pas trop froid ? Vous êtes contents de vos
rêves ? Tant mieux. Je ne voudrai pas qu'on soit tous dans le même cas, ce serait embêtant car ensuite, bonjour la France qui gagne lundi. En tout cas pour moi, rien que le bonjour, c'est déjà
pas gagné. C'est déprimant ce jour qui tarde. Quelle feignasse. Est-ce que je dors moi ? Ho le soleil, debout ! Mais non, il ne veut pas. Officiellement, le 3 janvier, môssieur se lève à 8 heures
43. Il a encore 2 heures et 3 minutes car il est désormais 6 h 40 à l'horloge de mon portable. Vraiment n'importe quoi cette nuit. Bon, dans 20 minutes, je vais voir si le boulanger est ouvert.
D'une, ça fera plaisir à ma petite famille d'avoir pains au chocolat et croissants frais. Et de deux, j'ai trop les crocs.
6 heures 42. RAS.
6 heures 44. Rien non plus.
6 heures 46. je regarde par la fenêtre et vois, cachée sous une couette de nuages épais, la Lune qui me dévisage. Elle est en Gibeuse descendante, visible à 91,2 %, donc en phase décroissante et
j'apprends avec vous que le prochain nœud lunaire sera dans 11 jours, qu'elle par contre sera à son apogée dans 13 jours, que son périgée sera dans 27 jours et qu'après s'être levée à 20 heures
la nuit dernière, elle ira se coucher vers 9 heures 21 ce matin. Attention, le 21, c'est syndical. Elle ne se couche ni à 9 heures 20 ni à 9 heures 22. C'est 9 heures 21. Et avec un peu de
chance, j'irai me coucher avec elle. C'est tout ce que je me souhaite. 6 heures 55. Je chausse mes baskets, chouette, c'est sympa, tu verras. Sauf si le boulanger est encore fermé. Alez, bonne
nuit les petits et faites de jolis rêves pour moi. Pas de moi. Ho, hé, hein, bon.