... Depuis deux ou trois jours sur le net et désormais à la télé, la polémique enfle tel l'outil de travail de Rocco Siffredi face à
deux Hongroises indécentes, offertes et impudiques. Il paraîtrait, non, me dis pas que c'est pas possible, que des policiers se feraient passer pour des syndicalistes à Lyon ou carrément pour des
casseurs à Paris. Que vous soyez de gauche, de droite ou François Bayrou (salut François), pour ou contre les manifs, je vous demande juste d'analyser avec pertinence ces quelques images et aussi
les sons dans la vidéo ci-dessous.
La séquence la plus intéressante est celle qui débute à la 22eme
seconde avec le jeune encapuché (ou pseudo jeune) qui casse la vitrine. Un homme s'interpose, outré par ses gestes. Etonnamment, le casseur ne réagit pas alors qu'il a un poteau
dans la main et qu'il serait très simple de lui mettre une bonne mandale. Mais non. Il est très vite secouru par un second encagoulé qui fait un mawashi-geri dans le dos de
l'homme qui voulait s'interposer. Là aussi, la scène est étrange. Si ces deux hommes étaient vraiment des casseurs, ils auraient usé très probablement de violence. Pourtant, celui
qui donne un magistral coup de pied semble juste vouloir déstabiliser l'homme, surtout pas l'envoyer dans la vitrine pour lui exploser la tronche. Ce qui, avec l'élan
qu'il prend, aurait été très facile à réaliser. Vous en connaissez beaucoup des casseurs qui retiendraient leurs coups, qui ne chercheraient pas à faire mal dans un cas comme ça ?
Mouais.
Mais le plus étrange dans cette histoire est à venir. Après son coup de pied, l'homme qui est censé être un casseur s'aperçoit qu'il
y a des photographes et des journalistes pas loin. Il défend son périmètre en sortant un Tonfa. Bizarre pour un casseur. Il le tient de façon très professionnelle, très bizarre pour un casseur.
Surtout, il lance une phrase vraiment étrange : "Pas de photos là, cassez-vous, là !". Bizarre que la première préoccupation de celui qui est censé être un casseur soit d'abord qu'on ne le prenne
pas en photo. Un casseur se serait soit barré en courant, soit il aurait tenté la confrontation. Et en l'analysant un peu, le ton de la voix est assez particulier. Tous ceux qui auront eu affaire
à la police un jour reconnaîtront facilement ce ton. Injonctif, froid malgré la panique et sans une pointe d'accent des racailles des cités. Encore plus ahurissant, le casseur de vitrine est
gentiment exfiltré par d'autres camarades cagoulés qui eux non plus, n'usent pas un instant de violence mais ne font que maîtriser l'individu tandis que le premier continue à gérer son périmètre
de sécurité comme un vrai professionnel, usant de son Tonfa comme s'il s'agissait d'une extension de lui-même. Qu'il y ait des flics dans les manifs, normal. Qu'il y ait des flics avec des
stickers de syndicats pour être en loucedé, je peux comprendre aussi. Mais des flics qui se font passer pour des casseurs, là, ça devient tout autre chose.
Photo © Laurent Cipriani AP
Faudrait peut-être voir à arrêter de nous prendre pour des cons, tout de même. Entre cet exemple assez édifiant et la vidéo des
flics avec des badges de syndicat, ça fait beaucoup, même pour les neuneus du peuple que nous sommes. Et je ne parle pas des étranges vols d'ordinateurs dans certaines rédactions et de plein
d'autres choses encore. On n'est pas des jambons. Du pâté, je dis pas mais des jambons, non.