15 Octobre 2016
Pour Shark Ozzie, ça commençait sérieusement à sentir le roussi. Et pas seulement parce que sa douce et tendre Carlula Belluni avait encore cramé le chili. Mais elle n'y pouvait rien, c'était à cause de cette petite voix dans la tête qui lui parlait souvent, ce quelqu'un qui lui disait qu'il fallait le cuire encore, quelqu'un qui lui disait de mettre le feu plus fort. Etais-ce possible alors ? Oui, puisqu'elle elle l'avait encore raté. Mais si Shark Ozzie était furax, c'est parce qu'il sentait que ça allait être très difficile de récupérer son étoile de sherif. Il y avait en ville six salopards qui voulaient sa peau et comme il en était un beau aussi, ça faisait sept. Les Sept Salopards. Un classique. Alan Jippey, Jeff Copey, Frankie Fillone, Bruno Themayor, John-Freddy Fish et Nattie KM s'étaient tous ligués contre lui et voulaient son étoile. Bref, être sherif à la place du sherif sachant que dans le Far West, il n'y a pas ni calife ni vizir.
Carlula, elle, ne sentait pas le vent du danger souffler sur ses pommettes saillantes grâce à la crème miraculeuse du Dr Tox, un charlatan itinérant prénommé Bo. Comme le cousin de Luke et Daisy Duke mais ceci est une autre histoire qui se passe plutôt en Géorgie, à plusieurs milliers de kilomètres à l'est. Fidèle au moins à elle-même (la fidélité n'étant pas globalement son fort, voir son escapade avec Ben Bioolay et Ridge Magger sur apreslapub.fr/poney), Carlula y croyait encore. Son Shark Ozzie était le plus beau du quartier, son lui à elle, son Raphaël et elle le soutiendrait d'amour jusqu'à la dernière minute dans une chanson triste, contre vents et marées, ce qui, nous sommes bien d'accord est assez bizarre en plein désert du Nouveau-Mexique. Ou de l'Arizona. Ou du Texas car on ne sait pas précisément où Chihuahuan se trouve si ce n'est à l'ouest du Pécos. Merci au juge Roy Bean pour ces précisions.
Des juges, c'est justement ce que Shark Ozzie ne souhaitait plus voir. Il avait déjà assez à faire avec le retour du revenant Alan Jippey. Jippey, le meilleur d'entre tous selon Jack Shayrak, leur maître à tous. Malgré des déboires judiciaires passés, Alan Jippey semblait tout près de pouvoir toucher l'étoile et ce n'était pas Jeff Copey, bien que décomplexé, ni Bruno Themayor, chantre du renouveau pas nouveau, ni Frankie Fillone et sa tête de croque-mort ni les autres qui semblaient pouvoir se mettre en travers de son chemin. Quant à Nattie KM, elle était K.O. Elle fumait beaucoup trop d'herbe à bison pour pouvoir rivaliser.
Il n'empêche que Shark Ozzie était mal. Au pied du mur. Celui de la terrible prison de Chihuahuan s'il n'arrivait pas à se sortir de ce bourbier. Ses adversaires le tenaient sous un feu nourri, ce qui ne remplaçait pas pour autant le chili. Shark Ozzie tentait de répliquer mais le cœur n'y était plus. Il n'avait plus cette gnaque, cette hargne, cette énergie qui forçait le respect chez lui. Ses épaules sautillaient à peine, il n'était même plus perclu de tics, c'est dire s'il n'allait pas bien.
Shark Ozzie tirait ses dernières cartouches et il le savait parfaitement. Mais la recrudescence des affaires autour de lui, celle de la tribu Karachee, de Lilly-Ann Bettenshort, de Bigmylion (ce cirque installé à Chihuahuan que Shark Ozzie avait ponctionné en créant un système de fausses factures pour toucher sa dime à chaque spectateur) avaient détruit sa crédibilité et il avait beau hurler son innocence, plus personne n'y croyait. Pas même lui. Ni Paul B. Smutt, un ami proche.
Shark savait que ce rendez-vous était un coup fourré mais il s'y était rendu. Enfin, rendu, pas littéralement. il n'avait pas encore les menottes aux mains mais c'était tout comme. Il ajusta son colt une dernière fois, tira vers Alan Jippey. Clic clic clic. Son arme était vide. C'était la fin des haricots mais pas ceux du chili au début de l'histoire, puisqu'on vous dit qu'ils sont tout ébouillés. Aucun respect pour les mojhettes.
Sentant sa fin venir et sa faim le tirailler toujours à cause de ce satané chili trop cuit, Shark Ozzie baissa les armes. C'en était fini de lui. Au revoir. Hasta la vista, baby. Blessé au plus profond de lui-même (entre son ego et ses talonnettes de 12), Shark mordit la poussière. Another one bites the dust, they are the champion et lui était under pressure. Restait à savoir lequel des six salopards resterait au final encore en lice. Mais question lisse, Alan Jippey avait une longue d'avance avec son luisant aéroport à mouches et ce, même si l'aviation en était à peine à ses premiers soubresauts avec Clément Ader et les frères Wright de l'autre côté de l'Atlantique. Loin, très loin de Chihuahuan et des problèmes de Shark Ozzie.
Pour retrouver tous les épisodes de La vie est un Western depuis "Duel au soleil" apreslapub.fr/article-36 , le premier opus en 2009, c'est par ici : la vie est un western