15 Novembre 2016
... Après l'Affaire Kara-Chee, l'affaire Lilly-Ann Bettenshort (voir le-tresor-de-la-vieja-madre), celle de BigMyLion (voir là mon-nom-est-bismuth) et la concurrence acharnée de Frankie Fillone, Alan Jippey et quelques autres traîtres pour obtenir l'étoile de sherif, son étoile à lui et rien qu'à lui, gniii, Shark Ozzie était déjà bien dans la mouise jusqu'au cou. Mais la récente révélation de ses liens sonnants et trébuchants avec Tak-Yee-Din, bras droit du terrible chef Indien Kah-Dafee risquait d'enfoncer Shark Ozzie encore un peu plus profond dans les sables mouvants du déshonneur et de le rapprocher irrémédiablement du cachot de la prison de Chihuahuan, ce qui n'était pas son but premier vu qu'il avait déjà goûté au rata servi le soir et il préférait éviter, ayant une digestion difficile.
Mais pourquoi sortait-il ainsi de l'ombre, cet insolent Tak-Yee-Din ? Shark Ozzie pensait avoir résolu le problème en faisant occire Kah-Dafee qui était malencontreusement tombé tête la première sur son tomahawk en sortant de son tipi pour satisfaire un besoin pressant et naturel. La tuile. Mais non. Son fantôme revenait le hanter. Du fond de sa tombe, le Guide Suprême lui courait sur le haricot et c'était fort désagréable. Shark Ozzie fut pris d'une crise de tics incontrôlable que remarqua Sidney, un esclave récemment affranchi. Sidney transforma les tics de Shark en pas de danse qu'il transmit à son fils Sidney qui le transmit à son tour à son fils Sidney qui en fit de même avec son fils Sidney et c'est ainsi qu'un soir du début des années 80 le Break Dance naquit. H.I.P H.O.P, Hey You, the Rock Steady Crew, I said a hip hop, the hippie, the hippie to the hip, hip hop and you don't stop a rock it to the bang bang boogie, say up, jump the boogie, to the rythm of the boogie, the beat.
Alors que venait faire Tak-Yee-Din en ville, lui qui avait été si grassement payé pour de si basses besognes pendant des années ? Pourquoi claironnait-il partout (oui, il avait fait un stage chez les Tuniques-Bleues mais l'uniforme le grattait de trop) que Shark Ozzie avait touché trois valises pleines de liasses de dollars ? Pourquoi tant de haine ? D'où vient le vent du désert qui refroidit si vite le café du bivouac ? Combien pour ce petit chien dans la vitrine ? Tant de questions se pressaient dans le cerveau bouillonnant de Shark qui gniii, trépignait et maugréait en même temps, ce qui prouve malgré tout qu'un homme, fut-il cowboy et de petite taille, peut tout à fait entreprendre deux choses à la fois.
Ce n'était plus un faisceau de preuves, c'était carrément un projecteur tungstène 2000 watts qui était désormais braqué sur lui sachant que nous n'en sommes pas à un anachronisme près dans cette série. Les preuves contre Shark s'accumulaient telles des mouches affamées sur les bouses fraîches d'un bétail encore gavé de l'herbe succulente des prairies verdoyantes. Shark accusait le coup, sonné mais pas encore K.O. Comment allait-il se sortir (une fois de plus) de ce mauvais pas ?
D'autant que la bouse ne lui était pas seulement réservée. Elle avait également éclaboussé sur son passage son fidèle adjoint Klaus Gayhand, le desperado onaniste d'origine germanique amateur d'art hollandais (voir dans il-etait-une-fois-dans-la-banlieue-ouest, dans pour-une-poignee-de-connards et viva-la-collusion) et le jeune Boris "Boy" Lion (voir là raging-boi), revenu d'on ne sait où tellement on avait oublié son existence tellement il est insignifiant tellement je préfère partir ça plutôt que d'entendre ça plutôt que d'être sourd.
Les fidèles de Shark tombaient les uns après les autres. Sateen Morendo ne pouvait plus le sentir, Freddy Lefourbvre s'était acheté une conscience, Pat Balcony n'était plus que l'ombre de lui-même avant d'être un jour peut-être à l'ombre tout court, Jack Shayrak n'avait pas bonne mine mais le bruit et l'odeur de Chihuahuan l'avait toujours dérangé et Charlie "Gold Digger" Paskwa avait passé depuis longtemps l'arme à gauche. Et pourtant, à gauche, c'était pas son genre. Ne lui restait plus que Bryce Hurtafew, Carlula Belluni et Chris E. Strosi, qui, on ne le sait que trop peu, servit de modèle et de référence à l'une des figures les plus célèbres du western américain : Rantanplan. Avec ces bras cassés, Shark n'était plus vraiment armé pour l'attaque.
Par mesure de précaution, Shark préféra s'éclipser discrètement de Chihuahuan à la nuit tombée, non pas parce qu'on est moins visible à ce moment là mais uniquement parce que son cheval est trop grand et qu'il met des heures à monter dessus. S'il n'était déjà pas gâté verticalement parlant, ces dernières révélations confirmaient que Shark Ozzie n'était vraiment qu'un tout petit personnage.